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II.3. NOMS DE CAVERNES SE RAPPORTANT AUX RELATIONS FAMILIALES

Dans ce sous point, il est question d’analyser les noms de cavernes pour observer le message qui y véhiculé.

  1. Kabéré: nom fuliiru analysable enâ—¦ ka-béré

        â—¦ Ka - : PN CL 12

        â—¦-béré : TN signifiant «  petit »

S1 : Petit

S2 : Cette caverne se localise dans la localité de Mulenge. Elle est ainsi appelée car elle ne peut pas contenir beaucoup des gens, suite à sa surface insuffisante. Les jeunes garçons « Batwa » âgés de 12 à 14 ans s’y rencontraient pour s’initier aux différents métiers de la vie sociale avant d’être considérés comme adultes. On apprenait dans cette caverne comment tirer les animaux à l’aide d’une flèche et tendre des pièges.

        Compte tenu de cela, l’initiateur leur montrait l’attitude de se tenir quand on lance une flèche sur un animal. Au sortir de là, les jeunes étaient capables de répondre à leurs besoins. Après avoir terminé la formation, ces jeunes pygmées (Batwa) pouvaient se marier du fait qu’ils avaient déjà acquis des atouts nécessaires leur permettant de nourrir les femmes.

        Cette caverne a été nommée ainsi, parce que chaque  jeune garçon « mutwa » devrait passer dans cette caverne en raison d’acquérir des attitudes leur permettant de s’intégrer dans la vie sociale. C’est ainsi que d’autres mutualités ont nommé la caverne où ces jeunes Batwa faisaient leur formation « Kabéré ». C’est-à-dire une maison destinée aux gens d’un petit niveau ou une maison qui n’a pas encore atteint la maturité. D’autres mutualités critiquaient les pygmées dans le cadre de les considérer comme des primitifs par rapport à elles. Ces pygmées ne pouvaient pas prendre à mariage les filles qui n’étaient pas de leur mutualité car ils se sentaient inférieurs et complexés, mais ils pouvaient se marier entre eux seulement. C’est la raison pour laquelle d’autres sociétés ont nommé cette caverne ainsi.

  1. Hirambo: nom fuliiru analysable en â—¦ ha-i-rambo

â—¦ ha- : Préfixe locatif 16

        â—¦- i- : PN cl 5

        â—¦- rambo:   TN Signifiant « Calebasse »

S1: Calebasse

S2: Cette caverne porte le nom « Calebasse » parce qu’auparavant, dans la société fuliiru, lorsque une personne souffrait de la lèpre, elle était conduite vers une caverne pour ne pas contaminer les autres. Dans celle-ci, on y trouvait des calebasses dont les malades se servaient quand ils avaient soif. Chaque jour, on devrait leur amener à manger et à boire. Aucun individu ne pouvait rester avec eux ; pour ne pas être contaminé à son tour. Les féticheurs rencontraient les malades dans cette caverne appropriée pour les soigner.

        Lors du sortir de là, les malades laissaient la calebasse dont ils se servaient pour ne pas ramener cette maladie au domicile. Actuellement, dans cette caverne on trouve un grand nombre de calebasses à cause des malades qui s’y déplaçaient pour suivre l’itinaire de soins. Ces malades laissaient les calebasses dans cette caverne de sorte qu’ils n’aillent plus infecter les membres de leur famille. Dans celle-ci, on trouve beaucoup de calebasses qui étaient restées lorsque les malades s’y rendaient pour y suivre les soins médicaux traditionnels.

  1. Ibuyé lya bashumba : nom fuliiru analysable en i-buyé li-a-ba-shumba

â—¦  i- : Augment

        â—¦- buyé -:TN signifiant « pierre »

        â—¦ li- : PP cl 5

        â—¦- a - : Voyelle connective

        â—¦- ba - : PN cl 2

        â—¦ - shumba : TN signifiant « célibataire »

S1 : La pierre de célibataires

S2 : Cette caverne se trouve au bord d’une rivière. Elle a été nommée « la pierre de célibataires » du fait que les célibataires avaient l’habitude de se reposer dans cette caverne après s’être lavé pour éviter le vagabondage au village.  Les célibataires restaient dans cette caverne en train de parler de leurs problèmes en rapport avec leur famille et se conseillaient mutuellement. C’est ainsi que la population a attribué le nom «Ibuyé lya bashumba » à cette caverne dans laquelle ces célibataires se reposaient.

Sur le plan social, la société interdisait aux enfants et aux femmes de fréquenter de cette caverne car les célibataires ne voulaient pas à ce que d’autres gens puissent y fréquenter. La société considérée cette caverne comme une maison des célibataires. C’est la raison pour laquelle cette caverne été ainsi dénommée.

  1. Ibuyé lya kanisa: Ce nom est composé de l’emprunt du swahili avec le kifuliiru.
  2. Ibuyé lya : nom fuliiru analysable en â—¦i-buyé-li-a

â—¦ i- : Augment

        â—¦- buyé- : TN signifiant « pierre »

        â—¦ - li- : PP cl 5

        â—¦ - a- : Voyelle du connectif

  1. Kanisa : nom swahili analysable en◦-kanisa

        â—¦ - : PNcl9

â—¦-kanisa: TN Signifiant « Eglise »

        S1 : Une pierre de l’église

S2 : Cette caverne a puisé le nom dans deux langues : le Kifuliiru et le  kiswahili, ce dernier est l’emprunt du mot swahili en Kifuliiru. La caverne dont il est question se situe dans la localité de Migera, groupement de Lemera. Elle a été dénommée ainsi parce que les habitants vivant dans cette entité s’y rendaient pour prier le bon Dieu. Selon les habitants de ce coin, cette caverne était donc comparable à une Eglise. Les chrétiens y fréquentaient. Mais aussi les bergers s’y abritaient lors de la pluie.

        Cependant il est à noter que les chrétiens ne fréquentent plus cette caverne parce que les gens cultivent aux alentours. Les chrétiens ne voulaient pas à ce que les habitants puissent cultiver aux environs de cette caverne.

        L’idée de « la pierre de l’Eglise » se justifie par le fait que cette caverne a une grande dimension comparable à une Eglise. La population  de cette contrée avait l’idée que ce sont des Eglises qui pouvaient avoir de telle dimension. Parce qu’elle croyait qu’aucun individu de ce milieu, ne pourrait avoir une maison immense comme cette caverne.

  1. Ikitebo: nom fuliiru analysable en â—¦ i-ki-teb -o 

â—¦i- : Augment

        â—¦- Ki- : PN cl 7

        â—¦ -teb : RV Signifiant « approprier  ou destiner »

        â—¦- o : la finale

S1 : Qui est approprié  ou destiné

S2 : Cette caverne se situe dans le groupement de Lemera, la localité de Katwenge, à la périphérie de cette entité. Elle a été dénommée ainsi, à cause des événements qui s’y passaient. Jadis, les ancêtres s’y rendaient pour adorer le bon Dieu à travers les anciens morts en vue de surmonter certaines difficultés de la vie.

Le sens de « Qui est approprié  ou destiné » se justifie  par le fait qu’on considérait cette caverne comme un lieu sacré où on allait se rendre pour prier Dieu par l’intermédiaire des aïeux. Ces derniers se concentraient et invoquaient des esprits surnaturels dans cette caverne.

        En ce qui concerne cette caverne, on y apportait certaine catégorie de nourritures  pour offrir à Dieu, à travers les anciens qui étaient considérés comme messagers. Les femmes et les enfants ne devraient pas fréquenter ce milieu. Par contre, la sanction leur était réservée.

 Cependant, certains vieux d’âge avancé ne s’y déplaçaient plus à cause de leur santé. D’où ils devraient avoir un lieu approprié pour leur permettre d’effectuer la prière à côté de leur maison. Cette caverne existe actuellement, même si elle n’accueille plus les ancêtres suite du modernisme. Telle est l’origine de la dénomination de cette caverne.

  1. Kagolwé : nom fuliiru analysable en â—¦ ka-gol-u-é 

â—¦ ka- : PN cl12

        â—¦- gol- : RV signifiant « s’admirer »

        â—¦- u- : suffixe formel

        â—¦- é : la finale

S1 : Admiration.

S2 : La caverne kagolwé se trouve dans le moyen plateau de Kibijiro, groupement de Lemera. Cette caverne permettait aux marchands qui se rendaient à Bijojo de s’y abriter.

        L’idée de « admiration » est justifiée par le fait qu’elle a une forme d’une maison. Grâce à son emplacement, les marchands venus du marché de Bijojo préféraient dormir dans cette caverne pour éviter d’aller pendant la nuit du fait que dans ce coin, on ne trouve pas de maison.

        Mais la réalité vécue dans cette caverne n’a pas de rapport avec le nom, du fait qu’elle était admirée seulement par les marchands qui y passaient la nuit. Cette caverne n’est plus considérée comme une maison de passagers. Cependant elle est devenue une ferme à cause de l’insécurité qui règne dans cette contrée, les marchands ne pratiquent plus le commerce.

  1. Kï›·govya: nom fuliiru analysable en â—¦ kï›·-govya 

â—¦ Kï›· - : PN cl 12

        â—¦- govya: TN signifiant « Flexible »

S1: Qui est flexible

S2 : Cette caverne se situe dans la localité de Bujuju, groupement de Lemera. Elle a été dénommée ainsi du fait que chaque individu s’y abritait sans inquiétude. Car, à son côté, se trouvent d’autres cavernes dans lesquelles personne ne peut entrer à cause d’esprits surnaturels. D’ailleurs, ces esprits surnaturels faisaient disparaître les habitants au village.

        Cette caverne s’appelle « flexible » parce qu’on la prenait pour une maison capable d’accueillir tout le monde sans aucune condition.            De même, on y entrait à l’heure voulue et on y sortait bonnement. C’est la raison pour laquelle la population avait dénommé cette caverne ainsi. C’était pour prouver qu’elle est fréquentable par qui que ce soit afin que les gens n’aient pas de peur de s’y abriter.

  1. kï›·handa : nom fuliiru analysable en â—¦ kï›·-hand-a

â—¦kï›·- : PN cl12

        â—¦-hand- : RV Signifiant « entrer ou habiter »

        â—¦ -a: la finale 

S1 : Qui entre dans

S2 : la caverne Kï›·handa se trouve dans la localité de Nyawera, groupement de Lemera. Elle porte le nom issu d’une personne surnommée « Nakahanda », qui était considérée comme chasseur. Ce dernier n’avait pas de place fixe ; il contournait toute la forêt en train de chasser les gibiers. Quand cet homme avait découvert cette caverne, il a amené sa famille dans la caverne Kï›·handa découverte pour y vivre. Il a vécu dans cette caverne pendant un long moment, y compris sa famille.

        Lorsque cet individu s’était logé dans cette caverne, on ne croyait pas qu’il allait y vivre bien des années du fait qu’il avait l’habitude de se déplacer d’une manière continuelle dans n’importe quel milieu où il trouvait des gibiers. Ce dernier n’avait pas d’adresse fixe où on pouvait le localiser. Il était considéré comme nomade compte tenu de son instabilité.

        C’est ainsi que la population avait surnommé cet individu « Nakï›·handa  » et l’endroit dans lequel il vivait est devenu « kï›·handa ». Cet individu a été surnommé « Nakï›·handa » considérant qu’il ne quittera plus cet endroit vers un autre lieu. Cependant cet individu avait abandonné cette caverne dans laquelle il avait passé beaucoup d’années pour construire une hutte à son côté. D’autres personnes s’y sont déplacées pour le rejoindre en formant un village. Plus tard, cette entité est devenue « Kï›·handa ». C’est pour cette raison que cette caverne s’appelle ainsi.

9 .Kangére : nom fuliiru analysable en â—¦ ka-ngér-e

â—¦ ka- : PV cl12

        â—¦-ngér- : RV signifiant « mesurer »

        â—¦ -e : la finale

S1 : Qui mesure.

S2 : c’est une caverne dans laquelle les brigands se refugiaient lorsqu’ils étaient poursuivis par les notables du village. Le sens de «Qui mesure » se justifie par le fait qu’un seul individu ne pouvait pas y franchir.

        Les malfaiteurs se cachaient dans cette caverne pour attendre les passagers en vue de voler leurs biens et au cas d’une résistance de ces passagers, ils étaient frappés par ces brigands jusqu’à trouver la mort. Compte tenu de cela, les habitants avaient peur de tomber dans la maille de ces bandits. Maintenant pour y passer, il fallait être à même de faire face à ces bandits au cas où ils se présenteraient. D’où est venu le nom « Kangére » dans le sens de se jauger avant de traverser cet endroit.

  1. Maling: nom analysable en ◦ ma-ling-

â—¦ ma- : PN cl6

        â—¦- ling - : RV signifiant « danser »

        â—¦- : finale

S1 : Danses

S2 : Il s’agit d’une caverne dans laquelle  les arrières parents se rendaient quand il y avait disparition d’homme au village. Etant donné  que les démons faisaient disparaitre les habitants vers un lieu inconnu, les aïeux organisaient de culte dans cette caverne leur permettant de savoir dénicher le lieu où l’individu emporté se trouve. Lorsque de tels événements se produisaient, certaines personnes initiées menaient des cherches pour trouver l’individu emporté.

Avant d’entreprendre les investigations, les gens formés se rendaient dans une caverne appelée «  Malingi » où ils chantaient en invoquant, en priant et en dansant, après cela, ils effectuaient leur recherche.  Les membres de la victime ne devraient pas les accompagner, à moins qu’ils fassent partie du groupe. Pendant la recherche, les concernés portaient des clochettes et une calebasse de boisson appelée « Kasigisi ». Lorsqu’ils trouvaient le pauvre disparu, ils laissaient cette calebasse de boisson à la place où il était endormi, en dansant, ils se dirigeaient à sa résidence. C’est la raison pour laquelle cette caverne a été dénommée «  les danses », Malingi.

  1. Nargonda: nom fuliiru analysable en â—¦ na-r-gond-a 

â—¦ na- : TN signifiant « source de »

        â—¦- r- : PV cl 14

        â—¦- gond- : RV signifiant « marier »

        â—¦- a: la finale

S1 : Source de mariage

S2 : C’est une caverne dans laquelle les jeunes filles allaient s’initier à l’activité sexuelle avant le mariage. Les vielles femmes leur apprenait la façon dont une fille pouvait se comporter vis-à-vis  de son mari et, apprenait comment une femme mariée ne pouvait plus avoir d’autres époux à part son mari légal. Cette caverne était fréquentée seulement par les jeunes filles ayant l’âge de se marier. Mais les garçons ne pouvaient pas y participer du fait qu’elle était  réservée seulement aux filles. Ces dernières s’y rendaient  discrètement pendant la nuit pour apprendre les réalités à la gestion du lit et aux relations sexuelles.

L’idée de « Source de mariage » se justifie dans le sens que chaque fille avant d’être mariée, elle devrait nécessairement fréquenter cette caverne pour acquérir certaines connaissances lui permettant de bien évoluer dans son foyer sans problème. C’est pour cette raison que la caverne s’appelle ainsi.

CONCLUSION PARTIELLE

        Au terme de ce deuxième chapitre au cours duquel, nous avons analysé les noms morphologiquement et sémantiquement en vue de déceler les réalités qu’ils contiennent et qu’ils véhiculent. Il était remarqué que chaque nom analysé était porteur d’un message particulier.

        Selon l’analyse faite, un bon nombre de noms sont puisés dans  des proverbes, d’autres selon les circonstances et les faits vécus. Selon le cas des noms concernés, nous avons dégagé les noms de cavernes et les fonctions spécifiques y attachées.

        Pour les cavernes d’origine toponymique, il a été observé que ces cavernes sont porteuses des noms de milieux dans lesquels elles se trouvent. En interprétant ces noms attribués à ces cavernes, il s’observe que le distributeur nommait ces cavernes en référence au milieu étant donné que certaines d’entre elles étaient considérées comme des habitations.

        En ce qui concerne les noms des cavernes d’origine zoonymique, ces noms étaient attribués à ces cavernes en référant à certains animaux qu’on attrapait aux environs desdites cavernes. Quelques cavernes étaient prises pour l’origine d’animaux qui allaient dévaster les champs de maïs et de pomme de terre.

         En rapport avec les noms des cavernes se référant aux relations familiales, il s’observe que ces noms expriment les liens qu’entretient le destinateur avec la caverne dont il est question. Pour cela, certaines cavernes étaient nommées en tenant compte des faits qui s’y passaient à savoir : la prière, le banditisme, etc. D’autres  cavernes étaient prises au même titre qu’une maison.  

        Il ressort que ces cavernes n’étaient pas nommées au hasard. Ces noms de cavernes ont été attribués selon les réalités sociales qu’on voulait véhiculer.

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