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CHAPITRE I. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET GEOLOGIQUE

I.1. CADRE GEOGRAPHIQUE

I.1.1. Localisation

A. Région aurifère de Kilo

La région aurifère de Kilo se trouve dans le territoire de Djugu de la province d’Ituri, au Nord-Est de la République Démocratique du Congo (figure 1).

Figure 1. Carte administrative de la province d’Ituri (http://www.caid.cd).

La région de Kilo est comprise en gros entre 29°40’ et 30°30’ de longitude Est et 1°10’ et 2°30’ de latitude Nord ; la moitié Sud représente la partie la plus intéressante et la mieux connue (Woodtli, 1957).

B. Région aurifère de Moto

La région aurifère de Moto se trouve dans le territoire de Watsa au Sud de la province de Haut-Uélé en République Démocratique du Congo. Cette province se situe au Nord de la province d’Ituri (figure 2).

Figure 2 : Carte administrative de la province de Haut-Uélé (http://www.caid.cd).

La région de Moto s’étend en longitude du méridien 29°20’ Est au méridien 29°50’ Est et en latitude du parallèle Nord 2°50’ au parallèle Nord 3°. (Tervuren, 2005)

I.1.2. Relief et altitude

 La majeure partie de cette zone est constituée d’une pénéplaine doucement ondulée qui s’étend entre 700 et 900 m d’altitude mais s’élève à l’Est jusqu’à 1.000 m. Le relief généralement doux est ponctué de massifs bas, couvrant jusqu’à 20 Km2 ou plus et s’élevant de 50 à 300 m au-dessus de la pénéplaine le long d’anciennes lignes de fracture du bouclier gondwanien. Ces massifs se joignent en chaîne spectaculaire d’inselbergs granitiques exposant de larges pans de roches dénudées. Celle-ci s’étend sur plus de 100 Km d’Est à l’Ouest le long de la rivière Ituri et de la Nepoko dans le Nord de la zone d’étude. (Ituri_SOF2006_fr)

I.1.3. Hydrographie et climat

Un réseau hydrographique riche en ruisseaux et rivières traverse les concessions de Kilo et de Moto. Elles sont couvertes d’un réseau dense de cours d’eau permanents qui alimentent le haut Ituri et ses affluents : les rivières Epulu, Nepoko, Nduye, Lenda, Ebiena et Ngayu.

La température journalière moyenne varie sur l’année entre 23 et 25,5°C. Les précipitations annuelles sont en moyenne de 1.000 mm. Les saisons de pluies et sèches varient différemment au Nord et au Sud. La pluviométrie est bimodale avec des saisons des pluies centrées sur les équinoxes et des périodes sèches centrées sur les solstices.

Durant les saisons sèches, le ciel est absolument sans nuages, l’humidité est faible et l’évaporation très élevée. (Ituri_SOF2006_fr)

I.1.4. Sols et végétation

Les sols de la partie N-E congolaise, où se trouve la zone de Kilo-Moto, sont issus en majeure partie des granites et quartzites altérés du bouclier gondwanien. Les sols vont des oxysols rouges, fins et hautement altérés, à des argiles sableuses jaunes ou brunes. Des dépôts alluvionnaires occupent les rives des cours d’eaux et les bassins mal drainés des têtes des nombreuses rivières. 

La majeure partie est couverte des forêts denses semi-sempervirentes de terre ferme à canopée fermée. Au Nord et à l’Est, ainsi que sur des pentes sèches, existe une forêt semi-caducifoliée dont la canopée comprend plus d’essences héliophiles et une proportion croissante. (Ituri_SOF2006_fr)

I.2. CADRE GEOLOGIQUE REGIONALE

I.2.1. Vue d’ensemble de la géologie de la RDC

En générale, la géologie de la RDC est caractérisée par deux grands ensembles structuraux séparés par une discordance (une lacune importante) :

  • Les formations de soubassement (terrain précambrien) métamorphiques et plissées formant un anneau ininterrompu autour du bassin du Congo ;
  • Les formations de couverture (terrains phanérozoïque) non métamorphisés, généralement fossilifère et d’âge compris entre le carbonifère supérieur et l’Holocène. (pagewebcongo.com)
  1. Les terrains de soubassement

Le socle ou soubassement est subdivisé en unités tectostratigraphiques. Il s’agit dans un premier temps :

  1. Des boucliers archéens d’âge supérieur ou égal à 2500 Ma affleurant au Congo septentrionale et au Kasaï. La partie septentrionale comprend, outre le Nord-Kivu et le Ruwenzori, la région qui s’entend de la crête de partage des eaux Congo-Nile à l’Est, au bassin versant de l’Ubangui à l’Ouest. Les formations géologiques y signalées sont des séries cristallophiliennes formées principalement de micaschiste, de quartzites, de schistes graphiteux et de gneiss ;
  2. De la ceinture du précambrien inférieur et moyen (2500 à 1300 Ma) dont les sédiments se sont déposés dans des zones mobiles méridienne situées sur les bordures Est et Ouest du craton et dans de fossés intracratoniques transverses. La partie méridionale on trouve la plus grande partie de la province du Katanga ainsi qu’une portion du Kasaï-Oriental ;
  3. La couverture du Précambrien supérieur appelé le Katagien dont les sédiments se sont déposés sur les plates-formes épicontinentales et dans les aires subsidents du craton du Congo (Katanga plissé et tabulaire).

Ce substratum regroupe l’ensemble des formations magmatiques et métamorphiques mises en place durant la période comprise entre l’Archéen et le Néoprotérozoïque (3,3 et 0,57 Ga) :

  • Des zones cratoniques : Kasai, W. Nilien, Bilatien (3,3 - 2,5 Ga) ;
  • Des chaînes mobiles : Ubendien, Lukoshien, Kibalien (figure 3) et Zadinien (Paléoprotérosoique : 2,5 – 1,4 Ga) ;
  • Kibarien, Burundien, Moyombien (Mésoprotérosoique : 1,4 – 0,9 Ga) ;
  • Panafricain : Katanguien, Lindien, Bushimay, Ouest Congolien (Néoprotéroique : 0,9 – 0,57 Ga).
  1. Les terrains de couvertures

On regroupe, dans cet ensemble, tous les dépôts reposants en discordance sur les terrains du soubassement. La couverture se compose essentiellement de terrains d’âge Paléozoïque au Tertiaire et même de Quaternaire. (www.pagewebcongo.com)

Le Paléozoïque affleure dans la Province Orientale antienne, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema et Katanga septentrional. Le Mésozoïque est représenté par : la série du Kwango (crétacé supérieur) ; la série de Lualaba (crétacé inférieur) ; l’étage de Kisangani (Jurassique).

Il s’affleurement en quatre zones :

  1. Une zone littorale, comprise entre l’Océan Atlantique et les monts du Mayumbe (Monts de Cristal), des formations marines d’âge tertiaire et crétacique y sont bien développées ;
  2. La cuvette centrale où s’étalent les dépôts d’âge mésozoïque. Des vastes terrains affleurent sur le pourtour de la Cuvette ;
  • La bordure de terrains anciens subdivisée en six régions non raccordables ;
  1. Les fossés tectoniques de l’Est du Congo occupés par des formations cénozoïques particulières et siège d’un volcanisme récent. (www.pagewebcongo.com)

Entre Moto et Kilo, le granite affleure, du Nord au Sud, sur une centaine de kilomètres

(figure 3).

Fig. 3 : Partie Nord-Est de la carte géologique de la RDC ECHELLE : 1/2.500.000. MUSÉE ROYAL DE L’AFRIQUE CENTRALE, (Tervuren, 2005).

I.2.2. Géologie locale

Dans ce paragraphe il sera question d’énumérer et de décrire successivement les principales roches qui se rencontrent sur la concession de Kilo et de Moto.

On a souvent décrit la région Kibalienne de Kilo comme un vaste synclinorium résidu épargné par l’érosion, d’un ensemble infiniment plus étendu autrefois. Il semble plus complexe. Trois formations principales participent à sa constitution géologique : - Un substratum de roches granitoïdes ; - Une couverture d’amphibolites en contact normal avec le précédent ; - Des roches affectées par un métamorphisme épizonal auxquelles surtout d’applique le terme local « système du Kibali » ou Kibalien.

Un faisceau d’intrusion doléritique recoupe, sous forme de dykes, les formations précédentes. En fin, des dépôts plus récents se rencontrent au S.E. d’Irumu et dans le fossé albertin (Legraye, 1940).

Les roches granitoïdes comportent plusieurs variétés suivantes au fur et à mesure qu’on s’éloigne du cœur du massif vers la périphérie ;

Les dolérites (ou diabases) intrusives dans les formations précédentes sous forme de dykes (la texture de ces roches est généralement ophitique, quelquefois porphyrique, plus rarement grenue) ;

Les roches granitiques prédominent largement (Woodtli, 1957).

A. Lithostratigraphie

Les régions aurifères de Kilo et de Moto sont constituées des terrains précambriens compris entre l’Achéen et le Protérozoïque. Il s’agit des roches métasédimentaires, métavolcaniques et les granites intrusifs.

La carte géologique du Congo Belge distingue, outre les formations récentes et celle du Karoo, des formations anciennes (groupe du Kibali et complexe cristallophyllien et des roches éruptives) granitiques et basiques (Lavreaux et Ledent, 1975).

  • Groupe du kibali : grès-arkoses, grès et schistes métamorphiques, schistes graphiteux, phyllades et schistes phylladeux, passant localement des itabirites, chloritoschistes, schistes à staurotide, avec quartzites et quartzophyllades, calcaires cristallins, poudingues.
  • Complexe cristallophyllien : des massifs granitiques accompagnent les roches cristallophyliennes c’est-à-dire roches présentant dans leur ensemble une cristallinité plus développée que les précédentes. Elles sont largement représentées dans le Nord-Est du Congo. À certains endroits, elles paraissent constituer le soubassement ; ailleurs, leurs relations avec les autres systèmes sont imprécises. Les roches les plus caractéristiques sont des gneiss, des micaschistes, des hâlleflinta, des quartzites, des amphibolites, des calcaires cristallins, des conglomérats, etc. (Legrye M. 1940).
  • Les roches éruptives comprennent des granites, des roches syénitiques et des roches basiques.

Les roches Kibaliennes possèdent une caractéristique avec des granites (sensu latissimo, et que nous appellerons dès lors granitoïdes) constituant un immense batholite que nous baptiserons « Massif granitoïde du Haut-Zaïre » : toutes les plages kibaliennes se trouvent en effet soit incluses, soit disposées à la limite de ce Massif granitoïde, à l’exception toutefois de celles qui sont situées à proximité et de part et d’autre de la frontière zaïro-ugandaise (fig. 4) (Lavreaux et Ledent, 1975).

  • 111,11Km  

Fig. 4 : Esquisse géologique du Haut-Zaïre, d’après Lepersonne (1974).

L’entité Massif granitoïde plus Kibalien est limitée :

A Nord par le Complexe gneissique ouest-nilien et par une bande de Lindien plissé,

À l’Est par ce même Complexe et les Fossés tectoniques,

Au sud par des chaînes plus récentes et par le Lindien tabulaire,

À l’ouest par le Complexe amphibolitique et gneissique du Bomu (Lepersonne, 1974).

Les relations entre ces unités sont les suivantes :

Certains granites, tel le granite de Bondo, recoupent le Complexe du Bomu et ont été considérés comme des satellites du Massif granitoïde (Aderca, 1952 et Lepersonne, 1971) ; ces granites sont postérieurs, au moins en partie (car il pourrait exister plusieurs générations de granites au sein du Massif granitoïde), au Complexe du Bomu.

Le Ganguen, qui postdate certains éléments de ce complexe, est considéré par ces mêmes auteurs comme étant affecté par le Massif granitoïde (veines aplitiques et quartziques) ; le Ganguen serait donc postérieure au Massif.

Les relations entre le Massif granitoïde et le Kibalien d’une part, et les gneiss ouest-niliens de l’autre ne sont pas connues avec certitude au long de la longue bande de roches kibaliennes qui va de Dungu au 30e méridien (figure 4).

Le Kibalien semble plonger sous les gneiss (Antoine, 1937), mais cette structure pourrait être d’acquisition récente car la zone de contact se trouve dans le prolongement de la zone de Lindien plissé (Lepersonne, 1971).

Une étude bibliographique sur les formations géologiques de la partie N-E congolaise montre que la succession lithostratigraphique dans cette région, tel que résumé par Tshinyama et al.  2007, in Robinsion 2008 est composée de haut en bas de :

Phanérozoïque

  • Formations post Karoo (Permien supérieur) : elles sont essentiellement représentées par Lateritc cuiriasse.
  • Formations Karoo (Permien inférieur) : elles sont formées de schistes noirs, de dépôts éluvionnaires et alluvionnaires.

Protérozoïque

  • Formations Lindiennes (Néoprotérozoique) : composé des argilites noires et des grès intercalés avec des grès arkosiques, des grès micacés rouges, des conglomérats et un certain nombre de digues de base.
  • Formations Kibaliennes : est composé de :
  • Kibalien supérieur (Mésoprotérozoïque, paléoprotérozoïque et une partie de l’Archéen) qui recouvre sans équivoque le Kibalien inférieur,
  • Kibalien inférieur (Archéen) subdivisé en deux :
  • un complexe paragneissique : composé de gneiss indifférenciés et Amphibolites.
  • un complexe orthogneissique ancien : compose de granites granulés métamorphosés à orthogneissique et de migmatite.

B. Tectonique

Woodtli, 1957 distingue dans les phénomènes tectoniques deux époques nettement distinctes par leur âge et leur style :

  • La tectonique ancienne, celle du Kibalienn caractérisée par des déformations tangentielles, que nous commençons seulement à découvrir ;
  • La tectonique récente, caractérisée par des failles radiales, souvent injectée par des dolérites ; les blocs délimités par ces failles ont joué dans le sens vertical comme les touches d’un gigantesque clavier (Woodtli, 1957).

C. Minéralisation

A Kilo, l’or connu à l’état natif seulement s’associe surtout au quartz filonien. On le trouve aussi dans les veines d’albitite silicifiée, dans des itabirites, dans des mylonites et au sein de l’ensemble complexe qui cimente certaines «shearzones». Dans la région de Senzere-Maranga, il apparaît quelquefois en l’absence complète de quartz sous forme de films et de plaquettes parmi les schistes chlorileux-talqueux. Les sulfures accompagnent parfois l’or, mais leur présence n’est pas indispensable. Il s’agit principalement de pyrite, parfois de pyrrhotine ; le mispickel et la chalcopyrite sont rares; à Senzere on a rencontré une fois de la blende.

Legraye (1940) lie la formation des gisements aurifères à la Cristallisation fractionnée d’un batholithe granitique, intrusif dans le complexe de roches vertes d’origines et de compositions diverses qu’on appelle « Kibalien ». Au cours de sa consolidation, la zone du batholithe a donné naissance à des différenciations, les granites quartzeux, pegmatites, aplites de feldspath et de quartz, filons de quartz. La minéralisation aurifère a eu tendance à se concentrer dans ces différenciations. Les produits différenciés ont monté, soit dans le granite consolidé, soit dans le granite en voie de consolidation et ont formé des coupoles et dômes adventifs dans le grand dôme du batholithe, ainsi que des filons et filonnets de pegmatites, aplites et quartz qui, profitant des joints des diaclasés, des zones laminées et foliacées, se sont mis en place dans les roches intrusives déjà consolidées, aussi. Bien que dans les roches des formations du Kibali envahies par les roches granitiques. (Legraye, [1]940. p. 81). 

  • Exploitation

Les minéralisations âgées de 1800 millions d’années, appartiennent au type Kibalien. Ce type comprend les gisements exploités par l’OKIMO à Kilo et à Moto (350T extraites et 500 T de réserves) ainsi que des gisements tels que ceux d’Adumbi-Kitenge et de Yindi, le long de la Ngayu, affluent de l’Aruwimi.

La minéralisation primaire est à pyrite-pyrrhotite-arsenopyrite, avec traces locales de chalcopyrite, galène et plus rarement sphalérite et covellite. Elle est disséminée dans les formations schisteuses et dans les roches vertes.

Les sédiments remaniés ont donné naissance à des bancs quartzeux à ankérite-pyrite et des filons quartz-calcite riches en or, atteignant localement 60g/t. Leur âge est de 1800 millions d’années.

  • Teneur

La teneur moyenne extraite en 1959 à Adumbi-Kitenge comprenait 12-13g/t dans les stockwerks et les filons de quartz, 2g/t dans les Banded Iron Formations (itabirites) et 4g/t dans les roches vertes et les formations schisteuses : soit un total de 1.3Mt à 6,7g/t. Les réserves sont évaluées  à 30 T Au à Adumbi et à 13 T Au à Yindi.

Les gîtes de la Province Orientale dans les lambeaux kibaliens de Kilo et de Moto, sont rapportés aux types filons et stockwerks quartzeux (filons entrecroisés) et amas disséminés (Legraye, 1940 ; Duhoux, 1950).

Les gîtes du type amas disséminés se situent dans la partie supérieure de la séquence volcanogène (Gorumbwa, Agbarobo) et la partie inférieure de la séquence détritique (Durba).

Le gisement de Gorumbwa consiste en un corps tabulaire, de 150 m de large et 15 m de puissance, interstratifié dans les albitites schistoïdes imprégnées de pyrite ; l’ensemble plonge vers le NNE avec une pente de 25 à 30 °. Les teneurs en or se maintenant entre 15 et 18 g/tonne,  la production de  sulfures oscille entre 2 et 10% mais est généralement inférieure à 4 %. L’or contient 20 à 25 % Ag et 3 % Cu.

Le gisement d’Agbarobo, distant de quelques kilomètres de Gorumbwa, est encaissé dans des schistes albitisés à talc, séricitisé, quartz et carbonates. La teneur moyenne est de 50 g/tonne.

Le gisement de Durba se situe dans un niveau comprenant jaspes bruns pyriteux et schistes graphiteux, intercalés dans des quartzites et des tufs. Seule la partie superficielle, dont la teneur varie entre 6 et 8 g/tonne, est connue.

  • Forme de la minéralisation

Dans le lambeau kibalien de Kilo, les minéralisations aurifères du type filonien (contrôle structural) sont localisées en bordure de massifs granitiques intrusifs (Makabu, 2013).

 

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