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CHAPITRE PREMIER : GENERALITESVET REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA CULTURE DE MANIOC ET LA SECURITE ALIMENTAIRE

I.1. DEFINITION DES CONCEPTS

Pour clarifier cette étude, il s’avère utile d’en définir certains concepts.

I.1.1. Culture

Il signifie le fait de cultiver les sols, le terrain cultivé lui-même, le mode d’exploitation des sols.

I.1.2. Contribution

C’est la part apportée à une action commune ; contribuer c’est apporter sa part à une œuvre commune, avoir part à un résultat. (PETIT LAROUSSE ILLUSTRE, 2012)

I.2. APERCU SUR LA CULTURE DE MANIOC

I.2.1. Le manioc en Afrique

Le manioc a été importé du Brésil au XVIème vers l’Afrique où il est maintenant cultivé. On peut préparer les tubercules en les faisant cuire puis en les lavant longuement à l’eau pour évacuer la trace cyanure, et en les séchant au soleil. Une fois pilé à la main ou au moulin, on obtient une farine blanche appelée « Foufou ». Dans les deux Congo, cette farine est mélangée à de l’eau bouillante à égale proportion et constitué un aliment qui accompagne les plats en sauce. Elle peut aussi être donnée à des jeunes enfants. Le foufou à une valeur calorifique sèche de 250 à 300 cals, soit près de la moitié lorsqu’elle est  en pate.

Une autre façon de la consommer est en pains de manioc (appelé « Chikwangue ») au Congo. et « Mangbere » en centre Afrique. Ils sont riches en cellulose consistant, mais très peu nourrissant. Leur prix très abordable favorise leur consommation à grande échelle. Il est recommandé de bien les mâcher afin de ne pas avoir des problèmes de digestion.

A l’île Maurice, le manioc est produit et consommé sous forme de biscuit le plus souvent aromatise à la cannelle, à la crème anglaise, à la noix de cacao ou encore de Sésame.

Les feuilles de manioc sont également consommées avec du riz (« riz-feuille »)  au Congo et en RDC sous le nom de mpondu, saka-saka ou « ngunza » ou « ngoundja » en République Centre Africaine. Le mapata, plat typique du Mozambique (le Vatapa au Brésil) est préparé pilé avec de l’ail et la farine tirée des tubercules cuites avec du crabe ou des crevettes.

En côte d’Ivoire, le manioc est consommé sous forme de semoule cuite à la valeur, ce qu’on appelle l’attiéké. L’attieké est un plat national, principalement  consommé dans les régions Sud du pays. Le manioc peut se consommer aussi sous forme de pain de manioc appelé foutou de manioc ou de plakouli essentiellement constituée de substance amidonnée.

L’attieké est consommé frais de préférence. Il se conserve  et s’exporte ou se commercialise sous forme sachét.

La production du manioc commence à se faire sous la forme industrielle par de petites unités de production d’attieké. (ABDOUL, B. 2012)

I.2.2. ETYMOLOGIE, PRODUCTION ET UTILISATION DU MANIOC

  1. Etymologie

Le terme manioc dérivé du Tupi manioc 3. Son nom proviendrait d’un mythe à propos de la déesse Mani, a la peau blanche, qui aurait établi son domicile (aca) dans la racine de la plante.

  1. Production

La production annuelle du manioc est d’environ 2000 millions des tonnes par an. Elle est l’une des trois grandes sources de polysaccharides, avec l’igname et l’arbre à pain dans les pays tropicaux.

  1. Utilisation

Le manioc est utilisé comme semoule ou comme fécule (tropical) les plats le plus connus sont le foufou, l’attieké, le Mpondu à base de manioc et de Mpondu Madesu, à base de manioc et de haricots.

Le manioc est aussi utilisé pour fabriquer une tortilla, la cassave, un pain, le Chikwangue et des bières traditionnelle telle le mankoyo au la mbege.

Au Brésil, on l’utilise beaucoup frit pour accompagner les grillades. En hiver, le bouilli de manioc est très populaire. Le manioc (Manihot esculenta) est un arbuste vivace de la famille des Euphorbiacée, originaire d’Amérique du sud plus particulièrement du Sud-Ouest du bassin d’Amazon 1 et 2. Il est aujourd’hui, largement cultivé et récolté comme plante annuelle dans les régions tropicales et subtropicales. On consomme généralement ses racines tuberifiées riche en amidon mais aussi ses feuilles en Afrique, en Asie et dans le Nord au Brésil (pour la confection du maniçabat).(Manioc-wikitionnaire, 2016)

Au nord du Brésil, le mot « Farine » (en portugais « Farinha ») désigne avant tout la farine de manioc et non de blé. Cette farine n’a d’ailleurs pas l’aspect de la farine de blé : elle ressemble plutôt à une semoule sèche plus ou moins grossière de couleur allant du jaune vif au gris en passant par le blanc, il s’agit en fait d’une fécule, mot plus adapté pour parler de la « farine ». Issue d’une racine, il existe beaucoup de variétés que l’on peut trouver sur le ver-o-peso, le marché de Belém. C’est la source peu couteuse d’hydrates de carbone mais sa consommation sans préparation adéquate peut causer des problèmes de santé. Le manioc contient en effet des glucides cyanogeniques toxiques qui, sous l’effet d’une enzyme, se transforment en acide cyanhydrique. La cuisson des tubercules de manioc le rend consommable mais on rapporte des cas d’intoxication, certes heureusement rares, ayant entrainé la mort après absorption de manioc mal cuit en particulier lors de la friture.

On en cultive deux variétés principales, le manioc amer impropre à la consommation s’il n’est pas préalablement dentifié et dont les racines séchées sont transformés en tropiaca, en cassave au en farine qui prépare sous forme de farola est un ingrédient de la ferjoada brésilienne. Le manioc doux, dont les racines peuvent être directement consommées. On note cependant des cas de neuropathies car il est de moindre quantité. Les tubercules sont également utilisées pour la préparation des boissons  alcooliques distillées ; la tiquera cachaca commune de l’état brésilien du Maranhão la chair des tubercules a une couleur blanchâtre et rappelle le bois par sa texture et sa consistance. Apres cuisson dans l’eau, sa chair devient jaune sedelaire. La friture la rend croustillante.

I.2.3. origine

L’on considère actuellement que le centre d’origine du Manioc (Manihot esculenta) se situe dans le Nord-Est du Brésil et que les sites d’Amérique centrale et du Mexique pourraient alors être considérés comme des centres de diversification secondaires.

Selon ROGERS (1963), le manioc est à l’heure actuelle une des principales cultures des régions tropicales et subtropicales d’Afrique, de Madagascar, d’Inde, d’Indonésie, de Malaisie et des Philippines.

Il fut introduit en Afrique occidentale par les portugais vers la fin du XVIe siècle, en passant par Sao Tomé, Fernando Po et le fleuve Congo, mais ses débuts furent modestes. Au cours des XIIe au XVIIe siècles, son expansion resta toute relative dans les autres régions d’Afrique, et ce n’est en fait qu’au début XXe siècle qu’il se développa pour prendre l’importance que nous lui reconnaissons actuellement (Jones, 1959 ; Dokou, 1969). Son  introduction fut effective en 1736 dans l’ile de La Réunion en provenance du Brésil et ce n’est qu’en 1799 qu’il sera signalé à Zanzibar. Toutefois, il semble que sa culture resta sans importance en Afrique orientale jusqu’en 1850, sauf autour du lac Tanganyika où elle se développa en provenance de l’Ouest. Très réduit à une denrée de famine, le manioc a été revalorisé au cours de ces dernieres années comme étant un aliment riche en glucides (W.O. Jones).

L’extension de la culture de manioc à travers le continent a été favorisée par le fait qu’il constitue un aliment de réserve pendant les famines et qu’il est résistant aux ravages du criquet migrateur ; c’est une plante qui s’adapte très facilement aux conditions (systèmes) de cultures et à la sècheresse.

I.2.4. Systématique et morphologie

Le manioc appartient à la famille des Euphorbiacées, caractérisée entre autre par la présence de latex dans tous les organes de la plante.

Le genre Manihot comprend plus de 200 espèces, seule l’espèce M. esculente crantz est la plus cultivée et la plus importante du point de vue alimentaire et économique. (Gustave Mushagalusa, 2014).

On ne cultive que deux variétés principales :

  • Le manioc amer : non consommable sans prétraitement. Il est riche en acide cyanhydrique uniformément reparti dans les tissus de la plante, y compris la chair et les feuilles.
  • Le manioc doux (Manihot op) : il contient peu d’acide cyanhydrique.

Certains auteurs ont utilisé les termes M. esculenta ou M. utilisera, pour désigner les seuls maniocs amers tandis que les maniocs doux étaient considérés comme appartenant à une autre espèce, M. durcis. Cette distinction n’est plus acceptée et les groupes sont classés dans la seule espèce M. esculente.

Cependant, il n’existe pas de différence morphologique entre les deux groupes : d’abord, de part et d’autres, on trouve les  mêmes colorations, des variétés de grande et de petite taille, des variétés tardives et précoces, des variétés à faible et à haut rendement.

En outre, la toxicité d’un clone varie avec les conditions de culture, notamment avec le climat (une sécheresse prolongée peut l’augmenter), le sol, la polarité des boutures à la plantation (l’inversion des boutures l’augmenterait) et la cueillette ou non des feuilles durant la végétation (la récolte des feuilles diminue la toxicité du manioc).

Le manioc est une plante arbustive, semi-ligneuse de 2 à 3m ou de 4 à 5m. La tige, dont le diamètre ne dépasse pas 2 à 3 cm, est en grande partie remplie de moelle, ce qui la rend fragile. Diversement colorées selon les variétés, les tiges présentent des cicatrices petiolaires proéminentes qui leur confèrent un aspect noueux. Les feuilles sont alternées et comprennent 3 à 9 lobes. Leur forme régulière est souvent déformée par la mosaïque.

Les racines tubéreuses de 5 à 12 cm par pied, mesurent généralement 20 à 50 cm de long, mais peuvent atteindre 1 mètre, avec un diamètre de 3 à 15 cm. Elles pèsent 2 à 4 kg, pouvant arriver jusqu’à 20 à 25 kg dans les meilleures conditions de culture. Une racine comprend trois parties : l’épiderme tubérisé ; l’écorce représentant plus ou moins 20% du poids de la racine et la chair blanche ou jaune représentant 80% du poids de la racine. Les racines présentent le grand avantage de se conserver assez longtemps dans le sol et constituent de ce fait un bon aliment de soudure.

I.2.5. Ecologie

Le manioc est essentiellement une plante de zone tropicale humide, mais très plastique tant pour le climat que pour le sol. Aussi, retrouve-t-on sa culture partout en République Démocratique du Congo.

Comme toutes les plantes typiquement tropicales, le manioc ne supporte pas la gelée. Des températures moyennes de 24 à 25°C constituent l’optimum pour la culture.

Les rendements diminuent avec l’altitude. A l’Equateur, il peut être cultivé jusqu’à 1000 m d’altitude ; au-delà de 1500 m, les conditions de température ne permettent plus une croissance normale de la plante.

Le manioc est cultivé dans les régions dont la pluviosité est variable. Cependant, l’optimum est de 1200 à 2000 m des pluies par an.

Malgré ses besoins élevés en eau, le manioc peut supporter une longue période sèche, sauf à la plantation. Le manioc résiste à la sécheresse en laissant tomber les feuilles, qui repoussent rapidement au retour des pluies. Sa résistance à la sécheresse est sans doute une large part dans la forte expansion actuelle du manioc en Afrique.

Durant la sécheresse qui a surgi au Congo-Central en 1977 – 1978, la population a dû assurer sa survie à travers le manioc.

Il préfère les sols sableux, sablonneux-argileux, profonds, meubles et bien drainés pour un bon développement des racines tubéreuses.

En sol humide, la tubérisation se fait mal, tandis que la croissance de l’appareil foliaire est exubérante. Des tels sols conviennent pour la seule production des feuilles.

En ce qui concerne la fertilisation du sol, le manioc est peu exigent. Il peut en effet encore produire sur des sols épuisés, inaptes à recevoir d’autres cultures. De ce fait, il est généralement placé en fin de rotation. Cette rusticité du manioc explique aussi son extension actuelle, au détriment des plantes exigeantes comme le plantin ou l’igname dans certaines régions comme le Mayumbe.

En sol très fertile, il peut y avoir un excès de croissance végétative au détriment de la production des tubercules.

Traditionnellement, le manioc est cultivé sur des petites exploitations à un niveau de subsistance. La demande d’engrais est généralement limitée chez les petits agriculteurs en raison du cout élevé et le manque de disponibilité.

L’appauvrissement du sol peut être réduit par la culture intercalaire avec des cultures comme les légumes, la noix de coco, des ignames, les patates douces, le maïs, les arachides  et autres cultures. Les légumineuses qui fixent l’azote sont très importantes. Les fongicides et les pesticides ne sont pas couramment utilisés.

Le manioc est planté à la main, en enterrant la moitié inférieure de la coupe dans un sol humide. Les boutures produisent de nouvelles racines et des poussent en quelque jours.

Dans les premiers stades de croissance, il est important de garder les mauvaises herbes sous son rôle. Si l’engrais est utilisé, il doit être appliqué pendant les premiers mois de la croissance par ha.

La durée de végétation est variable d’un clone à un autre. Pour un cultivar donné, elle varie aussi en fonction du climat et de la fertilité du sol.

En région équatoriale, la croissance du manioc est rapide et la production précoce, en 10 -12 mois. Dans les régions d’altitude et en zone tropicale, le manioc n’est récolté qu’après 18 à 24 mois.

En sol fertile, dans lequel la croissance végétative est favorisée par rapport à la formation des tubercules, la durée du cycle vital se trouve prolongée. Tout facteur qui retarde la tuberculinions allonge la durée de végétation, c’est le cas en sol très humide. La reprise des boutures a lieu 8 à 15 jours après le bouturage. La floraison a lieu 4 à 7 mois suivant le cultivar et les conditions culturales. Il faut noter que les conditions favorables au développement végétatif retardent la floraison.

I.2.6. Culture

La propagation du manioc se fait par bouture. Le recours au semis se limite aux seuls travaux d’amélioration. Le taux de pollinisation artificielle est généralement faible ; variant entre 0 et 50% avec une moyenne de 14%. De même le taux de germination est très bas.

Compte tenu du faible taux de multiplication du manioc (un mètre de tige ne donne que 4 boutures), il est de plus en plus utile de faire appel à la multiplication rapide pour faire face à une demande de bouture de la part des agriculteurs surtout quand l’on vulgarise une nouvelle variété. Cette technique utilise toutes les parties de la tige et ne tient pas compte de la production des tubercules, les boutures sont mises en place à grande densité.

Le matériel végétal est choisi en fonction de la productivité, la durée du cycle vital, la teneur en HNC (les  maniocs amers réussissent de moins en moins au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’équateur et  la tendance inverse s’observe pour la destruction par les cochons sauvages ou autres  mammifères (voleurs) ; la préférence pourrait être donnée aux variétés amères) ; la résistance à la mosaïque et la productivité élevée (quantité des tubercules).

I.2.7. Maladie du Manioc

  • Mosaïque : la maladie du manioc

Le manioc est la principale source alimentaire de nombreuse population africaine.

Aussi les moindres maladies peuvent provoquer de dégât auprès des populations (famines en cas de non approvisionnement extérieur).

Depuis le milieu des années 1990, une maladie est apparue, nous le nom de « Mosaïque ». Cette maladie (un virus) se répand très facilement et rapidement d’un plant à l’autre.

La mouche blanche serait un vecteur de transmission. La maladie s’est développée dans plusieurs pays africains (Kenya, Congo, Brazzaville).

La mosaïque fait perdre les feuilles à la plante de manioc et rend les tubercules rachitiques. Le principal danger pour l’homme est de réduire fortement sa consommation alimentaire.

Le comité international de la Croix-Rouge entre prend des tests sur des boutures  saines et les distribue dans des zones touchées.

I.2.8. Le manioc en R.D.C

I.2.8.1. La relance de la production du Manioc par la plantation Pulia

La R.D.C a vu à la fin des années 90 sa production de manioc, la principale culture alimentaire du pays brutalement chutée sous l’effet conjuguée d’une difficile situation phytosanitaire et des troubles militaires. Dans la Province, malgré une relative stabilisation de cette production en 2002, la situation est restée depuis très précaire face aux menaces d’insécurité. L’établissement Yambuka et Fils par le biais de la Plantation Pulia a reconnu et mis en place différentes politiques de soutien visant notamment à améliorer les infrastructures de transport et à vulgariser la culture de manioc en variétés résistantes.

« Après une dure journée de travail, rien ne peut remplacer le futur. Le riz, c’est bon pour le dessert ». Ces mots des Congolais illustrent la prépondérance et la supériorité du manioc.

Le futur est une préparation traditionnelle à base de farine de manioc. Dans la culture alimentaire de la R.D.C riches ou pauvres, 70 à 80% des congolais consomment sous différents formes le manioc et ses feuilles facilement accessibles. Dans la plupart des provinces du pays, selon l’organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et  l’Alimentation (FAO), un congolais en consomme en moyenne 370 kg par an (FAO, 2006).

La bonne organisation de la filière et une forte demande ont longtemps fait de la RDC l’un des premiers producteurs du manioc au monde. Le pays était ainsi le premier producteur africain et troisième mondial en 1990, avec 20 millions de tonnes. La production a chutée à 14 millions de tonnes, et la RDC n’occupe plus que la 5ème place au monde après le Nigeria, le Brésil, la Thaïlande, et l’Indonésie. Le Nigeria est lui passé de 18 millions de tonnes en 1990 à 45 millions de nos jours.

La forte baisse de production du manioc en RDC s’explique principalement par l’apparition de nouvelles maladies, maladies qui n’ont pas pu être combattues du fait des pillages et de l’insécurité propres à la fin des années 1990.

La présence de la souche ougandaise de mosaïque a été confirmée en RDC en 2000, suite à une mission d’experts de l’ITA sur l’invitation de la FAO et du Ministère de l’Agriculture.

Face à cette « descente aux enfers » de la production de manioc, l’établissement  Yambuka et fils toujours par le biais de la plantation Pulia a décidé de « mettre les bouchées doubles » pour stopper la chute de production, vulgariser la réhabilitation de la culture de manioc et en combattant les maladies virales et autres qui l’affectent, telles que la mosaïque et les striures.

Cette réhabilitation du manioc a été renforcée par la tenue d’un atelier organisé à Kinshasa qui a permis aux scientifiques d’obtenir un appui politique et technique du gouvernement et du secteur privé comme dans d’autres pays africains tels que le Nigeria, la Ghana, le Sierra Léone, le Malawi et le Zimbabwe. Il y a été recommandé la mise en place d’un comité sous l’initiative présidentielle du manioc pour impliquer davantage le chef de l’Etat. Dans le futur, l’établissement Yambuya et Fils Pulia compte transformer le manioc en produits de haute qualité. Il envisage aussi de développer des variétés de manioc, spécifique à chaque filière de production selon qu’il est utilisé comme matière première pour l’industrie (forte teneur en amidon, éthanol, farine de haute qualité, feuille de manioc, recettes diverses à base des racines et feuilles de manioc production de produits traditionnels) et/ou utilisé comme aliment pour les bétails si tous ces efforts pour industrialiser la filière et augmenter la production du manioc sont louables. La question se pose de savoir si le gouvernement congolais a adopté la bonne stratégie alimentaire en se concentrant à ce point sur cette culture (Ets YAMBUYA-RDC, 2008).

I.3. APPERCU SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE EN RDC

I.3.1. Défis et opportunités de la sécurité alimentaire en RDC

La FAO et le PAM sont catégoriques : la situation alimentaire en RDC reste précaire. Ils l’ont affirmé lors d’un café  de presse organisé à Kinshasa.

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et l’organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) ont affirmé que la situation alimentaire en RDC reste précaire et n’a pas connue une amélioration majeure au cours de ces dernières années, a affirmé la chargée des programmes de la représentation du PAM en RDC, Madame Laurenne Ebaubir qui intervenait à cette occasion.

S’appuyant sur le rapport sur la faim dans le monde publié en octobre 2011 par IFPRI, elle a indiqué que la RDC est classée parmi les quatre pays du monde où la situation alimentaire est jugée « extrêmement alarmante ».

Elle a précisé à ce propos que, l’indice global de la faim a progressé de 63% pour la RDC. (PAM et FAO, 2011)

Selon un autre rapport cité par la chargée des programmes du PNUD : celui sur le développement humain des Nations Unies qui classe la RDC au dernier rang 2011 sur 187 pays classés dans le monde ; confirmant la dégradation des conditions de vie en RDC au cours de ces dernières décennies, « des récentes évolutions sur la sécurité alimentaire menée par le gouvernement congolais le PAM et les autres partenaires montrent qu’environ 3,2 millions des personnes dans cinq provinces couvertes par différentes enquêtes sont affectées par une insécurité alimentaire a fait observé Madame Laurenne Leaubiet avant de noter que l’Est de la RDC est plus concernée par cette situation d’insécurité alimentaire. Bien qu’une partie de cette situation soit liée à une pauvreté chronique, a-t-elle soutenue, les mouvements récurrents de la population contribuent également à la précarisation de la situation alimentaire en RDC. A cet effet, elle a rappelé qu’à la fin de 2011, le nombre des déplacés dans le pays est estimé à 1,6 millions des personnes dont plus de 90% dans les trois provinces (Province Orientale, Nord-Kivu et Sud-Kivu).

Les déplacements sont essentiellement liées à l’insécurité induite par les groupes armés notamment l’armée de résistance du seigneur (ARS) dans la Province Orientale et les FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) et des milices locales dans la Province du Nord-Kivu et celle du Sud-Kivu (PAM, 2011).

Enfin, la chargée des programmes du PAM a noté que le problème de la faim n’est pas toujours l’absence de nourriture sur le marché mais le manque des moyens financiers pour y accéder et se nourrir correctement. Au lieu de distribuer des vivres, venus parfois de très loin, et à grand frais, le PAM offre désormais aux bénéficiaires grâce aux bons d’achat alimentaire, les moyens de s’approvisionner et de se nourrir sur les marchés locaux quand ceux-ci sont achalandés a-t-elle souligné.

I.3.2. la sécurité alimentaire au monde : conditions nécessaires pour l’atteindre

La sécurité alimentaire demeure pourtant d’actualité au début du XXe siècle. En dépit d’une moindre natalité dans la majorité des pays, certains estiment qu’il devrait y avoir environ 8,9 milliards d’habitants en 2050, or en 2010, 925 millions des personnes dans le monde souffraient encore de la faim. Les habitants de 33 pays consomment moins de 2200 Kcal par jour.

Les besoins alimentaires mondiaux devraient augmenter dans les décennies à venir pour les raisons suivantes :

  • Augmentation de la population, ce qui implique une augmentation de la demande ;
  • Augmentation du pouvoir d’achat de nombreux humains.

Augmentation de l’urbanisation souvent associée à d’autres cellules et/ou pratiques dont augmentation de la consommation de viande (on estime que 7 kg pour animaux sont nécessaires pour produire 1 kg de bœuf, 4 kg pour produire 1 kg de porc et 2 kg pour 1 kg des volailles). Une offre suffisante et à un moindre gaspillage, deux conditions au recul de la famine et de la malnutrition. Mais cela ne signifie pas établir la sécurité alimentaire pour tous. « Qui produit la nourriture et pour qui » ? Qui a accès aux informations nécessaires à la production agricole ? ce sont des questions cruciales en la matière.

Ainsi, les pauvres et les affamés ont besoin des services. Des technologies et des pratiques peu couteuses immédiatement disponibles pour répondre à leurs besoins  vitaux. D’une façon générale, les femmes et les enfants sont ceux qui souffrent le plus du déficit alimentaire. En effet, un faible poids de naissance est une cause de décès prématuré et de malnutrition infantile. Le faible poids à la naissance est souvent dû à une sous-alimentation de la mère elle-même.

En 2000, 27% des enfants en Age préscolaire  dans les pays en voie de développement étaient ainsi atteint de rachitisme lié à une alimentation insuffisante et/ou peu variée et de faible qualité. Les femmes sont aussi souvent désavantagées, car elles possèdent peu des terres et bénéficient moins de conseil et de crédit pour l’amélioration des techniques.

Différentes options sont possibles pour augmenter la production agricole, par le biais d’adoption des systèmes de production agricole spécifique.

  • Augmentation de surface et de jardinage (avec comme effet négatif la perte de surface forestière, des prairies, et d’une façon générale des lieux riches en biodiversité).
  • Augmentation de la productivité locale et globale dans les pays déficitaires, éventuellement en recherchant l’autosuffisance l’agriculture périurbaine ou l’agriculture urbaine qui peuvent également aider à résoudre le problème de la sécurité alimentaire.

En permettant aux citadins à revenus limités de cultiver des légumes ou des fruits par exemple en pleine ville (PASAK, 2010).

I.3.3. Qu’est-ce que la sécurité alimentaire ?

C’est l’accès de chaque individu, à chaque  instant à une alimentation suffisante et équilibrée pour mener une vie saine et active. Cette alimentation doit être d’une qualité adéquate, culturellement acceptable, acquise dans le respect de soi, sans nuire à l’environnement et sans mettre en danger l’accomplissement d’autres besoins fondamentaux (DEMBELE, 2003)

La sécurité alimentaire au niveau individuel, familial, national, régional et mondiale (existe) lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante saine et nutritive leur permettant de sécuriser l’alimentation pour mener une vie saine et active.

La disponibilité des quantités suffisantes de nourriture de nature et qualité appropriée dans toutes les portions du territoire national quelle que soit la provenance de cette nourriture (production locale, importation, aide alimentaire).

  • L’accès de toute personne aux ressources nécessaires pour pouvoir acquérir les aliments nécessaires à un régime alimentaire nourrissant. Ces ressources peuvent comprendre tant les ressources monétaires que les droits d’accès nécessaires pour produire des aliments.
  • La stabilité de l’accès à la nourriture, c’est-à-dire que l’accès à la nourriture de la population ne peut ne pas être mis en cause par un quelconque choc naturel ou économique.
  • Une utilisation satisfaisante de la nourriture qui ne soit pas menacée par des problèmes de santé (eau potable, infrastructure médicale).

Pour qu’un individu soit en situation de sécurité alimentaire, il faut donc que toutes ces conditions soient respectées.

Qu’est-ce qui fait évaluer la situation de sécurité alimentaire ?

  • Focaliser les interventions humanitaires et de réhabilitation sur une assistance alimentaire ponctuelle et ciblée, ainsi qu’une relance rapide des productions alimentaires locales et sécuriser l’accès aux champs et aux marchés des agriculteurs, particulièrement les femmes dans les zones des conflits.
  • Développer des programmes de réhabilitation des infrastructures agricoles et routières et consolider les moyens d’existence par le renforcement, la diversification et la valorisation des productions agricoles.

I.3. REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE

Nous  ne sommes pas les premiers à inscrire un sujet dans le domaine de la sécurité alimentaire et de la culture de manioc. Plusieurs travaux y sont déjà réalisés par nos prédécesseurs.

A ce titre, nous avons parcouru les travaux de :

  1. MURHULA BUHENDWA, (2013) dans son étude sur les effets de la production de manioc sur les conditions de vie des agriculteurs dans le groupement de Karhongo, qui montre que cette production a des effets positifs sur les conditions de vie des agriculteurs étant donné que le manioc est l’une des cultures principales des ménages et sa production moyenne de 2,5t/ha/an permet de subvenir aux besoins familiaux de base des ménages. Toutefois, il signale que compte tenu de certains facteurs comme la non disponibilité des variétés améliorées de manioc, l’attaque de la culture par la mosaïque et surtout le non financement des activités champêtres, la production est souvent perturbée. C’est pourquoi il propose une piste de solution sous forme de projet de financement des activités agricoles dans  le groupement de Bugorhe.
  2. IMANI BALUME (2010) dans son TFC intitulé « Impact de la mosaïque africaine de manioc sur la production de manioc dans le groupement de Mulamba en Territoire de Walungu ». signale que la maladie de la mosaïque du manioc qui a attaqué cette culture depuis les années 2005 a occasionné une baisse considérable de production de manioc qui est passée de 2,5 tonnes/n et par hectare à 0,5 tonne/an/ha. Cela a eu des conséquences lamentables sur les conditions alimentaires des paysans à Mulamba. C’est pourquoi comme piste de solution, l’auteur a proposé un projet de mise en place des stratégies efficaces de lutte contre la mosaïque africaine du manioc dans le groupement de Mulamba.

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