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Chapitre troisième : RESULTATS ET DISCUSSIONS

3.1.      Enquête des ménages

3.1.1.         Caractéristiques des ménages enquêtés

3.1.1.1.    Identification des enquêtés

Les informations générales du chef de ménage ou son répondant dans deux bassins versants sont présentées dans le tableau 3 ci-dessous.

Tableau 3. Identification des ménages

Facteurs

Modalité

Musheke

Mwiri

Moyenne

Signification

%

%

%

Seuil (.05)

Sexe

Masculin

43,3

55,6

49,5

NS

Féminin

56,7

44,4

50,6

NS

Ages

Ë‚18ans

0

2,2

2,2

NS

18ans-36ans

52,2

54,4

53,3

NS

37ans-50ans

16,7

18,9

17,8

NS

˃50 ans

31,1

24,4

27,8

NS

Situation matrimoniale

Marié

88,9

85,6

87,3

NS

Divorcé

0

0

0

 

Veuf (ve)

7,8

5,6

6,7

NS

Célibataire

3,3

5,6

4,5

NS

Polygame

0

3,3

1,7

NS

Niveau d'étude

Analphabétisme

37,8

47,8

42,8

NS

Cercle d'alphabétisation

1,1

1,1

1,1

NS

Primaire

33,3

27,8

30,6

NS

Secondaire

27,8

23,3

25,6

NS

Universitaire

0

0

0

 

Il ressort des résultats du tableau 2 que la majorité des enquêtés étaient constitués en moyenne des femmes (50,6%). Cela s’explique par le fait que ce sont les femmes qui s’occupent plus des activités agricoles. A Idjwi, les femmes font la plupart du travail dans les champs et, pour deux-tiers d'entre elles, il s'agit de leur occupation principale (Thomson et al, 2011) 

La majorité des répondants dans les deux bassins versants étaient des adultes dont l’âge varie entre 18 ans et 50 ans pour plus de 80%. Ceci se justifie du fait que cette enquête avait comme cibles, des répondants qui pratiquent l’agriculture comme activité génératrice de revenu dans les ménages.   La situation matrimoniale est dominée par de marié (87%). Le niveau d’étude reste dominé par des répondants analphabètes (42,8%) suivit des ceux possédant un niveau d’étude primaire (30,6%). Selon Thomson (2011) les frais de scolarité sont un obstacle majeur à la recherche de l'éducation à Idjwi. La province du Sud-Kivu en générale présente un faible taux net de scolarisation du primaire de 53,3% (PNUD, 2009).

3.1.1.2.    Activités au sein du ménage

Le tableau 4 identifie les ménages en fonction de leurs importantes activités en considérant le temps et le revenu

Tableau 4.a. Activités des ménages en considérant le temps

Activités (%)

Musheke

Mwiri

1ère

2ème

3ème

1ère

2ème

3ème

Agriculture

84,4

13,3

2,2

95,6

4,4

0,0

Elevage

1,1

38,9

25,6

0

38,9

13,3

Petit commerce

1,1

22,2

6,7

1,1

8,9

2,2

Travail salarié

10

4,4

0

1,1

3,3

0

Artisanat

2,2

0

0

1,1

0

0

Exploitant forestier

0

0

0

0

5,6

0

Exploitant minier

0

0

0

0

2,2

0

Main d'œuvre agricole

0

3,3

1,1

0

4,4

3,3

Chef de quartier ou coutumier

0

1,1

0

0

0

0

Pasteur ou Evangéliste d'église

1,1

0

1,1

1,1

 0

0

Pêcheur

0

0

0

0

1,1

1,1

Prestataire de service

0

1,1

0

0

0

0

Maçon

0

1,1

1,1

0

2,2

0

Autres (Apiculture, Tanneur, Motard……)

0

1,1

0

0

0

0

Tableau 4.b. Activités des ménages en considérant le revenu

Activités (%)

Musheke

Mwiri

1ère

2ème

3ème

1ère

2ème

3ème

Agriculture

84,4

13,3

2,2

93,3

6,7

0

Elevage

1,1

42,2

23,3

1,1

38,9

12,2

Petit commerce

1,1

20,0

7,8

2,2

6,7

2,2

Travail salarié

10,0

4,4

0

1,1

3,3

0

Artisanat

1,1

0

0

0

0

0

Exploitant forestier

0

0

0

1,1

0

0

Exploitant minier

0

0

0

0,0

2,2

0

Main d'œuvre agricole

0

0

0

4,4

4,4

0

Chef de quartier ou coutumier

0

0

0

0

0

0

Pasteur ou Evangéliste d'église

0

0

1,1

0

0

0

Pêcheur

0

0

0

0

1,1

1,1

Prestataire de service

0

1,1

0

0

0

0

Maçon

0

1,1

1,1

0

2,2

0

Autres (Apiculture, Tanneur, Motard……)

0

0

1,1

0

0

0

Il ressort des résultats du tableau 4.a que l’activité qui prend la grande partie du temps des enquêtés dans ces deux BV d’Idjwi est l’agriculture,  soit 84,4% dans le BV Musheke et 95% dans celui de Mwiri. Ceci s’explique par le fait que l’agriculture vivrière est pratiquée par la quasi-totalité de la population d’Idjwi. L’élevage et le petit commerce viennent en deuxième position. Le petit commerce concerne les produits agricoles ainsi que certains produits manufacturés venus d’autres Territoires et principalement des villes voisines du Rwanda et de Bukavu. La pêche demeure au stade artisanal compte tenu de techniques utilisées, l’élevage du petit bétail et de la volaille y sont plus pratiqués (CAID, 2015).

De même, il ressort du tableau 4.b que l’activité qui apporte plus de revenu aux ménages agricole dans les deux BV Idjwi selon les répondants est l’agriculture, soit 84,4% dans le BV Musheke et 93,3% dans  celui de Mwiri. Comme pour le temps, l’élevage et le petit commerce viennent en second lieu dans les deux bassins versants. Aussi, une troisième activité génératrice des revenus est réservée à une frange des ménages et cela se remarque plus à Mwiri où plus 80% des ménages n’ont pas de troisième activité.   

Ces résultats ne s’éloignent pas de ceux présentés par le PNUD en 2009, qui montraient que l’économie du Sud Kivu en général était essentiellement tournée vers l’agriculture, l’élevage, le commerce et les services et que l'agriculture était l'activité dont la contribution relative au revenu global des ménages était la plus importante. Ndonda (2009) avait aussi montré qu’au Sud et Nord Kivu, deux autres activités domineraient après l'agriculture ; il s’agit du petit commerce et le travail journalier (notamment la main d’œuvre agricole et le travail salarié).

La reprise des échanges et du commerce (55% des ménages vivraient de cette activité) a amélioré les revenus des ménages à Idjwi. Aussi, 74% des ménages déclarent cultiver car l’île est relativement sécurisée (Rapport FSMS/PAM, 2011).

3.1.2.             Le système de production agricole

Le système des productions étant perçu comme l’ensemble structuré des moyens de production (travail, capital, terre) combinés entre eux pour assurer une production végétale et/ou animal en vue de satisfaire les objectifs et les besoins de l’exploitant (Jouve, 1984). C’est ce qui sera analysé dans les paragraphes ci-dessous, pour les deux bassins versants enquêtés.

3.1.2.1.        Caractérisation de la parcelle du ménage

Les différentes caractéristiques des parcelles des ménages sont présentées au tableau 5 ci-dessous.

Tableau 5. Caractéristiques des parcelles des ménages enquêtés

Facteurs

Modalité

Musheke

Mwiri

Moyenne

Signification

%

%

%

Seuil (.05)

Superficie des champs

Ë‚0,5ha

46,7

57,8

52,3

NS

0,5-1ha

32,2

27,8

30

NS

˃1ha-5ha

20

13,3

16,7

NS

˃5ha

1,1

1,1

1,1

NS

Localisation de la parcelle

Sommet de colline

1,1

0

        0,6

NS

Plateau

1,1

0

0,6

NS

Flanc de la colline

94,4

85,6

90

NS

Bas de la colline

2,2

12,2

7,2

*

Bas fond

1,1

2,2

1,7

NS

Mode de tenir

Propriétaire

93,3

96,7

95

NS

Location

4,4

1,1

2,8

NS

Affectée

2,2

2,2

2,2

NS

Mise en culture depuis

1-9ans

10

10

10

NS

10ans-25ans

5,6

1,1

3,4

NS

26ans-50ans

14,4

5,6

10

*

51-100ans

70

83,3

76,7

NS

Exploité par l’enquêté depuis

1-9ans

43,3

51,1

47,2

NS

10ans-25ans

34,4

30

32,2

NS

26ans-50ans

17,8

17,8

17,8

NS

51-100ans

4,4

1,1

2,8

NS

Les résultats du tableau 5 ci-haut montres qu’en moyenne la majorité des répondants ont une superficie des champs inférieurs à 0,5ha (52,3%) suivirent des parcelles comprises entre 0,5ha et 1ha. Le morcellement des terres arables par le chef du ménage qui doit, à sa mort, partager ses terres à ses enfants, l’héritage étant le mode d’accès à la terre le plus majoritaire peuvent expliquer cette situation à Idjwi. Mais aussi, par ce que les grandes étendues sont entre les mains des communautés religieuses, des chefs coutumiers et les grands patrons du milieu au détriment de petits paysans. Selon la CAID (2015) une bonne partie du Territoire d’Idjwi serait occupée par des plantations privées de quelques concessionnaires individuels.

Concernant la localisation des parcelles la majorité des enquêtés ont des champs se trouvant sur le flanc de colline en moyenne 90%. Ce Territoire est l’un  des Territoires montagneux du Sud-Kivu et dont la majorité de leurs champs se trouve sur une pente. Selon le rapport de mission inter agences du Sud Kivu publié en juin 2010, cette région est montagneuse ce qui explique la fréquence des érosions et autres calamités naturelles qui augmentent la vulnérabilité de certains ménages.

Les ménages possèdent en moyenne un champ (95%), les cultivent depuis plus de cinq décennies (76,7%) et sont des jeunes exploitants qui ont récemment acquis leurs champs dont l’âge d’exploitation est inférieur à 10 ans (47,2%). On remarque que peu des enquêtés prennent en location un champ. En effet la majorité des ménages sont  originaires du Territoire et ont acquis leurs parcelles et champs par héritage du faite qu’à Idjwi les terres sont sous régime foncier héréditaire. C’est-à-dire qu’à la mort du chef de famille, la concession est partagée entre ses fils. Il en résulte un morcellement de cette concession de génération en génération. Cela entraine une exploitation des terres inappropriées pour les activités agricoles.      

3.1.2.2.        Main d’œuvre

 La quantité de main d’œuvre utilisées pour les travaux du champ sont présentées dans le tableau 6a et 6b ci-dessous.

Tableau 6.a.  Quantité de la main d'œuvre familiale

Modalité

Musheke

Mwiri

(moyenne)

(moyenne)

Adultes

2

2

Enfants

0,63

0,68

Enfants˂15ans

0,47

0,53

Total

3,1

3,21

Tableau 6b. Quantité de main d’œuvre non familiale par type d’activité

Activités

BV Musheke

BV Mwiri

Adoptants

Nombre hoes/jour

Adoptants

Nombre hoes/jour

(%)

(Moyenne)

(%)

(Moyenne)

Labour

50

5,2

38,9

3,4

Semi ou plantation

42,2

5,1

38,9

3,3

Sarclage

11,4

4

12,6

2,1

Récolte

9,8

2,1

10,1

0,5

Il ressort du tableau 6a que les enquêtés utilisent en moyenne 2 personnes adultes comme main d’œuvre familiale et un enfant dans chacun de deux bassins versants. Ces sont les deux parents qui s’occupent en plein temps du champ, les enfants participent les plus souvent pendant les périodes des vacances.    

Le tableau 6b montre que les répondants du BV Musheke utilisent plus la main d’œuvre non familiale pour les activités de labour, soit 50% d’adoptants contre 38,9% dans Mwiri. Avec en moyenne cinq (Musheke) hommes et trois hommes (Mwiri) engagés pour effectuer cette activité et le Semis, soit 42,2% d’adoptants contre 38,9% dans Mwiri. Avec en moyenne cinq (Musheke) hommes et trois (Mwiri) hommes sont engagés dans Mwiri. Ce faible pourcentage d’adoptants de main d’œuvre non familiale peut s’expliquer par la faible superficie du champ appartenant au ménage mais aussi par le manque des moyens financiers. La quantité de la main d’œuvre non familiale est plus élevée lors du labour et de semis étant donné que les ménages sont obligés à respecter le calendrier agricole pour ne pas subir des pertes. 

3.1.3.     Les cultures et les pratiques agricoles

Le tableau 7 présente les principales cultures cultivées dans les deux bassins versants ainsi que leurs finalités.

Tableau 7.  Finalité des cultures adoptées par les ménages de deux bassins versants de cette aire d’étude

Cultures

Musheke

Mwiri

Moyenne

Signification (χ2)

Autoc

Rente

Autoc

Rente

Autoc

Rente

Autoc

Rente

Bananier (%)

27,8

16,7

16,7

6,7

22,3

11,7

NS

*

Manioc (%)

80

56,7

94,4

66,7

87,2

61,7

NS

NS

Mais (%)

80

27,8

83,3

17,8

81,7

22,8

NS

NS

Haricot (%)

80

24,4

95,6

24,4

87,8

24,4

NS

NS

Patate douce (%)

65,6

22,2

85,6

28,9

75,6

25,6

NS

NS

Taro (%)

14,4

2,2

27,8

1,1

21,1

1,7

*

NS

Caféier (%)

1,1

8,9

2,2

14,4

1,7

11,7

NS

NS

Igname (%)

7,8

0

11,1

2,2

9,5

1,1

NS

NS

Maraichère (%)

2,2

1,1

4,4

2,2

3,3

1,7

NS

NS

Soja (%)

47,8

28,9

28,9

13,3

38,4

21,1

*

*

Arachide (%)

28,9

23,3

22,2

11,1

25,6

17,2

NS

*

Ananas (%)

7,8

7,8

2,2

1,1

5

4,5

NS

*

NS : différence non significative ; * : différence significative

Il ressort de ce tableau 7 que les principales cultures adoptées pour l’autoconsommation des ménages  dans les deux bassins versants sont le haricot (87,8%), le Manioc (87,2%), le maïs (81,7%) et la patate douce (75,6%). Le test χ2 effectué indique qu’il n’y a pas des différences significatives entre les pourcentages des ménages qui adoptent les cultures pour l’autoconsommation, à part le cas de deux cultures (Taro et Soja) où on remarque que le taro est beaucoup plus adopté dans le BV Mwiri pour l’autoconsommation et la culture du soja est adoptée dans le BV de Musheke pour l’autoconsommation. Pour la rente, le manioc (61,7%) occupe la première place de loin devant le bananier (11,7%). Jadis la première culture de rente pour le petit paysan, à part le caféier et le quinquina qui sont cultivés par les grands concessionnaires, il y  a environs 10 ans que les  populations de l’île d’Idjwi ont commencé à observer dans certains villages leurs bananiers être décimés par les maladies(Kidogos, 2012) C’est ainsi que la petite quantité produite est subdivisée entre l’autoconsommation et la commercialisation, mais par le test de khi-deux, on observe qu’il y a une différence significative entre les pourcentages des ménages qui adoptent le bananier dans les deux bassins versants. Dans le BV Musheke beaucoup des ménages l’adoptent pour la rente, alors que dans celui de Mwiri, c’est seulement une faible proportion des ménages qui l’adoptent pour la rente. De même, des différences significatives sont observées  sur les pourcentages des ménages qui adoptent les cultures de soja, d’arachide et d’ananas pour la rente.

Le tableau 8 présente en résumé, les principales pratiques culturales adoptées  par les ménages enquêtés dans les deux bassins versants d’Idjwi.

Tableau 8. Les pratiques culturales des ménages d’Idjwi

Activités

Pratiques

Musheke

Mwiri

Moyenne

Signification

Amendement (%)

Engrais chimique

6,7

10

8,4

NS

Fumier

34,4

23,3

28,4

NS

Compost

50

34,4

42,2

NS

Résidus de culture

75,6

81,1

78,4

NS

Déchets ménagers

78,9

81,1

80

NS

Paillage

6,7

6,7

6,7

NS

Préparation du sol pour le semis (%)

Labour Profond

40

32,2

36,1

NS

Labour Superficiel

65,6

76,7

71,2

NS

Labour Minimum

3,3

2,2

2,3

NS

Semis direct

1,1

0

0,6

NS

Les travaux d’entretien du sol (%)

Sarclage

97,8

98,9

98,4

NS

Buttage

6,7

7,8

7,3

NS

Billonnage

2,2

0

1,1

NS

Gestion des résidus de culture (%)

Maintenu à la surface du sol

80

73,3

76,7

NS

Enfoui dans le sol

25,6

33,3

29,5

NS

Exporté et brulé

30

41,1

35,6

NS

Exporté et composté

47,8

41,1

44,5

NS

Association (%)

95,6

100

97,8

NS

Succession des cultures (%)

37,8

13,3

25,6

*

Il ressort de résultats du tableau 8 que pour la pratique d’amendements, les ménages adoptent beaucoup plus l’application des déchets ménagers (80%) et des résidus de cultures (78,4%). Le compostage et l’application du fumier sont aussi adoptés par les ménages de ces deux bassins  mais en faibles proportions comparées à ces deux premières pratiques. Par contre, l’application de l’engrais minéral ainsi que la pratique du paillage sont très faiblement adoptées. Les raisons avancés sont essentiellement le manque des lieux d’approvisionnement pour les engrais minéraux, mais aussi le manque de formation pour leur meilleure utilisation. Pour le paillage, c’est beaucoup plus le manque des matériaux et les moyens financiers pour s’en procurer.   

Les travaux de préparation du sol adoptés concernent beaucoup plus le  labour superficiel (71,15% en moyenne) et faiblement le labour profond (36,1%). Par contre, le labour minimum ainsi que le semis direct sont des pratiques quasi inexistantes dans les deux bassins.

Les ménages enquêtés adoptent en majorité le sarclage manuel (98,4%), comme mode d’entretien du sol. Le buttage et le billonnage sont  adoptés seulement pour certaines cultures (racines et tubercules) et par une très faible proportion des ménages dans les deux bassins.

Pour la gestion des résidus des récoltes, les ménages enquêtés adoptent en grande majorité l’option de les maintenir à la surface du sol (76,7%) que de les enfouir dans le sol. Il s'agit souvent des tiges de maïs laissées sur pieds, des fanes d'arachides abandonnées, des déchets d’haricot...qui assurent un paillage du sol et le protègent de la forte insolation de saison sèche et des effets néfastes du ruissellement. Certaines tiges servent de tuteur aux ignames plantées plus tard (Roose, 1994).

L'enfouissement des résidus de culture ou ce qu'il en reste au début de la saison des pluies (moins de 10 %) ne suffit pas, d'autant plus que ces résidus sont valorisés ailleurs par le bétail ou l'artisanat. L'enfouissement de pailles grossières ou d'engrais vert "excite", l'activité microbienne pendant quelques mois et accélère en définitive la minéralisation des réserves d'humus stable (Chopart, 1980).

Par ailleurs, une bonne proportion des ménages adoptent l’exportation pour compostage et le brûlage de ces résidus de récolte (44,5% et 35,6% respectivement).

L’association des cultures (97%) est la pratique la plus courante au sein de ces deux bassins versants. A cause des faibles superficies possédées par les ménages, l’adoption de la monoculture est de plus en plus abandonnée au profit de l’association de plusieurs cultures. Malheureusement, cette association est non raisonnée pour la plus part de fois et elle pourrait plus contribuer à l’épuisement des terres étant donné que les sols sont exploitées chaque saison sans observer une période de repos. Par ailleurs, la succession des cultures que les ménages appellent communément la rotation des cultures (25,6%) est faiblement adoptée par les ménages de ces deux bassins versants et, moins encore dans celui de Mwiri où ce sont seulement un peu plus de 13% des ménages qui l’adoptent. En effet, le test χ2 montre une différence significative entre les proportions des ménages qui l’adoptent beaucoup plus à Musheke qu’à Mwiri.    

3.1.4.     Evaluation de l’état de fertilité des champs des ménages enquêtés

L’état de dégradation des terres exploitées est évalué à l’aide des perceptions des enquêtés et dont les résultats sont résumés au tableau 9 ci-dessous.

Tableau 9. Etat général de la parcelle

Etat de la parcelle (%)

Musheke

Mwiri

Moyenne

Signification

Faiblement dégradée

35,6

24,4

30

NS

Moyennement dégradée

31,1

41,1

36,1

NS

Dégradée

27,8

25,6

26,7

NS

Très dégradée

5,6

8,9

7,2

NS

Total général

100

100

100

Il ressort du tableau 9, selon la perception des enquêtés qu’en moyenne les parcelles sont moyennement (36,1%) et faiblement (30%) dégradées. Par ailleurs, dans plus de 33% des cas, les ménages au sein de ces deux bassins versants perçoivent que leurs sols sont dégradés (26,7%) et très dégradés (7,2%). En effet, le test effectué ne montre aucune différence significative entre les pourcentages sur les différents états de dégradation dans les deux bassins versants.   

Aussi, les résultats sur les différents types de dégradation selon toujours la perception des ménages enquêtés sont résumés au tableau 10 ci-dessous.

Tableau 10. Types de dégradation

Types dégradation

Musheke

Mwiri

Moyenne

%

%

%

Erosion

58,9

72,2

65,6

Epuisement

23,3

14,4

18,9

Compactage

24,4

12,2

18,3

Perte de la MO

23,3

24,4

23,9

Autres

1,1

1,1

1,1

Il ressort du tableau 10 que l’érosion (65,6%) est le principal type de dégradation des sols dans les bassins versants selon la perception paysanne. Elle est suivie par la perte de la matière organique (23,9%). D’autres types sont aussi identifiés comme l’épuisement du sol et le compactage, mais ils ne sont pas mentionnés par beaucoup des répondants dans les deux bassins versants comme pour le cas de deux premiers types.  En effet, l’érosion hydrique est la forme principale de dégradation au niveau mondial; plus de 83% des terres sont affectées et surviennent ensuite l’épuisement de sol due à la perte des nutriments et suite à la surexploitation de sol et à l’insuffisance de la fertilisation (dégradation chimique). La dégradation physique (le compactage) n'a que très peu d'incidence; seuls 5% des terres sont affectée au niveau mondial (Oldeman et al, 1991).  

Le ruissellement et l'érosion peuvent avoir une influence néfaste immédiate sur les rendements des cultures en place. Ils peuvent aussi modifier progressivement les caractéristiques physiques, chimiques et biologiques du sol (par érosion sélective des éléments les plus fertiles) et réduire les potentialités à long terme de certains sols, en particulier des sols peu épais (faible capacité de stockage de l'eau et des engrais) et des sols forestiers (dont la fertilité et les activités biologiques sont concentrées dans les horizons superficiels) (Roose, 1994).

Les principaux signes de dégradation par érosion hydrique sont résumés  au tableau 11 ci-dessous

Tableau 11. Signes de dégradation

Signes de dégradation (%)

Musheke

Mwiri

Moyenne

Signification

Perte de la matière organique

25,5

27,8

26,7

NS

Dégâts par ensevelissement des cultures

17,8

13,3

15,6

NS

Dégâts par arrachage des cultures

40

62,2

51,1

*

Gène pour travail du sol

22,2

21,1

21,7

NS

Diminution de la couche arable

25,5

31,1

28,3

NS

Présence des rigoles

13,3

7,8

10,6

NS

Présence des ravines

27,7

51,1

39,4

*

Affleurement des pierres

6,7

12,2

9,5

NS

Perte de fertilité

28,9

32,2

30,6

NS

Autres

2,2

0

1,1

NS

Il résulte du tableau 11 que l’arrachage des cultures (51,1%) est le signe de dégradation par érosion hydrique le plus visible dans les champs des ménages enquêtés au sein de deux bassins versants. La présence des ravines (39,4%), la perte de fertilité (30,6%) ainsi que la diminution de la couche arable (28,3%) sont les autres principaux signes de dégradation observés par les ménages enquêtés dans les deux bassins versants. Par ailleurs, le test χ2 effectué, montre qu’il existe une différence significative entre les pourcentages de certains signes, notamment la présence des ravines et l’arrachage des cultures qui sont beaucoup plus remarqué dans le BV de Mwiri que celui de Musheke.  

Par contre, on remarque que les rigoles ne sont pas mentionnées parmi les principaux signes de l’érosion hydrique. En effet, étant des signes temporaires et qui sont rapidement effaçables par les travaux d’entretien, les ménages agricoles ignorent leurs effets.

A long terme, l'érosion hydrique se traduit par des pertes des couches arables, la réduction du volume de sol exploitable par les racines et la réserve utile en eau pour des sols peu profonds, la baisse de rendement suite à la perte de la matière organique (Mutiviti, 2011). 

Enfin, les résultats sur les principales causes de l’érosion hydrique, selon toujours la perception des ménages enquêtés, sont résumés dans le tableau 12 ci-dessous.

Tableau 12. Principales causes de l’érosion hydrique dans les deux bassins versants

Causes de l'érosion

Musheke

Mwiri

Moyenne

Signification

%

%

%

Pluies intenses

85,6

88,9

87,3

NS

Pente

45,5

37,8

41,7

NS

Ruissellement

32,2

47,7

40

NS

Sol

15,6

13,3

14,5

NS

Cultures

3,3

2,2

2,8

NS

Pratiques

3,3

0

1,7

NS

Du tableau 12, il ressort que les pluies intenses (87,3%) constituent la principale cause de l’érosion hydrique dans les bassins versants. La présence de la pente (41,7%) (Par son degré et sa longueur sans doute) et le ruissellement (40%) viennent en seconde position comme principales causes de l’érosion hydrique selon la perception des ménages enquêtés. Comme pour les rigoles, seul un petit nombre des ménages enquêtés ont mentionné que les cultures (2,8%) et les pratiques (1,7%) sont des causes d’érosion. En effet, à cause d’un faible niveau d’instruction rencontré dans cette zone d’étude, les ménages enquêtés n’ont pas une meilleure connaissance des exportations faites par les cultures, ni le rôle du couvert végétal qui peut réduire sensiblement les impacts des gouttes de pluies sur le sol, réduire aussi la vitesse du ruissellement en permettant une infiltration de l’eau dans le sol. De même, les pratiques, si elles sont mal conduites peuvent favoriser l’érosion, surtout sur des terrains à risque d’érosions (terrains en pente particulièrement).

En effet, il est vrai que l’érosion hydrique tire son origine par la forte pluie et est favorisée par certains types des  sols, dont les argilo-sableux qui, lorsque la quantité d’eau engorge dans le sol est grande ces sols ne résistent pas et l’eau va finir par ruisseler en emportant avec elle la terre.  Dans une étude, le PNUD (2009) a montré que l’érosion et le ruissellement sont des phénomènes complexes du fait que l’ampleur du ruissellement et du transport de particules de terre dépendent d’une multitude de facteurs et d’interactions dont les types de cultures, les techniques de travail du sol, la nature du sol et de la roche-mère, etc. Impact des cultures et pratiques sur l’érosion.

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