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DEUXIEME CHAPITRE : NOMS DE CAVERNES D’ORIGINE TOPONYMIQUE, ZOONYMIQUE ET CEUX LIES AUX RELATIONS FAMILIALES

L’analyse et l’interprétation portent sur les noms de cavernes détaillés dans ce deuxième chapitre afin de déboucher sur l’interprétation   littéraire de chaque nom analysé.

II .1. Cavernes d’origine toponymique

        Certaines cavernes portent les noms du milieu dans lequel elles se trouvent.

  1. Bsinga : nom fuliiru analysable en ◦b-sing-a

                          

        â—¦ b- : PN cl14

                â—¦- sing- : RV signifiant « demander »

                â—¦- a : finale

S1 : Lieu où l’on demande

S2 : Cette caverne est dénommée ainsi à cause de jeunes femmes qui réalisaient beaucoup d’années sans être enceinte. Elles allaient dans cette caverne pour prier afin qu’elles puissent concevoir, mettre au monde et aussi connaître le nombre d’enfants qu’elles mettront au monde durant toute leur progéniture. Ces femmes présentaient leurs doléances en montrant qu’une femme fuliiru qui n’a pas d’enfants est déconsidérée et ne peut être aimée ni par son mari ni par sa belle-famille.

        En effet, l’idée de « lieu où l’on demande » se vérifie par le fait que les jeunes femmes se déplaçaient dans cette caverne à la quête de la progéniture. C’est pourquoi, la caverne, dans laquelle elles se rendaient prier, était ainsi dénommée en référence de ce qui s’y passait. Ces femmes passaient des séjours en train de prier le bon Dieu par l’intermédiaire des ancêtres qui intercédaient pour elles. Les ancêtres étaient donc des messagers du peuple auprès de Dieu.

        Du retour de cette caverne, ces femmes concevaient et mettaient au monde. Voilà pourquoi on a nommé cette caverne « Bsinga » (lieu où l’on demande) ; parce qu’après la prière « la demande» Dieu répondait positivement. Le village dans lequel se situe cette caverne s’appelle « Bsinga », nom attribué suite à la fréquentation régulière dans cette caverne. Ce sont donc les gens venus de toute part, ayant des problèmes qui nécessitaient le contact avec la caverne qui ont constitué petit à petit ce village. Telle est l’origine de ce toponyme.

  1. Gwakigarama: nom fuliiru analysable en â—¦gu-a-ki-garamï›·              

â—¦ gu -:PP cl 3

â—¦- a- : Voyelle du connectif

â—¦- ki-: PN CL 7

â—¦-garamï›·- : TN signifiant « emplacement public »

S1: Emplacement public

S2 : C’est une caverne qui a une grande dimension et se situe dans une plaine entre la vallée de deux montagnes. Elle peut contenir plus  de 200 personnes. Suite à sa grandeur, les habitants de la contrée la considèrent  comme une grande maison capable d’accueillir tout un village.

        Pendant qu’il pleuvait, les pasteurs s’y abritaient avec leurs troupeaux. Du fait que le milieu, dans lequel elle se trouve, la pluie tombe abondamment à cause d’une grande forêt qui entoure le milieu. C’est pourquoi les bergers s’abritent avec leurs troupeaux dans cette caverne. Cette caverne est ainsi appelée suite à sa grande dimension qui permet à chacun d’y entrer sans éprouver des difficultés.

  1. Kï›·bodeké: nom fuliiru analysable en â—¦ kï›·-bod-ik-é

â—¦ ka- : PV cl12

        â—¦-bod- : RV signifiant « coincer ou cacher »

        â—¦- ik-: suffixe formel

        â—¦-é : la finale

S1 : Qui coince

S2 : Elle s’appelle « Kï›·bodeke » à cause d’événements malheureux qui s’y passaient jadis. Cet endroit était très dangereux car quiconque s’y abritait, en sortait en étant malade et d’autres mouraient sur  place.

        La malédiction que renfermait ladite caverne justifiait, clarifiait, expliquait davantage le  sens de « qui coince » comme nous l’avons déjà démontré, toute personne qui s’y abritait, tombait directement malade.    En nommant cette caverne ainsi, l’on s’était rendu compte des faits qui s’y passaient. Partant de ce nom, on  découvre directement qu’elle n’est pas viable. Mais un étranger ne peut pas se retrouver à travers ce nom parce que ne sachant  pas le « Kifuliiru ». Alors que le nom renfermerait et véhiculerait un message très important pour le locuteur cette langue.     

  1. Kamano : nom fuliiru analysable enâ—¦ ka-man-o

â—¦ka- : PN cl12

        â—¦-man -: RV signifiant «  enfermer »

        â—¦-o:    finale

S1: Qui est enfermé

S2 : Cette caverne est ainsi dénommée suite à l’emplacement du milieu dans lequel elle se trouve. Elle se situe dans un endroit très éloigné du village. A l’époque, les rebelles de Pierre Mulele qui étaient basées dans le groupement de Lemera, dirigées par Musa Marandura, logeaient un bataillon dans cette caverne. Ces rebelles considéraient celle-ci comme une prison où ils pouvaient enfermer les détenus de la guerre et les malfaiteurs.

        Ils ligotaient les détenus en les attachant sur un arbre jusqu’à ce que certains entre eux trouvent la mort. Cette manière de détenir les gens a fait souffrir bien des personnes dans cette entité lors de cette rébellion. C’est ainsi que pour jurer, les habitants utilisaient la formule suivante : « gwékï›·mano » pour signifier «  (la nouvelle de) Kï›·mano ». Ceci veut dire que ce que la personne interrogée dit est vrai et le contraire de cela est punissable. Le nom « Kï›·mano » est cité dans cette formule en montrant que c’est un lieu de souffrance. Et personne ne pouvait souhaiter vivre en prison. Pendant cette période, si quelqu’un jurait « gwékï›·mano », cela prouvait que ce qu’il disait était réellement vrai et personne ne pouvait contester l’information livrée. Le recours à cette formule montrait que l’information est bien certifiée. Telle est l’origine de ce nom.

  1. Kï›·mironge: nom fuliiru analysable en â—¦ka-mi-ronge

â—¦ka- : PN cl12

        â—¦-mi -: PN cl 4

        â—¦-ronge- : TN signifiant « bambou »

S1 : Qui a des bambous

S2 : Cette caverne s’appelle ainsi du fait qu’elle est entourée d’une maille de bambous. Lorsque les habitants se rendaient pour couper les bambous de la construction s’abritaient dans cette caverne contre la pluie. Lors de cette dernière, ces habitants disaient que allons-nous nous abriter dans cette caverne autour de laquelle il y a beaucoup de bambous pour nous permettre de couper les bambous si vite lorsque la pluie aura fini à pleuvoir. Après un long moment la caverne est devenue « Kï›·mironge ».

        Le sens de « Qui a des bambous » se justifie par le fait que ce nom désigne la description de l’entité dans laquelle la caverne se trouve, parce que cette dernière est entourée des bambous. C’est ainsi que la population a ainsi dénommé cette caverne pour montrer qu’elle se trouve dans une grande forêt remplit de bambous.

  1. Kï›·tulé: nom fuliiru analysable en â—¦ka-tul-é

â—¦ kï›·- : PN cl 12

        â—¦-tul- : RV signifiant « trouer »

        â—¦-é : la finale

S1 : Qui est troué

S2 : La caverne dont il est question a été dénommée ainsi parce qu’elle a une double entrée : la première entrée est en bas et la seconde se trouve en haut. Mais la seconde entrée est dangereuse du fait que si l’on glisse, on court le risque de se blesser à cause de son mauvais emplacement. C’est pourquoi elle s’appelle «katulé » (qui est trouée) avec l’objectif de détruire les distraits qui n’attirent pas d’attention pour y accéder.

        Il importe de préciser que cette caverne était ainsi dénommée en référence au proverbe  fuliiru : « ïž¬gatula inyumba yage atayimwa itumu », c’est-à-dire on ne peut pas interdire à quelqu’un qui veut détruire sa maison, de prendre une lance. Cette expression veut dire que, si l’individu lui-même décide de mettre en danger sa vie et de devenir fou par exemple, il le fera et il le sera parce qu’il ne dépend de personne. Telle est l’origine du nom de cette caverne.

  1. 7. Ktundu: nom fuliiru analysable en ◦k-tndu

â—¦kï›·- : PN cl12

        â—¦-tndu : TN  signifiant « sommet »

S1 : Qui est au sommet

S2 : Cette caverne se localise dans le groupement de Kigoma. Elle s’appelle ainsi parce que cette caverne se trouve sur un sommet d’une montagne à laquelle on inhumait les rois. Elle a pris le nom du milieu dans lequel elle se trouve. Cette contrée était sécurisée par rapport aux autres contrées parce qu’elle était l’unique milieu dans lequel on inhumait les Bami dans le groupement de Kigoma.

        De ce fait, personne ne devrait fréquenter cet endroit sans consulter les individus chargés d’assurer la garde. Ceux qui s’y rendaient à l’insu de l’autorité, se heurtaient à des obstacles et les problèmes les poursuivaient.                     

        Par conséquent, certaines gens tombaient évanouis et d’autres devenaient fous. Cela étant, la population vivant près de cette montagne craignait  de visiter cette caverne parce qu’elle se situait à côté des cimetières et il ne revenait pas à n’importe qui de voir le lieu où l’on enterrait les « Bami ». C’est pourquoi, les personnes qui fréquentaient cet endroit, se considéraient comme supérieures à celles qui y accédaient difficilement. Le nom de cette caverne provient de l’environnement dans lequel elle se trouve.

  1. 8. Kirungwé: nom fuliiru analysable en â—¦ ki- rungwé

â—¦ ki- : PN cl 7

        â—¦-rungwé : TN signifiant « désert »

S1 : Qui est dans le désert

S2 : Cette caverne est ainsi appelée « désert » parce qu’elle est située à une grande distance par rapport à l’habitation. Cette caverne a été nommée en se référant à un proverbe « fuliiru : Irungwe tagenda wï›·kabera ». Ceci signifie que celui qui voyage dans le désert ne peut pas avouer tout ce qu’il voit. Kirungwé est un endroit isolé, moins fréquenté et destiné aux secrets qui ne peuvent  être dits qu’aux initiés seulement. D’où la personne non initiée donc ne peut pas y aller sous prétexte que du retour, elle viendra dévoiler le secret à n’importe qui, en ridiculisant les initiateurs d’une part et, toute la culture en générale.

Pour expliciter, ce proverbe veut montrer qu’un homme sage ne doit pas dévoiler tout ce qu’il voit dans le milieu, dans lequel il se trouve. C’est pourquoi en « Kifuliiru » il est interdit aux enfants et aux femmes de fréquenter de tel milieu précité car ils ne sauront pas garder le secret. Parce qu’à leur retour, ils pouvaient raconter ce qu’ils ont vu à n’importe qui et n’importe où, le message qui pouvait les mettre en danger. Autrement dit, ceci veut dire que ce qu’on voit, ce n’est pas ce dont on parle. A telle enseigne qu’on peut dévoiler ce qui est interdit à mettre au vu et au su de tout le monde. Irungwe  est un milieu dangereux où l’on rencontrait des esprits surnaturels de temps en temps. En rapportant ce qu’on y avait vu, on se créer des ennuis.

C’était dans le cadre d’apprendre aux gens de voir beaucoup de choses et parler peu parce qu’une personne digne ne peut pas dire n’importe quoi et devant n’importe qui. Il importe de signifier que celui qui dévoilait le secret, était frappé par la neige et quelquefois il mourait. En définitive, un homme digne ne pouvait pas parler  de tout ce qu’il a vu sous peine de s’attirer des ennuis. Telle est l’origine de ce nom.

  1. Kygama : nom fuliiru analysable en â—¦ki-g-am-a

â—¦ ki- : PN cl 7

        â—¦- g- : RV signifiant “s’abriter”

        â—¦-am- : suffixe formel

        â—¦- a: finale

S1: Où l’on s’abrite

S2 : Cette caverne se trouve aux alentours des champs. Cette caverne est dénommée de la sorte étant donné les gens s’y abritaient. De même, lors de la guerre qui avait opposé les chefs coutumiers, les habitants s’y déplaçaient pour fuir les ennemis.

        Le fait de s’y déplacer ; les gens la considéraient au même titre qu’un abri dans lequel ils pouvaient s’abriter pendant la guerre pour s’épargner de danger. Beaucoup de gens fréquentaient cette caverne lors de la guerre et des problèmes familiaux. C’est pourquoi les gens ont nommé cette caverne ainsi.

  1. Lnywera: analysable en ◦ lu-nyo-ir-a

â—¦ l- : PN cl11

        â—¦ -nyo- : RV signifiant « boire »

        â—¦ -ir- : suffixe applicatif

        â—¦-a : la finale

S1 : Abreuvage

S2 : Cette caverne s’appelle « Lnywera » suite à sa situation car elle est située en dessous d’une montagne dans un lieu isolé. Elle contient une source d’eau où les passagers puisent de l’eau quand ils ont soif. Les gens  qui se dirigent dans les mayens plateaux de Lemera, y puisent ou boivent de l’eau à cause d’un long trajet qu’ils auront effectué. Cette caverne est l’unique endroit qui contient de l’eau dans cette contrée. Le nom « Lnywera » est employé ainsi, du fait que les passages y fréquentent à la recherche de l’eau en groupe comme les animaux, voire comme les oiseaux.

        Il sied de signaler que « Lnywera » désigne le nom de la source et de la caverne. C’est de cette façon qu’on avait dénommé cette caverne.

  1. Ltandala: nom fuliiru analysable en ◦l-tand-al-a

â—¦ l- : PN CL 11

        â—¦- tand - : RV signifiant « passer » 

        â—¦- al- : suffixe formel

        â—¦- a : finale

S1 : Passage

S2 : Cette caverne s’étend sur deux montagnes. Elle est ainsi dénommée, parce que les personnes traversent cette caverne en voulant faire le raccourci, pour ne pas parcourir un long trajet. Compte tenu de cela, le vrai chemin n’est plus fréquentable, du fait que les gens ne voulaient plus pratiquer un long trajet. 

Néanmoins, il importe de préciser que cette caverne sur laquelle l’on passe, se trouve à une mauvaise situation. On l’appelle « Ltandala » du fait que, c’est un lieu où l’on ne peut pas passer rapidement. Pour traverser, il faut que l’on monte sur une roche. A travers son nom, on remarque directement que ce n’est pas un endroit où on peut passer facilement suite à une mauvaise position. Pour traverser ce milieu, il faut être attentif pour ne pas tomber sur les roches.

        Comme on l’a déjà dit, il faut des mécanismes pour franchir cette caverne car elle est mal placée. Mais à l’intérieur de celle-ci, les gens se reposent librement. L’on a nommé cette caverne par rapport à son aspect extérieur.

  1. 12. Irkunga: nom fuliiru analysable en ◦ i-ru-kung-

â—¦ i- : Augment

         â—¦-r- : PV cl11

        â—¦- kung- : RV signifiant « protéger »

        â—¦- ï›· : la finale

S1 : Protection

S2 : Cette caverne se localise dans un milieu fréquenté par un bon nombre de cultivateurs. C’est une caverne dans laquelle l’on garde des semences afin qu’elles ne soient pas attaquées par la chanrason.                  De même, on y garde les objets quand il y a des troubles au village pour les épargner des voleurs. Cette caverne s’appelle «Irkunga » parce qu’elle est considérée par les habitants de cette entité, comme  un milieu de protection.

        L’idée de « protection » se justifie par le fait que la population de cette contrée y cache les biens afin qu’ils ne soient pas volés par les personnes de mauvaise intention. De même, l’on y sauvegarde des semences de sorte qu’elles ne puissent pas être détériorées par les insectes. C’est pour cette raison que cette caverne a été dénommée « protection ».

  1. Ibwï›·lenga: nom fuliiru analysable en â—¦i-bu-ï›·--leng-a

â—¦ i- :  PN cl 5

        â—¦- bu- : PN cl 14

        â—¦- ï›·- : Voyelle du connectif

        â—¦- leng- : RV signifiant “passer”

        â—¦- a: finale

S1: Où l’on passe.

S2 : Cette caverne s’appelle ainsi, parce que cette caverne est trop fréquentée. Les habitants ont l’habitude de se reposer dans cette caverne pour en sortir après le coucher du soleil. C’est une caverne dans laquelle le jeune passe la journée en train de jouer. A titre d’exemple, le jeu d’awalé.

        Le sens de « où l’on passe » se justifie par le fait qu’elle  est viable et fréquentée par les individus  sans  s’en attirer des ennuis. Cette caverne porte ce nom pour montrer que les gens y fréquentent régulièrement. D’où est venue cette nomination.

  1. 14. Mahngubwé : nom fuliiru analysable en â—¦ma-hng-u-bu-e

â—¦  ma- : PN cl6

        â—¦- hng- : RV Signifiant « se réfugier »

        â—¦- u- : suffixe formel

        â—¦- bu- : PN CL 14

         â—¦-é : finale

 S1 : Refuge

S2 : Cette caverne est prise comme un lieu de refuge, parce que lors de la guerre, les gens  s’y réfugiaient pour fuir des ennemis. Signalons que ce nom désigne à la fois la caverne dont il est question, le milieu et l’école se trouvant dans ce coin.

        Cette caverne a été dénommée ainsi parce que les habitants de cette contrée s’y cachaient pour s’épargner des ennemis lors de la guerre. La caverne Mahngubwé se situe à la périphérie du village. C’est un milieu où l’on peut vivre beaucoup d’années sans que personne ne sache qu’il y a d’individu.

  1. Inamalï›·: nom fuliiru analysable en â—¦i-na-malï›·

â—¦i- : PN cl 5

        â—¦ -na- : TN signifiant « propriétaire de »

        â—¦- malï›· : « mauvais emplacement »

S1 : mauvais emplacement

S2 :C’est une caverne qui se trouve sur une pente. Elle est dénommée ainsi du fait qu’elle se trouve sur une mauvaise place. En plus de cela, aucun individu qui peut y fréquenter à cause des esprits surnaturels qui s’y trouvent.

        Par conséquent, celui qui fréquente cette caverne, malgré sa mauvaise situation est immédiatement atteint par la maladie mentale. Les habitants vivant près de cette caverne, considèrent cette dernière comme un mauvais emplacement à cause de sa localisation voire les faits qui s’y passent.

        L’idée « Mauvais emplacement » est prouvé dans le sens que le destinateur veut interpeller la société de ne pas fréquenter cette caverne. Parce que le « malï›·» est un lieu que les individus et les animaux ont peur de fréquenter. Maintenant pour montrer que cette caverne se trouve à un mauvais endroit  on l’a dénommée « Inamalï›· ».

  1. Nï›·rumanga : nom fuliiru analysable enâ—¦ nï›· -ru-manga

â—¦ nï›· - : TN Signifiant « propriétaire de »

        â—¦- ru- :   PN cl11

        â—¦- manga : TN Signifiant «  grande pierre »

S1 : Une grande pierre et glissement

S2 : Cette caverne s’appelle ainsi parce qu’elle se situe sous une grande roche. Avant d’atteindre cette caverne on descend sur une roche où la caverne se situe. Ce coin est mal placé en sorte que si l’on glisse, l’on se blesse voire trouver la mort. En partant de cette logique, les éleveurs ne peuvent pas paître leurs troupeaux aux alentours de cette caverne malgré qu’il y ait de belles herbes.

        Un proverbe fuliiru affirme : «Muna nguma ataragira kumanga» Ceci signifie que celui qui a une seule vache ou chèvre ne peut pas la paitre sur la pierre. Ce proverbe conseille aux hommes qu’avant de faire le vagabondage, il faut prendre soins de ce qu’on a d’abord. Ceci veut montrer qu’une personne digne ne doit pas agir par influence.

Par exemple, si une personne d’une haute classe prend de la bière chaque jour et une autre de basse classe veut en prendre comme la première pour se concurrencer. Celle de basse classe se trouve en difficulté car son mode de vie est différent de celui de haute classe. L’image nous montre qu’il faut se mesurer avant de réaliser un acte quelconque du fait qu’on peut se mettre soi-même en danger, oubliant ce qu’on est. C’est dire que lorsqu’on a un bien, on doit nécessairement assurer sa sécurité avant de s’occuper d’autres choses. Il est à noter qu’un individu ne doit pas se comparer de qui que ce soit, car en voulant se comparer, cet individu peut se plonger dans une situation dans laquelle, il ne saura plus comment s’en débarrasser.

        En plus de cela, certaines gens prennent à la légère les biens qu’on a trouvés en souffrant. En oubliant qu’en perdant ces biens ; on meurt de faim en regrettant et  en  n’ayant plus la chance de trouver d’autres.

II.2 NOMS DES CAVERNES D’ORIGINE ZOONYMIQUE

        Ces cavernes sont dénommées en référence aux noms d’animaux.            Il importe d’analyser et d’interpréter afin d’observer le message qui est véhiculé à travers ces noms.

  1. Kingokwï›·: nom fuliiru analysable en â—¦ ki-ngokwï›·

â—¦ ki - : PN cl 7

        â—¦- ngokwï›· : TN Signifiant « poules »

S1 : Poules

S2 : La dénomination « poule »  varie en Kifuliiru selon les milieux, parce qu’il y a des milieux où on désigne la poule par « ngokwï›·» et d’autres par « ngoko ». Cette caverne s’appelle « Kingokwï›· » car, auparavant, la population attrapait des poules dans ses environs de cette caverne. Ces poules sont venues dans cette caverne quand les habitants fuyaient la guerre qui opposait les chefs coutumiers. La population s’y allait pour échapper aux affres de ces derniers.

        Du retour de cette population au village, quelques poules étaient échappées à la surveillance du fait qu’elles étaient gardées en forêt. Sous cet angle, ceux qui tendaient de pièges aux alentours de cette caverne, attrapaient des poules et perdrix dont ils ignoraient l’origine. C’est ainsi que les tendeurs de pièges ont nommé cet endroit ainsi  à cause de ces poules qu’on en attrapait.

  1. Inï›·mbene: nom fuliiru analysable en â—¦ i-nï›·-n-bene

â—¦i : Augment

        â—¦ -nï›·- : TN signifiant « propriétaire de »

        â—¦-n- : PN cl9

        â—¦-bene : TN signifiant « chèvres »

S1: Source des chèvres

S2 : Cette  caverne s’appelle « inambene » du fait qu’elle est prise comme un lieu dans lequel on y gardait des chèvres pendant la sécheresse à cause de manque d’herbes. On y amenait des chèvres et puis on les laissait là durant une certaine période car, auparavant, les chèvres étaient hébergées dans un milieu isolé du village.

        Il s’observe que la population considérait cette caverne comme « source des chèvres » suite aux fermes de chèvres qui s’y trouvaient. Chaque personne allait acheter ses chèvres et les  faire élever dans cette caverne. Mais à cause  des personnes de mauvaise intention, cela n’est plus praticable dans cette caverne à cause des voleurs. Telle est l’idée exprimée par ce nom.

  1. Nï›·kamanda: nom fuliiru en analysable en â—¦na-ka-manda.

â—¦na- : TN signifiant « propriétaire de »

        â—¦-ka- : PN cl12

        â—¦-manda : TN signifiant « épervier »

S1 : Propriétaire d’épervier

S2 : Cette caverne est ainsi dénommée parce qu’elle n’est pas fréquentable par des personnes. Néanmoins, elle est considérée comme une habitation d’éperviers du fait qu’elle se trouve à un lieu où l’homme ne peut pas fouler ses pieds. Compte tenu de son emplacement, l’homme éprouvait des difficultés de fréquenter cette caverne du fait qu’elle se situe à un mauvais endroit.

        C’est ainsi qu’on prend cette caverne au même titre qu’un lieu où vivent les éperviers, ces derniers demeurant dans un lieu secret et impraticable par les humains. Par conséquent, cette caverne est impraticable suite à sa situation.

        Maintenant, les gens qui pouvaient entrer dans cette caverne, étaient considérés comme des éperviers  à cause de son mauvais emplacement. Il sied de noter que les éperviers ne fréquentent pas dans cette caverne mais elle a été dénommée  ainsi pour montrer à la population que la caverne dont il est question est mal placée.   

  1. Nakasimbï›·: nom analysable en â—¦ na-ka-simbï›·

â—¦ na- : TN Signifiant « source de »

        â—¦ - ka- : PN cl12

        â—¦- simbï›· : TN signifiant « écureuil »

S1 : Source d’écureuils

S2 : La caverne dont il est question se localise dans le groupement de Kigoma, localité de Mulenge. Cette caverne est située à l’entourage de champs. Comme nous l’avons déjà dit, cette caverne est à côté de champs, les animaux sortaient de celle-ci pour détruire les champs de maïs et pomme de terre.

        C’est ainsi que les personnes cultivant aux environs de cette caverne l’ont nommée « Source d’animaux », considérant que les animaux qui détruisent leurs champs viennent de cette caverne. C’est pour cette raison qu’elle a été nommée ainsi. Cependant, jadis elle s’appelait « Kihinga », qui signifie où l’on cultive. À cause d’hébergement d’animaux destructeurs de champs elle est devenue « Nakasimbï›· ».

        Sur le plan social, la population considérait cette caverne comme étant source d’animaux du fait que les animaux qui ravageaient leurs plantes provenaient de cette caverne.

  1. Namaboré: nom fuliiru analysable en â—¦ na-ma-boré

â—¦ na- : TN signifiant « propriétaire de »

        â—¦- ma- : PN cl6

        â—¦-boré : TN signifiant « propriétaire de souris »

S1 : Propriétaire de souris

S2 : Cette caverne s’appelle « propriétaire de souris » car les tendeurs de pièges s’y rendaient pour piéger aux alentours. Après avoir tendu de pièges, ils rentraient chez eux. Lorsqu’ils visitaient de pièges ils trouvaient un bon nombre de gibiers sont des souris. Vu qu’ils ont souffert en tendant de pièges, ils se décidaient de les manger sous prétexte que ce sont des souris sauvages. Alors que la société fuliiru déconsidérait et interdisait ses membres de manger cette catégorie de gibier précité. Auparavant, un individu qui mangeait les souris était pris comme « Mutwa », c’est-à-dire pygmée. C’est ainsi que ces piégeurs ont transformé ce nom en voulant les manger afin que la population ne puisse pas leur huer.

        En ce qui concerne cette caverne, elle a été nommée ainsi, en se référant à ces souris qu’on y attrapait. Les Bafuliiru disent : «  galya imbeba amugihindula iboré » c’est-à-dire celui qui veut manger la souris, la fait changer le nom pour l’appeler souris sauvage. Pour manger une nourriture interdite ou considérée comme tabou l’on change d’avance sa nomination en vue de la manger, en échappant à la règle qui l’interdisait.

        Autrement dit, les gens créaient des lois leur permettant de briser d’autres lois qui interdisaient de faire ou d’appliquer une activité quelconque. En dénommant cette caverne ainsi, c’était en référence à des souris qu’on y attrapait.

  1. Inashokwé : nom fuliiru analysable en â—¦i- nï›·-shokwé

â—¦i- : PN cl 5

        â—¦ - na- : TN Signifiant « Propriétaire de »

        â—¦ - shokwé: TN signifiant « singes »

S1 : Propriétaire de singes

S2: Cette caverne s’appelle ”inashokwé » parce qu’elle se trouve en une grande forêt dans laquelle, jadis, on trouvait beaucoup de singes. Ces derniers chassaient les femmes qui s’y dirigeaient pour chercher les bois de chauffages, en prenant leurs paniers pour les laisser sur des arbres.

C’est ainsi que l’on a nommé cette caverne se trouvant dans la forêt « inashokwé », c’est-à-dire qui a beaucoup de singes.

        La caverne dont il s’agit, porte cette dénomination pour signifier à la population fréquentant cet endroit que c’est un lieu dans lequel on trouve des singes. Donc en y arrivant, il faut être vigilant pour ne pas tomber dans une maille de singes. Lorsque les femmes voulaient s’y rendre, elles contournaient tout le village en train d’informer les autres pour qu’elles  soient nombreuses pour ne pas avoir crainte.

        Il importe de signaler que cette caverne a tiré son nom à travers les faits qui passaient dans cette forêt dans laquelle  elle se situe. Mais selon les dialectes, certaines gens appellent cette caverne « inashokwé » et d’autres « inashoko ».

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