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CHAPITRE PREMIER : GENERALITES SUR LA GESTION DES DECHETS

I.1. CONCEPT DE DECHET ET TERMINOLOGIE

I.1.1. Concept de déchet

Selon le code de l’environnement « un déchet est tout résidu résultant d’un processus d’extraction, d’exploitation, de transformation, de production, de consommation, d’utilisation, de contrôle ou de traitement dont la qualité ne permet pas de le réutiliser dans le cadre du procédé dont il est issu ou, plus généralement, tout bien meuble, abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon (Setemu , 2005).

La notion de déchet peut être appréhendée sous différentes facettes car elle relève d’une réalité multidimensionnelle. Elle est relative dans l’espace, dans le temps et suivant les individus. Elle est tributaire du niveau économique, technologique et de l’information d’un pays ou d’une région.

Au niveau de l’Union Européenne, le déchet est juridiquement défini comme « toute substance ou tout objet qui relève des catégories dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention de se défaire (ou dont il doit se défaire) (Tinni, A., 2003).

I.1.2. Terminologie

I.1.2.1. La collecte de déchets ménagers

Selon  ADEME, 1999 ; c’est une première opération d’extraction et de concentration des déchets. Avant la collecte, le déchet appartient au ménage ou au consommateur, après il sera sous la responsabilité de la collectivité locale. On dit que :

  • la collecte est par apport volontaire lorsque l’habitant porte lui-même les déchets à un dépotoir ou un conteneur disposé sur la voie publique, qui constitue le premier point de concentration ;
  • la collecte est en porte à porte (ou domiciliaire) lorsqu’un intervenant (public ou privé) vient au domicile de l’habitant recueillir ses déchets. Le premier point de concentration est alors la remorque du collecteur.

I.1.2.2. La pré-collecte :

Elle est définit comme étant l'ensemble des opérations d'évacuation des déchets depuis leur lieu de production jusqu'au lieu de prise en charge par le service de collecte public. Dans les Pays en Voie de développement (PVD), la pré-collecte peut être définie comme étant le transfert des déchets ménagers des zones inaccessibles aux camions de ramassage vers des bacs à ordures ou des centres de regroupements (Tanawa, , 2000).

I.1.2.3. Le transport :

Il consiste à conduire les déchets depuis les premiers points de concentration vers les lieux d’élimination ou d’enfouissement. Il peut comporter une succession d’étapes de concentration croissante : conteneur de quartier ou de la remorque du collecteur vers un centre de transfert vers les lieux d’élimination (Code de l’environnement, 2000).

I.1.2.4. L’élimination :

Elle peut se faire par :

  • Abandon dans la nature (dépotoir sauvage), ou simple mise en décharge (décharge contrôlée ou non contrôlée) ;
  • Enfouissement dans des décharges contrôlées (ou Centre d’Enfouissement Technique), qui permet de limiter les risques de nuisances et de pollution ;
  • Incineration simple.

I.1.2.5. Le recyclage :

Il s’agit de récupérer des déchets produits à tous les stades du cycle de vie pour les réintroduire dans ce dernier (ADEME, 2000).

I.1.2.6 La valorisation :

 Le déchet peut être traité par une ou plusieurs filières de traitement répertoriées par Navarro (1992)., on distingue :

  • la valorisation agricole quand la partie fermentescible des déchets est transformée en compost notamment pour être réutilisée en agriculture ;
  • la valorisation énergétique si l’incinération comporte une récupération d’énergie avec une certaine efficacité ou si la décharge comporte une récupération et une valorisation du biogaz ;
  • la valorisation matière quand des matériaux recyclables, artisanalement ou industriellement, sont réutilisés comme intrants dans le processus de fabrication et/ou d’emballage.

I.2.3. Catégories de déchets

Les déchets ménagers sont représentés par des déchets organiques biodégradables(épluchures, restes d’aliments, déchets verts…) et y compris le verre, les plastiques, métaux, papiers et cartons auxquels s’ajoutent des déchets particuliers (piles, médicaments, produits toxiques et métaux lourds, cartouches vides, ordinateurs dépassés, téléphones portables et autres objets de la vie moderne) (Hanrahan et alii, 2006).Plusieurs critères peuvent être considérés en vue de faire une classification de déchets notamment l’état physique , l’origine ou l’activité productrice , les matériaux constitutifs , les propriétés caractéristiques  et le danger inhérent. Selon l’origine  des déchets,  on distingue les catégories suivantes :

I.2.3.1. Les déchets ménagers

Ce sont les déchets produits par l'activité quotidienne des ménages :

  • les ordures ménagères collectées à domicile ;
  • les encombrants collectés en déchèteries (gros électroménager, mobilier, matelas,) ;
  • les déchets de l'assainissement individuel (matières de vidange par exemple) ;
  • les déchets d'entretien des jardins collectés en déchèteries (tontes de pelouse, résidus d'élagage, tailles de haies…) ;
  • les déchets ménagers spéciaux collectés en déchèteries (résidus de peinture et solvant, piles, produits de nettoyage…).

I.2.3.2. Les déchets municipaux

Les déchets municipaux sont, outre les déchets ménagers, les déchets produits par les services municipaux :

  • les déchets de nettoiement (déchets de nettoyage des voiries et des marchés…) ;
  • les déchets d'entretien des espaces verts (tontes de pelouse, résidus d'élagage, tailles de haies…) ;
  • les déchets de l'assainissement collectif (boues, graisses, déchets de dégrillage, matières de curage…).

I.2.3.3. Les déchets industriels

Il s'agit des déchets résultant d'une activité professionnelle. On regroupe sous cette appellation les déchets industriels banals, les déchets industriels spéciaux et les déchets inertes.

  • Les déchets industriels banals (DIB)

Il s'agit des déchets non dangereux issus des activités économiques (industrie, commerce, artisanat, agriculture…). Leur composition est semblable à celle des ordures ménagères (on les appelle aussi " déchets assimilables aux ordures ménagères ") mais leur proportion diffère. Il s'agit du papier et carton, plastique, bois, verre, textile, caoutchouc, des métaux...

 (Appril, 2006).

Les déchets d'emballages sont des déchets appartenant à la catégorie des DIB mais qui sont soumis à une réglementation spécifique et à des objectifs de valorisation stricts (Resse, 1999).

  • Les déchets industriels spéciaux (DIS)

Les déchets industriels spéciaux proviennent, en général, des activités industrielles. Ils contiennent, en quantités variables, des éléments toxiques ou dangereux qui présentent des risques accrus pour la santé humaine et l'environnement (Bertolini G., 1996).

  • Les déchets toxiques en quantités dispersées (DTQD)

Ils sont de même nature que les DIS mais ont la particularité d'être produits en faibles quantités (en général conditionnés en containers, en fûts de 200 litres ou en bidons). Ces déchets proviennent de secteurs variés : industrie, PME, artisanat, commerces, laboratoires… (Bertolini.G et Nunesmaia,. M. F, 2002).

  • Les déchets inertes

Ce sont des déchets minéraux qui ne sont pas susceptibles d'évolution physico-chimique ou biologique (ils ne présentent donc pas de risque de pollution pour les sols et les eaux).

I.2.3.4. Les déchets organiques de l'agriculture et des industries agroalimentaires

Cette catégorie de déchets comprend :

  • les déjections animales (fumiers, lisiers) ;
  • les résidus de récoltes (pailles, rafles) ;
  • les résidus de fabrication des industries agroalimentaires

I.2.3.5. Caractéristiques des déchets solides

En vue de sa bonne gestion ultérieure, on caractérise les déchets solides par quatre paramètres essentiels : la densité, le degré d'humidité, le pouvoir calorifique, le rapport des teneurs en carbone et azote (C/N):

I.2.3.6. Principes de gestion des déchets

Selon Oxfam Québec 2007, il existe plusieurs principes de gestion des déchets dont l'usage varie selon les pays ou les régions. Dans les pays développés et dans certains en voie de développement, la gestion des déchets est basée sur une hiérarchie à trois niveaux :

I.2.4. Réduction 

Il s’agit d’une réduction de la quantité de déchets ou revalorisation des déchets à l'endroit même où ils sont générés.

I.2.5. Valorisation 

Mode d'exploitation des déchets qui vise à les transformer afin de les réintroduire dans le circuit économique. On distingue deux types de valorisation : la valorisation matière et la valorisation énergétique (Adegnika., 2002).

  1. a) La valorisation matière

La valorisation matière englobe : le réemploi, la réutilisation, le recyclage, la régénération des déchets et la valorisation organique (Anonyme, 2003).

  • Réemploi : nouvel emploi en l'état d'un déchet ou d’un produit pour un usage analogue à celui de son premier emploi (exemple : emballages consignés (palettes, bidons)) ;
  • Réutilisation : nouvelle utilisation d'un déchet pour un usage différent de son premier emploi (exemple : pneumatiques utilisés pour protéger les coques des bateaux ou en agriculture pour le maintien des bâches d'ensilage) ;
  • Le recyclage : Le recyclage se distingue de la réutilisation parce qu'il est nécessaire que la matière subisse un nouveau traitement. Exemple (Fabrication de papier incorporant des fibres provenant de vieux papiers au lieu de pâte vierge) La régénération

C’est un procédé, en général physique ou chimique, ayant pour but de redonner à un déchet les caractéristiques qui permettent de le réutiliser comme matière première Exemple (distillation de solvants souillés ,, filtration et traitement chimique des huiles de vidange)

  • La valorisation organique

Un procédé mettant en œuvre des fermentations grâce à l'action d'organismes vivants.

On distingue deux modes de valorisation organique : la bio méthanisation et le compostage.

  • Bio méthanisation : traitement biologique par voie anaérobie de matières fermentescibles produisant du biogaz et un digeste.
  • Compostage : procédé de traitement biologique aérobie de matières fermentescibles dans des conditions contrôlées. Le compostage permet d'obtenir un amendement organique relativement riche en composés humiques, le compost (Baldasano., 2004).
  1. b) La valorisation énergétique

La valorisation énergétique est un mode d'exploitation des déchets par traitement thermique ayant pour objectif de récupérer une partie de leur contenu énergétique. La  combustion y prend place dans plusieurs types d'installations :

  • les incinérateurs à déchets ménagers et assimilés
  • les cimenteries,
  • les chaudières (pour le bois essentiellement).

Dans certains pays en voie de développement, la valorisation des déchets a lieu sous une autre forme : des hommes trient à la main les montagnes de déchets pour récupérer les matériaux qui peuvent être revendus sur le marché de la récupération. Selon le rapport de la caisse française de développement (Caisse française de développement, 1995), ces travailleurs non reconnus appelés collecteurs de déchet sont la partie cachée de ce secteur d'activité mais jouent un rôle important pour réduire la charge de travail des services municipaux de gestion des déchets mais s’exposent néanmoins aux maladies , accidents suite aux contact avec les substances toxiques ou contaminées(Dor, 2000).

I.2.6. Concept de gestion intégrée et durable des déchets solides

L’assiette de la gestion intégrée et durable des déchets solides (GIDDS) se base sur une approche intégrant les dimensions environnementale, technique, sociale, socioculturelle, politico-légale, économique et institutionnelle et impliquant, à tous les niveaux de la filière, les acteurs et les institutions directement ou indirectement concernés (Brahim, 2008).

I.2.  LES DEFIS DE LA GESTION DES DECHETS MENAGERS DANS LES VILLES DE L’AFRIQUESUBSAHARIENNE

I.2.1. Un constat alarmant

L’urbanisation rapide, l’accroissement de la population urbaine et les changements d’habitudes alimentaires dans les villes d’Afrique subsaharienne sont à l’origine d’une augmentation importante de quantités de déchets ménagers.. La forte croissance urbaine entraîne en Afrique une accumulation rapide des déchets, ainsi qu’une hausse significative de la production de déchets par personne et même le changement   de la composition des déchets change, la proportion des fermentescible sa tendance à diminuer au profit d'autres types de déchets soulevant de nouveaux problèmes de recyclage (Kapepula, ,1996).

Les autorités gouvernementales ou locales s’avèrent le plus souvent incapables de trouver une solution de gestion efficace des déchets, tant au niveau de leur collecte que de leur traitement un problème qui soulève des questions sociales et politiques essentielles. La gestion des déchets ménagers possède de multiples contraints selon Tanawa en 2000 :

  • Le manque de données fiables sur la typologie des déchets, les flux, leur composition et leur répartition spatio-temporelle ;
  • Une collecte limitée par l’insuffisance de la voirie et l’allongement des distances en raison de l’extension des quartiers ;
  • Une gestion chaotique de la filière d’élimination des déchets, avec une faible intervention du secteur privé, l’absence de schéma local ou national de gestion de l’environnement urbain et surtout la multiplication des acteurs de la collecte (ONG, PME, services techniques), mal ou pas coordonnés ;
  • Un financement insuffisant et non planifié ;
  • Une réglementation insuffisante ou non appliquée ;
  • Une incertitude quant à l’évaluation des impacts environnementaux évités ou générés, Etc.

I.2.2 Quelles solutions?

L’urgence est tout d’abord d'organiser une collecte régulière et effective. Plus généralement, les réformes des modes de gestion et d’élimination des déchets doivent respecter quatre principes majeurs :

  • La réduction des flux à la source ;
  • La collecte généralisée à tous les quartiers ;
  • Utiliser des méthodes de collecte et de transport adaptées aux infrastructures en place ;
  • La promotion de la valorisation de certaines catégories de déchets (déchets organique, plastique),
  • Le stockage sécurisé.

Au niveau institutionnel, des objectifs nationaux et locaux doivent être définis, les responsabilités techniques, financières et juridiques réparties. Les communes doivent choisir entre une gestion propre ou déléguée, plus intégrée impliquant les habitants, institutions locales, nationales ou étrangères et le secteur privé doit être mise sur pied (Sandra, 2006).

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