I.1. PRESENTATION MONOGRAPHIQUE DU TERRITOIRE DE FIZI.
Le territoire de Fizi est l’un des huit territoires traditionnels qui constitue la province du Sud-Kivu, se situe dans la province du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo, l’actuel territoire de Fizi était créé par l’ordonnance loi du 08 Aout 1935.[1]
Cependant, crée en 500 AV. JC. Portant le nom de ESSE ou EBALO’YA M’MBEMBE ou Etat de Bembe, le 15 Avril 1926 il devient également le territoire Bembe, Il partage administrativement les frontières au nord par le territoire d’Uvira et Mwenga, au Nord-Ouest par le territoire de Shabunda, à l’ouest par le territoire de Kabambare(Maniema), au Sud le territoire est bornée par le lac Tanganyika au-delà de la presqu’île d’Ubwari qui conforme la frontière avec les pays voisins notamment au nord-Est, le Burundi et au Sud- l’Est la Tanzanie, est un territoire de 15786 Km2 de superficie, il est subdivisé en 4 collectivités dont LULENGE, MUTAMBALA,NGANDJA et TANGANYIKA. Sa population est à 849.919 habitants.
Le territoire de Fizi comprend 4 secteurs à savoir :[2]
No |
Secteurs / ou collectivités |
Date d’arrête |
Chef-lieu |
Groupements |
01 |
SECTEUR DE MUTAMBALA |
06 /08/ 1937 |
BARAKA |
-BASIMUKINDJE -BALALA SUD -BASIMUKUMA II -BATOMBWE -BABWARI |
02 |
SECTEUR DE TANGANYIKA |
06 /08/ 1937 |
MBOKO |
-BASILOTCHA -BASIMUKUMA I -BASIMUNYAKA I -BALALA NORD -BALUNGWE II |
03 |
SECTEUR DE NGANJA |
12 /07/ 1937 |
LUBONDJA |
-BABUNGWE II -BASHIKALANGWA |
04 |
SECTEUR DE LULENGE |
31 /07/ 1951 |
KILEMBWE |
-BASIKASINGO -BASIKALANGWA |
Ceux qui donnent une superficie de 15.786km² du territoire de Fizi en général.
A la tête du territoire, il y a un Administrateur du Territoire et deux Administrateurs du Territoire Assistants. Compte tenu de l'immensité des territoires le gouvernement central a créé des postes d'encadrement administratif dirigés par des administrateurs de territoires assistants résidents ou par les chefs de postes d'encadrement administratif. C'est dans le but de rapprocher les gouvernants des gouvernés.
A côté de l'autorité administrative, il y a les autorités coutumières. Ainsi à la tête de chaque collectivité, il y a un chef de collectivité communément appelé Mwami (roi). Celui-ci est le garant de la coutume et la succession à la tête de la collectivité se fait de père en fils. Bien que travaillant avec l'autorité administrative, les chefs coutumiers ont une certaine indépendance vis-à-vis d'elle. A la tête de chaque groupement, il y a un chef de groupement souvent issu de la famille royale directement ou indirectement. Chaque groupement est formé de plusieurs villages avec à sa tête un chef du village nommé et révoqué par le chef de groupement après avis du chef de collectivité.
Le territoire de Fizi est situé en 3°32’ et 5° latitude sud, il est compris entre 27° 5’ et 29° 5’ longitude Est. De l’altitude, le territoire de Fizi est subdivisé comme suit :
Le littoral du lac TANGANYIKA et la plaine de LWAMA se trouvent à moins de 800m d’altitude.
Les moyens plateaux se situent à moins de 2000m d’altitude.
Les hauts-plateaux se situent à plus de 2000m d’altitude.
Le territoire de Fizi connait deux types de climats, le plateau d’ITOMBWE se trouvant à 2000m d’altitude qui jouit d’un climat de montagne tempéré. Ce climat est senti à Fizi, chef-lieu du territoire situé à 1540m d’altitude. Mais la plaine littorale de la côte occidentale du lac Tanganyika connait NEESSEE, cité par SAIDI ALO-IBYA SANGO et Nelson BYAENE.
Un climat tropical chaud avec une saison sèche qui va de mai à septembre et une saison de pluie d’octobre en août. Cette longue saison de pluie est entrecoupée par une courte saison sèche du 15 janvier au 10 février. Ainsi, la température varie de 35° à 25° sur le littoral du lac Tanganyika et la plaine de LWAMA.
Sur les moyens plateaux, la température est de 20° à 25° pendant la saison pluvieuse et de plateaux varie de 20° à 10° pendant la saison pluvieuse, 15° à 5° pendant la saison sèche.
Le territoire est dominé par un relief montagneux qui se présente sous trois ensembles différents des étroites plaines : une au bord du lac Tanganyika et l’autre le long de la rivière Lwama, des plateaux entre le littoral et entre la plaine de Lwama et la chaîne de Mitumba qui est une zone des hauts plateaux pouvant atteindre jusqu’à 3000m d’altitude.
Fizi connait des lourdes et abondants précipitations durant la saison des pluies qui va de septembre en avril, l’hydrographie de Fizi est enrichie selon les endroits par plusieurs cours d’eau dont les plus importants sont : AMBAULU, NGOVI, LUSENDA, LUBUMBA, LWEBA, MUTAMBALA, SANGYA, NEMBA, LWINDI et LUSENDO. Ces rivières se jettent dans le lac Tanganyika, tandis que EHELO, ASOLU, ATAMO, NAMBALA, ELOMBWE se jettent dans la rivière Lwama qui, à tour, alimente le fleuve Congo.
La végétation est constituée de forêt des bambous sur les moyens plateaux. A divers endroits de cette entité, il y a des savanes boisés et herbeuses, le massif d’Ubwari a une forêt dense.
Cette végétation est sauvagement défrichée par le feu de brousse favorisé par le fabricant des braises des bois et cuisson des briques.
Le peuplement du territoire de Fizi est hétérogène. Il est constitué de plusieurs tribus qui sont :
Les Babembe, dont le territoire portait le nom "territoire de l’Ubembe" Ils sont majoritaires. Ils constituent 90% de la population. Ils seraient venus de l’Afrique du Nord-Ouest vers les années 1300. Cette communauté a une organisation sio-politique segmentaire elle n’a pas de Mwami commun, le pouvoir s’arrête au niveau du clan, Ils sont présents dans tous les secteurs et groupements du territoire. Leur mode de vie est sédentaire qui les pousse à pratiquer l’agriculture, la pêche, la chasse, l’élevage, le commerce et l’artisanat, sa langue est le Kibembe qui connait des interférences selon les secteurs ou collectivités (LULENGE, NGANDJA, MUTAMBALA, TANGANYIKA).
Cette communauté est très solidaire, cette solidarité se traduit par plusieurs pratiques dont "Esale" travail en commun, le repas en commun, c’est l’illustration manifeste du principe de chacun selon ses capacité.
Pour certains "BANYAMULENGE"[5] pour d’autres," Banyarwanda "[6] Ils sont évidemment originaires du Rwanda. Ils sont immigrés du Rwanda, soit pour des maladies de leurs bétails, soit pour fuir la guerre qui opposait les Bahutu aux Tutsi.
Ils se baptisèrent « BANYAMULENGE » pour revendiquer la nationalité « zaïroise » ou « congolaise », les postes de prise de décision dans le gouvernement. Ils se seraient installés d’abord à Lemera, après la plaine de la Ruzizi et avant d’entrer dans le territoire de Fizi et de Mwenga (Itombwe).
Ce sont des riverains qui auraient occupés la plaine littorale les premiers après les pygmées. Ils sont MASANZE, BAGOMA et BURORI. Leur origine serait la province du sud du Katanga, le long du lac Tanganyika. Leurs principales plages sont BUMA, ONA, DINE, MBOMA, SOME, MASANGYE, LWEBA, ANGETA, ELE et LAMBA. Ils furent conduits par MULAMBA NGONGO MWENEMASANZE.
Ils sont les résultats des migrations récentes. La recherche des terres arables et des activités génératrices des recettes (comme, pêche, carbonisation du bois) serait à l’origine de leurs migrations, ce retrouvent surtout dans le secteur de Tanganyika limitrophe au territoire d’Uvira. Des mouvements remarquables vers le territoire de Fizi ont eu lieu dans les années 1957 lors de la promotion des paysannats cotonniers dans Fizi.[7]
Les Bacwa sont les premiers occupants de ce territoire,[8] ils sont très peu nombreux, ils vivent, certains dans la forêt et d’autres se sont intègres aux Babembe. Ils sont chasseurs.
Les Babuyu est une communauté bantou, ils sont dans le territoire de Kabambare en province de Maniema et dans le groupement de Basikasingo, secteur de Lulenge, en territoire de Fizi, dans le Sud-Kivu.
Les deux dernières guerres (1996, 1998), ont attisé les conflits latent entre les Babuyu et les Babembe de Lulenge à Lulenge.[9]
Les Barundi qui sont dans le territoire de Fizi sont des réfugies, rescapés des événements politiques qui ont ensanglanté le Burundi en 1972, et actuellement en 2015 leurs camp des refugies c’est trouvé à LUSENDA.
Il n’est pas possible d’éviter les conflits, il est alors nécessaire d’essayer de le résoudre de la maniéré la plus possible.
La résolution réussie d’un conflit se base sur une compréhension précise et complète du conflit. « Il n’Ya pas de société dans conflits » une société sans conflit n’existe pas et n’existera jamais. En effet, aucune société n’est un ensemble homogène, uniforme ou définit.
Les relations dans la société et qu’une société sans conflit est une société immobile, dans histoire, résoudre le conflit fait progresser la société.[10]
A partir du moment ou deux ou plusieurs entités cohabitent, elles peuvent avoir des points de vue divergents ce qui est déjà un premier pas vers le conflit qui peut avoir plusieurs dimension variant de simple échanges verbaux à la violence physique.
Aux contraires, toute société est constituées de groupes sociaux dont les valeurs, l’intérêt et les objectifs ne coïncident généralement pas les uns avec les autres.[11] Les conflits a une dimension socio culturelle et économique, un fort potentiel destructif et constructif et donc pouvant générer dans sa résolution un cout socio culturel, économique et écologique.
Hiellriegal et alii parlent des conflits objectifs, conflits cognitifs et conflit affectifs.[12]
Le conflit fait ainsi partie de la société comme l’oxygène est un constituant de l’eau : c’est un fait qu’il ne sert à rien de refuser ou de nier.
« Il faut donc apprendre à reconnaitre le conflit, à le vivre et le gérer au mieux »
La conception selon laquelle le monde doit cheminer dans la paix parfaite est fausse, nous devons savoir interpréter la règle de trois (N) qui dit que le conflit est Naturel, Normal et Neutre.
Le conflit est la situation dans laquelle deux personnes, deux groupes, organisation, classe sociale, nations, ou deux ensembles d’individus sont en désaccord par rapport à un objectif commun, ou à cause d’un objet précis lorsque les buts, les actions, ou les comportements de l’une sont incompatibles avec ceux de l’autre à un moment précis et dans un lieu précis.
Une divergence de point de vue, d’idées, de position etc.
Le conflit se passe entre deux entités aux points de vue divergents
Pour le «Quaker Peace center» le conflit est ce qui arrive quand nos différences semblent nous pousser dans les directions différentes.[15]
Il existe plusieurs types de conflits en fonction des acteurs qui y sont impliqués
Chaque individu possédé ses propres référentiel, ses valeurs, ses besoins, ses désirs, la présence d’une autre personne peut déclencher des réactions à partir des différentes contradictions.
Les conflits selon leurs causes peuvent être classés en trois grandes catégories.
Quand un conflit éclate, les différentes attitudes développées par les secteurs du conflit peuvent être de plusieurs natures.
Cela suppose également de développer certain attitudes ou dialogue et à la négociation et de s’entrainer à de couvrir les meilleurs voie possible. [17]
Les acteurs d’un conflit sont les protagonistes, ceux qui s’affrontent physiquement, matériellement, idéologiquement ou financièrement.
Dans tout conflit il faut distinguer ceux qui sont dans l’arène et ceux qui les soutiennent c’est-à-dire ceux qui s’affrontent directement même si souvent ils peuvent être des bras manipulés d’ailleurs et ceux qui actionnent ou alimentent ces bras. Ce sont :
Les Acteurs, qu’ils soient directs ou indirects peuvent être internes (sur le même site que les protagonistes) et / ou externes (en dehors du site de l’affrontement).
[1] SIWATWA M.E, cite par MBOBOCI ENOKO ; les coutumes Bembe face à l’évangile, TFC Inédit, ISP-BUKAVU, 1987, P19
[2] Rapport du territoire de Fizi, 2015.
[3] Rapport annuelle du territoire de Fizi, 2015
[4] MANDJUMBA MWANYIMI-MBOMBO, chronologie Générale de l’histoire du Zaïre (des origines à 1988), Kinshasa, centre de recherche pédagogiques, 1989, p 42
[5] MUTAMBO JOSEPH, Les Banyamulenge, Kinshasa, saint Paul, 1997, p 42
[6] WABASOMBA MUGENI, op.cit. Pp 8-9
[7] WILONGOLA COSMA, op. cit. p.24
[8] WABASOMBA MUGENI, op.cit. P.8
[9] La mini-conférence provinciale sur la restauration d’un climat de paix dans la province du Sud-Kivu et la sous-région des Grands-Lacs Africans organisées par ADEPAE, Panzi/Bukavu du 10 au 12 juillet 2000.
[10] G. BOUBAULT, du conflit a la médiation in médiation publié par non-violence actualité, éd. Montargis, Paris 1993, P 5
[11] Guide méthodologique de PGC Avril 2008
[12] HIELLRIEGEAL et alii, cite par BYA’ENE ESONGO Nelson, quel chemin de réconciliation par l’Afrique des Grands-lacs brisée par la violence.
[13] CDJP, Education au processus de paix, vivre en paix avec tous, Bukavu, septembre et décembre 1999, p3
[14] K. IRUMBO, Cours de Paxologie approfondie, L2/CUP – BUKAVU, Année 2016
[15] BERENICE DE LA CROIX et alii p.8
[16] K. IRUMBO Cours de Paxologie approfondie, L2 CUP Bukavu, 2015-2016
[17] Y. BAILLY, FRANCOIS, BOZIER, la médiation © non-violence actualité, 20 rue devidet 1993, p 8
[18] Idem