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Chapitre deuxième : MILIEU ET METHODES

2.1.    Milieu

Cette étude a été effectuée dans le Territoire d’Idjwi précisément dans deux bassins versants des rivières Musheke vers le sud et Mwiri vers le nord (Fig.1).

Figure 1. Carte administrative du Territoire d’Idjwi avec la localisation des bassins versants des rivières Musheke (BV1) et Mwiri (BV2) (Monusco, 2012).

Le Territoire d’Idjwi est situé au milieu du lac Kivu à mi-chemin entre la ville de Bukavu et celle de Goma. Il est limité au Nord par la ville de Goma, au Sud par le Rwanda et le Territoire de Kabare, à l’Est par le Rwanda, à l’Ouest par les Territoires de Kabare et de Kalehe (CAID, 2015).

Les coordonnées géographiques placent l’île d’Idjwi entre 1°56’ et 2°8’ de latitude Ouest et entre 28°56’ et 29°5’de longitude Est.

Le Territoire d’Idjwi est subdivisé en deux chefferies : la chefferie de Ntambuka au Sud, communément appelée «Idjwi Sud» et la chefferie de Rubenga au Nord, dit «Idjwi Nord». Elle couvre une superficie de 680km2 soit 1/9 de toute l'étendue du lac (CAID, 2015) dont 310 km2 des terres émergées et 370 km2 des eaux territoriales.

Le niveau d’éducation du Territoire est constitué de plus de la moitié des femmes qui ne sont jamais allées à l'école soit 40% déclarées être totalement illettrées. Les femmes restent à l'école pour seulement six ans, en moyenne. Les frais de scolarité sont un obstacle majeur à la recherche de l'éducation (Thomson et al, 2011).

Cette région est très montagneuse, plusieurs endroits sont constitués de roches qui  ne sont pas propices aux activités agricoles. Sa démographie est estimée à 252 000 habitants avec une densité de 812 hab/km2 (Rapport du Territoire d’Idjwi, 2012).  

Le Territoire connait un climat tempéré doux et humide avec l’intermittence de deux saisons à savoir : la saison de pluie qui s’étend sur neuf mois environ (de Septembre à Mai) et la saison sèche qui prend pratiquement 4 mois (de Mai jusqu’en Août). Les températures moyennes annuelles oscillent autour de 17°C pendant la période la plus froide en saison de pluie et 30° au moment le plus chaud, en saison sèche (CAID, 2015).

L’hydrographie du Territoire est constituée du lac Kivu et ces cours d’eaux. Parmi les principaux cours d’eaux on trouve : la rivière Tama, Musheke, Kirheme, Cikoma, Mwiri, Kimalamungo, Kisheke, Bikangi, Kishenyi, Yaruhogoma, Bwina et Bukole.

Le sol est en générale sablo argileux au Nord et un peu argileux sablonneux au Sud, fertile pour toutes les cultures non seulement sur exploité mais aussi mal reparti par le fait que les grandes concessions appartiennent à la Plantation BISENGIMANA, les paroisses et les familles royales (Grille d’Analyse d’Idjwi,2011)

Avec une altitude moyenne de 1700 m, le Territoire d’Idjwi reste dominé par un relief montagneux dont les monts Muganzo au centre Nord (1.829m d’altitude) et surtout Nyamusisi au centre de l’île, qui a le plus haut sommet avec 2300m d’altitude.

2.1.      Méthodes

Ce travail fait partie intégrante  d’une vaste étude sur l’évaluation de la dégradation des sols par l’érosion hydrique dans le Kivu montagneux à l’Est de la RDC portant sur un ensemble de 8 bassins versants (BV) répartis deux à deux par Territoire au Sud-Kivu montagneux. Il s’agit des Territoires de Kalehe, de Kabare, de Walungu et d’Idjwi. Le  BV des rivières Musheke et Mwiri situés respectivement au Sud et au Nord du Territoire d’Idjwi constituent notre aire d’étude.

A l’aide des logiciels Arc hydro et Arc GIS, les deux BV, à l’instar des huit autres,  ont été localisés et délimité au sein du Territoire. La topographie des champs ainsi que la proportion d’activité agricole dans le BV ont fortement influencé le choix d’un BV plutôt que de l’autre au sein d’un même Territoire.

Cette étude s’est réalisée en deux étapes :

  • Les enquêtes des ménages à l’aide d’un questionnaire d’enquête (voir annexe). Un échantillon des 180 ménages a été prélevé pour cette étude.
  • La mesure du taux d’érosion sur terrain à l’aide d’une fiche technique de collecte des données (voir annexe). Un échantillon remanié a été prélevé dans chacune des 30 parcelles choisis par un tirage sans remise pour cette mesure d’érosions.  .

2.1.1.     Enquêtes des ménages

L’enquête proprement dit a été précédée par un test du questionnaire qui a eu lieu le 17 Septembre 2016 dans le Territoire de Kabare. Un questionnaire d’enquête a été administré suivis d’une interview guidée auprès de 180 ménages en raison de 90 ménages par bassin versant et dont l’agriculture fait partie des activités du ménage.

L’échantillonnage en grappe a été utilisé pour la répartition des 90 ménages sur l’étendue de chacun des deux BV et cela à deux niveaux :

  • Un premier tirage des localités se trouvant dans le BV est préalablement conditionné par la topographie et sa grandeur qu’il occupe dans le BV. Ces localités étaient identifiées à l’aide des autorités administratives du Territoire ;
  • Un second tirage de différents ménages dans chaque localité tel que conditionné par la possession d’un champ au sein du BV et sa localisation sur le flanc de la colline. Ces ménages étaient pris aléatoirement sous guide des chefs des localités.

Le tableau 2 ci-dessous montre la répartition des 180 ménages par localité dans le deux bassins versants.

Tableau 2. Répartition des ménages enquêtés par localité dans le bassin versant

Bassin versant

Localités

Nombres ménages

Musheke

Bulegeyi

15

Bushovu

15

Kigera

15

Kihumba

10

Kimomo

15

Rambo

20

Mwiri

Chamahiri

45

Chasi

45

Total général

180

Le nombre de ménages prise en compte dans chaque localité était dicté par la grandeur et l’occupation des localités des chaque BV. Mais, on notera que dans le BV Mwiri qui est occupé en grande majorité par la forêt Nyamusisi, seules deux grandes localités ont été choisies.

Le questionnaire a été élaboré partant des 5 paramètres. Il s’agit de :

  • Caractérisation des enquêtés
  • Accessibilité aux moyens de production ;
  • Les types des cultures et pratiques culturales ;
  • Caractérisation des parcelles des enquêtés ;
  • Connaissance et application des techniques de LAE par les répondants.

2.1.2.     L’évaluation du taux d’érosion  dans les champs

Cette évaluation concernait un seul BV en raison  de la contrainte financière et a été réalisée en février pendant quatre jours. Le choix du dit BV étant dicté par la représentativité des caractéristiques édaphiques du Territoire. Ainsi, le BV Musheke, doté d’un sol contenant un taux élevé d’élément grossier au Nord et en bas contenant un taux élevé en élément fin au Sud, a été choisi pour cette fin. Aussi, sur les 90 ménages qui ont fait l’objet d’enquêtés, seuls 30 ménages ont été choisis pour cette évaluation. Le choix de ces 30 parcelles fut dicté par la topographie du champ et par un tirage aléatoire sans remise. Pour les ménages choisis exploitant plus de deux parcelles dans le BV, le degré de la pente et sa longueur permettait de les dispatchers.

L’évaluation du potentiel érosif avait pour finalité la détermination du volume de terre qui fut  amputé au sol et qui concerne l’érosion actuelle observée grâce à la présence des rigoles.

Afin de calculer la quantité des sols érodés, il était nécessaire de mesurer la profondeur, la largeur et la longueur de la rigole. Le volume total de terres érodées sur la zone affectée été calculé dans Excel. Ce volume exprimé en cm3 a été converti en millimètre grâce à une macro exécutée dans Excel qui à son tour était converti en tonnes par hectare. En sachant que la densité apparente standard de valeur 1,3g/cm3 qui, à 1mm de sol perdu  associe une masse équivalente de 12 à 15t/ha (Dautrebande et al, 2006).

 Pour cette évaluation des terres érodées, les mesures suivantes ont été effectuées dans les parcelles agricoles :

  • La superficie de la parcelle occupée par les cultures, les coordonnées GPS des limites de la parcelle et la mesure de la pente grâce aux coordonnées UTM converties à l’aide d’un GPS. 
  • Les observations en amont et en aval de la parcelle pour identifier la provenance de l’érosion ou si elle provient de ladite parcelle concernée par la prise des mesures;
  • La subdivision du champ en plot selon la diversité des modes d’exploitation du champ (cultures et pratiques) et en déterminant chaque fois la zone affectée par l’érosion hydrique. Les mesures des incisions ont été effectuées dans cette zone affectée ainsi déterminée ;
  • La caractérisation de l’état de la parcelle en lien avec la conservation du sol a été faite pour vérifier l’existence ou non des ouvrages antiérosifs ainsi que de leur état;
  • En fin,  la méthode des transects perpendiculaires à la pente a été utilisée pour la mesure des rigoles (Naimi et al, 2003). Cette méthode consiste à mesurer le degré de  l’érosion dans les incisions sur parcelle (rigoles) en utilisant des lignes équidistantes et perpendiculaires à la direction de la pente qu’on appelle transect. Pour mesurer les rigoles, dans la zone affectée déjà délimitée, on a commencé par définir au minimum 5 transects y compris la limite supérieure et inférieure, et mesurer leur longueur ; l’équidistance entre les transects une fois choisie était constante pour une zone affectée donnée ; par la suite, chaque transect était parcouru en mesurant chaque incision coupée par le transect et la profondeur, la largeur au sommet et à la base ainsi que l’angle formé par l’incision avec le transect ont été mesurés.

Les échantillons de sols prélevés (15 à 20cm de profondeur du sol) ont été emballés dans des sacs en plastique avec toutes les mentions d’identification de la parcelle pour faciliter le travail au laboratoire. Au niveau du laboratoire, les analyses suivantes ont été effectuées : la granulométrie (texture), le pourcentage des matières organiques, la mesure du pH eau (renseigne sur la concentration en Ca++ qui joue un rôle important dans la stabilité structurale)  ainsi que la détermination de la concentration en Sodium (qui est un élément dispersant et renseigne sur la salinité).

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