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CHAPITRE III. PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSION

III.1. INVENTAIRE  ET  DISTRIBUTION  DES  MALADIES  ET  RAVAGEURS

            Le tableau 3  présente la répartition des différentes maladies et ravageurs rencontrés sur l’axe enquêté à KILIBA-KAWIZI-KAVIMVIRA.

Tableau 3: Répartition des pestes dans différents sites enquêtés dans le milieu d’étude

Peste

Site

Maladies

Ravageurs

Mosaïque

Striure brune

Bactériose

Anthracnose

Acarien vert

Cochenille farineuse

KILIBA

+

+

+

+

+

+

KAWIZI

+

+

+

-

-

+

KAVIMVIRA

+

+

+

-

-

+

Fréquence %

100

100

100

33,3

33,3

100

Légende : + Présence

      - Absence

Il ressort des résultats du tableau 3 que la mosaïque africaine, la striure brune, la

Bactériose et la cochenille farineuse ont été présents dans tous les sites enquêtés. Les sites de KAWIZI et de KAVIMVIRA étaient épargnés de l’acarien vert et de l’anthracnose. On remarque  que  la distribution  des  pestes  sur  le manioc n’est pas  homogène pour tous les sites. On s’accorde  à  estimer  qu’il y  a  une  variabilité élevée  des  conditions  culturales  entre  différents  sites  enquêtés.  

III.2. INVENTAIRE  ET  DISTRIBUTION  DES  VARIETES

            Le tableau 4 présente la  répartition  des  différentes  variétés rencontrées  dans le milieu d’étude.

Tableau 4: Répartition  des variétés dans  différents  sites enquêtés  dans le milieu d’étude.

Variété /site

KILIBA

KAWIZI

KAVIMVIRA

AKUGUMAGA

-

-

+

MAGULUYAGWARHE

+

+

+

MAJAUNE

+

-

-

MUKOGOMAGA

-

+

-

NABUBEMBE

+

-

+

NAKARASI

+

+

+

RAV

-

+

-

SAWASAWA

-

-

+

V8

+

+

-

YA  JEAN

-

+

+

Fréquence  %

50%

60%

60%

Nombre  de variétés

5

6

6

Légende : + Présence

      - Absence

            Des  résultats du tableau 4 montrent que les agriculteurs de milieu d’étude cultivent plusieurs types de variétés de manioc. Les variétés AKUGUMAGA, MUKOGOMAGA, NAKARASI et NABUBEMBE sont des anciennes variétés ; alors que MAGULUYAGWARHE, MAJAUNE, RAV, SAWASAWA, V8 et YAJEAN  sont des nouvelles variétés cultivées dans le milieu d’étude. Parmi ces nouvelles variétés, la variété MAGULUYAGWARHE est la plus cultivée. Les travaux faits ces dernières années dans la plaine de Ruzizi montrent que la variété SAWASAWA est la plus cultivée dans ce milieu (BULAMBO, 2012). Cependant actuellement nos résultats affirment que cette variété n’est plus cultivée par un grand nombre d’agriculteurs ; en effet, les pathogènes et les ravageurs auraient détourné la résistance de la variété SAWASAWA dans la plaine de Ruzizi (PLAZA, 2007). La faiblesse de cette variété induit un grand nombre de paysans dans des mauvaises conditions de vie. Cependant pour s’adapter dans cette condition, certains paysans substituent SAWASAWA par NAKARASI ou NABUBEMBE et d’autres qui n’ont pas accès à ces variétés substituent le manioc par le maïs, patate douce ou colocase.

III.3 EFFECTIFS DES VARIETES RENCONTREES DANS LE MILIEU D’ETUDE

Le tableau 5 donne l’effectif des variétés rencontrées dans le milieu d’étude

Tableau 5: Effectif des variétés rencontrées dans le milieu d’étude

Variété /site

KILIBA

KAWIZI

KAVIMVIRA

TOTAL

AKUGUMAGA

0

0

14

14

MAGULUYAGWARHE

31

24

11

66

MAJAUNE

113

0

0

113

MUKOGOMAGA

0

12

0

12

NABUBEMBE

14

0

53

67

NAKARASI

455

525

442

1422

RAV

0

14

0

14

SAWASAWA

0

0

51

51

V8

35

55

0

90

YA  JEAN

0

18

77

95

TOTAL

648

648

648

1944

 Il ressort du tableau 5 que les variétés MAJAUNE, RAV et SAWASAWA sont en voie de disparition  dans les exploitations de manioc dans le milieu d’étude au profit des anciennes variétés qui prennent la place notamment NAKARASI. Cependant, les variétés MAGULUYAGWARHE, V8 et YAJEAN apparaissent comme les nouvelles variétés qui viennent d’être adoptées par un petit nombre d’agriculteurs dans notre milieu d’étude. Malheureusement la disponibilité et l’accès à ces variétés posent encore des problèmes pour un grand nombre d’agriculteurs. Cette intention d’abandon de certaines innovations variétales de manioc dans le milieu d’étude serait expliquée par les maladies (striure brune, mosaïque etc.) et les ravageurs.

III.4. MALADIES  SELON  LE  MILIEU

III.4.1. Incidence et Sévérité Moyenne de la Mosaïque Africaine

            Le tableau 6 donne l’incidence et la sévérité de la mosaïque africaine du manioc dans le milieu enquêté.

Tableau 6: Incidence moyenne  (%) et Sévérité  dans le milieu d’étude.

Site

           Echelle  cotation sévérité

Nbre de plante

Incidence

Sévérité

1

2

3

4

5

KILIBA

Nbre de plante

588

14

34

10

2

648

9,3%

3,0

Incidence%

90,7

2,1

5,2

1,5

0,3

KAWIZI

Nbre de plante

597

12

26

10

3

648

7,9%

3,0

Incidence%

92,1

1,8

4

1,5

0,4

KAVIMVIRA

Nbre de plante

603

14

20

9

2

648

7%

2,9

Incidence%

93

2,1

3

1,3

0,3

Moyenne

8,0%

2,9

Le tableau 6 montre que la mosaïque constitue une maladie moins importante dans le milieu enquêté malgré qu’elle se trouve dans tous les champs avec une incidence qui varie entre 9,3% et 7% et une sévérité qui varie selon les sites de 2,9 à 3,0. Il est à signaler  que  l’incidence et la sévérité seraient encore élevées d’avantage sans la chaleur qu’on a observée pendant le mois de mars et qui atténue l’apparition des  symptômes (ALAUX et FAUQUET, 1987). 

La sévérité et l’incidence moyenne de la mosaïque dans le milieu enquêté seraient accentuées par l’absence de contrôle de matériel avant plantation et de fois par l’indisponibilité de matériel sain. On constate que le site comme KAVIMVIRA  présente une incidence faible de 7% avec une sévérité de 2,9. Ceci prouve qu’il y a des sites qui présentent encore une situation pas très dangereuse et qui peuvent servir dans la sélection des matériels sains avant plantation.

Comparativement aux études menées par MIZINZI (2004) dans la plaine de la RUZIZI et à KALEHE par MURHABAZI (2003), on voit que la mosaïque africaine du manioc est plus importante dans le milieu d’étude et dans la plaine de la Ruzizi avec une incidence moyenne de 81% et de 82,8% qu’à Kalehe où on a trouvé une incidence moyenne de 65,2%. Pour ce qui est de la sévérité, elle est presque la même pour les trois territoires, elle varie entre 2,7 et 3.

           Notre incidence moyenne de site est de 8,0%  soutenu aussi certaines efforts concertés de la part d’un certain nombre de parties prenantes œuvrant dans notre région, le résultat d’enquête indique, bien que la mosaïque africaine du manioc soit encore très répandue mais sa vitesse de propagation semble se réduire progressivement (FAO, 2009).

III. 4.2. Incidence et Sévérité Moyenne  de la Striure Brune

            Le tableau 7 donne l’incidence et la sévérité  de la striure brune du manioc dans le milieu enquêté.

Tableau 7: Incidence moyenne (%) et sévérité de la striure brune dans le milieu d’étude.

Site

            Echelle cotation sévérité

Nbre de plante

Incidence

Sévérité

1

2

3

4

5

KILIBA

Nbre de plante

361

131

78

60

18

648

44,3%

2,8

Incidence%

55,7

20,2

12

9,2

2,7

KAWIZI

Nbre de plante

433

118

85

11

1

648

33,2%

2,5

Incidence%

66,8

18,2

13,1

1,6

0,1

KAVIMVIRA

Nbre de plante

337

117

161

33

0

648

48%

2,7

Incidence%

52

18

24,8

5

0

Moyenne

41,8 %

2,6

              On remarque à partir des résultats du tableau 7 que la striure brune est une maladie qui remplace la mosaïque du point de vue importance dans le milieu d’étude avec une incidence moyenne de site de 41,8% et sévérité de 2,6. Il existe un site qui présente  peu d’inquiétude en ce qui concerne le résultat, notamment KAWIZI avec une incidence moyenne de 33,2%. La sévérité la plus élevée a été observée dans le site de KILIBA, elle était de 2,8 et la plus faible à KAWIZI  qui était de 2,5. Il semblerait que la striure brune existait depuis longtemps mais c’était encore mal connu par la plupart des gens. Tellement que la mosaïque africaine prenait déjà de l’ampleur et attirait l’attention de tous, on devrait normalement se focaliser sur cette dernière. Il se peut qu’en voulant résoudre l’épidémie de la mosaïque par l’introduction de certaines variétés résistantes, on n’a pu introduire le virus de la striure brune. Par exemple la variété « MAJAMBERE » qui résiste contre la mosaïque africaine du manioc semble être susceptible de la striure brune.

              Dès lors, les paysans ont pu constater aussi la pourriture des racines à la récolte. La striure brune déforme les racines tubéreuses du manioc qui peuvent également souffrir de craquelures et se décolorer en taches brunâtres. (MAHUNGU et al, 2014)

La maladie de la striure brune se propage rapidement et pourrait causer des pertes de production de racines allant jusqu’à 100 % si des mécanismes de réponse appropriés ne sont pas introduits rapidement (FAO, 2009).

III.4.3. Incidence et Sévérité Moyenne de la Bactériose

            Le tableau 8 présente l’incidence et la sévérité  de la bactériose du manioc dans le milieu d’étude.

Tableau 8: Incidence moyenne (%) et Sévérité de la bactériose dans le milieu d’étude.

Site

         Echelle  cotation sévérité

Nbre de plante

Incidence

Sévérité

1

2

3

4

5

KILIBA

Nbre de plante

630

7

8

3

0

648

2,8%

2,7

Incidence%

97,2

1

1,2

0,4

0

KAWIZI

Nbre de plante

638

4

4

1

1

648

1,6%

2,9

Incidence%

98,4

0,6

0,6

0,1

0,1

KAVIMVIRA

Nbre de plante

642

2

2

1

1

648

1%

3,1

Incidence%

99

0,3

0,3

0,1

0,1

Moyenne

1,8%

2,8

Il ressort du tableau 8 que la bactériose est faible dans le milieu d’étude, avec des résultats inquiétants, notamment ceux de KAWIZI et KAVIMVIRA avec respectivement une incidence moyenne de 1,6% et 1%. La sévérité la plus élevée a été observée dans le site de KAVIMVIRA, elle  était de 3,1  et  la plus faible  à KILIBA qui était de 2,7.

           La pauvreté des sols, l’absence de la rotation, et le relief très accidenté du milieu favorisent l’expansion de la bactériose (ANONYME, 2000). Ceci revient à attribuer cette faiblesse d’attaque pour certain site à des techniques culturales adéquates observées par exemple dans l’axe KAVIMVIRA.

           Des études menées dans la plaine de RUZIZI par MIZINZI (2004) montrent que le territoire de Kabare est sévèrement attaqué par la bactériose comparativement à la plaine où on a trouvé une incidence moyenne de 4%. Cette incidence élevée serait favorisée par des fortes pluies qu’on a observées dans ce milieu et qui jouent un rôle important dans la dispersion de la maladie. Vus ces résultats, on peut dire que la maladie n’est pas à craindre car elle cause peu des dégâts à la culture et s’attaque plus aux feuilles âgées (KIKUNI et WALANGULULU, 2015).

III.4.4. Incidence et Sévérité moyenne de l’anthracnose

            Le tableau 9 présente l’incidence et la sévérité  de l’anthracnose du manioc dans le milieu d’étude.

Tableau 9: Incidence moyenne (%) et Sévérité  de l’anthracnose dans le milieu d’étude.

Site

          Echelle  cotation sévérité

Nbre de plante

Incidence

Sévérité

1

2

3

4

5

KILIBA

Nbre de plante

642

0

5

1

0

648

1%

3,1

Incidence%

99

0

0,7

0,1

0

KAWIZI

Nbre de plante

648

0

0

0

0

648

0%

0

Incidence%

100

0

0

0

0

KAVIMVIRA

Nbre de plante

648

0

0

0

0

648

0%

0

Incidence%

100

0

0

0

0

Moyenne

0,3%

1

           Des résultats du tableau 9, on trouve que l’anthracnose est présente dans le milieu d’étude avec une incidence moyenne qui est faible. On trouve une sévérité de 3,1 dans le site de KILIBA qui présente la sévérité la plus élevée.

           Selon FAO (2000), cette maladie présente une importance particulière dans les zones forestières de basse altitude. Ce qui constitue une situation inquiétante dans les sites se trouvant dans les basses altitudes.

           Selon une étude menée à Kabare Nord  sur la situation phytosanitaire du manioc en 2015, les résultats ont montré que le pourcentage de plants de manioc souffrant d’anthracnose est faible et ne dépasse pas 16%. Cette situation serait due aux conditions édapho-climatiques moins favorable pour le développement de la maladie. Vus ces résultats, on peut dire que l’Anthracnose n’est pas à craindre car il y a peu des plants de manioc atteints par l’Anthracnose dans notre milieu d’étude et ceux atteints sont faiblement attaqués  (KIKUNI et WALANGULULU, 2015).

III.5. RAVAGEURS   SELON  LE  MILIEU

III.5.1. Incidence et Sévérité moyenne de l’acarien vert du manioc

Le tableau 10 présente l’incidence et la sévérité de l’acarien vert dans le milieu d’étude.

Tableau 10: Incidence moyenne (%) et Sévérité  de l’acarien vert dans le milieu d’étude.

Site

              Echelle  cotation sévérité

Nbre de plante

Incidence

Sévérité

1

2

3

4

5

KILIBA

Nbre de plante

640

4

2

2

0

648

1,3%

2,7

Incidence%

98,7

0,6

0,3

0,3

0

KAWIZI

Nbre de plante

648

0

0

0

0

648

0%

0

Incidence%

100

0

0

0

0

KAVIMVIRA

Nbre de plante

648

0

0

0

0

648

0%

0

Incidence%

100

0

0

0

0

Moyenne

0,4%

0,9

Les résultats du tableau 10 montrent que le milieu d’étude est touché par l’acarien vert avec une incidence moyenne de site est de 0,4% et une sévérité de 0,9. Ceci paraît  dangereux dans la mesure où c’est pendant la saison sèche que les acariens verts atteignent leur densité maximale (AUTRIQUE et PERREAUX, 1989). Ce qui revient à dire que cette situation peut devenir une crainte pour les paysans ainsi que pour les consommateurs.

          Comparativement aux résultats trouvés par MIZINZI (2004) dans une étude effectuée dans la plaine de la Ruzizi qui était caractérisée par une incidence moyenne de 64,2% et une sévérité de 2,8. Contrairement aux nos résultats, ceci peut s’expliquer par le fait que c’est un ravageur qui sévit pendant la saison sèche et la pluie exerce une action mécanique sur les insectes.

III.5.2. Incidence et Sévérité Moyenne de la Cochenille farineuse du manioc

            Le tableau 11 présente l’incidence et la sévérité de la cochenille farineuse dans le milieu d’étude.

Tableau 11: Incidence moyenne (%) et Sévérité de la cochenille farineuse dans le milieu d’étude.

Site

           Echelle  cotation sévérité

Nbre de plante

Incidence

Sévérité

1

2

3

4

5

KILIBA

Nbre de plante

615

15

13

3

2

648

5,1%

2,7

Incidence%

94,9

2,3

2

0,4

0,3

KAWIZI

Nbre de plante

629

8

8

3

0

648

3%

2,7

Incidence%

97

1,2

1,2

0,4

0

KAVIMVIRA

Nbre de plante

643

2

3

0

0

648

0,8%

2,6

Incidence%

99,2

0,3

0,4

0

0

Moyenne

2,9%

2,6

Il ressort des résultats du tableau 11 que la cochenille farineuse est bien  présente dans tous les sites avec une incidence moyenne  faible de 2,9%. Cependant KILIBA  a présenté l’incidence  de 5,1% semble être élève que les autres milieux.

            Quant à la sévérité, le milieu d’étude présente une sévérité moyenne de 2,6 avec KILIBA et KAWIZI  qui ont la sévérité  élevée de (2,7) ; KAVIMVIRA  donne la sévérité  de 2,6. On remarque que la cochenille est bien présente dans le milieu d’étude avec une incidence faible.

            Comparativement  à l’étude menée à Kalehe où aucun signe de la cochenille farineuse n’a été observé, on sous-entend que cette situation n’est pas à négliger malgré la faiblesse de résultat  dans le milieu d’étude.

            Cependant  ces résultats ne sont pas différents de ceux obtenus  par  MIZINZI (2004)  dans la plaine où une incidence moyenne de 7,3% a été observée. Selon la FAO (2000), les attaques  de la cochenille farineuse se développent surtout  en saison sèche, et peuvent engendrer  des pertes de rendement atteignant 80% voire plus. D’où on estime qu’en mars le milieu n’était pas favorable pour le développement de la cochenille farineuse. On estime donc qu’une prolongation de la saison sèche peut rendre les dégâts très importants mêmes dans le site qui sont actuellement moins attaqués.  

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