La région aurifère de Kilo se trouve dans le territoire de Djugu de la province d’Ituri, au Nord-Est de la République Démocratique du Congo (figure 1).
Figure 1. Carte administrative de la province d’Ituri (http://www.caid.cd).
La région de Kilo est comprise en gros entre 29°40’ et 30°30’ de longitude Est et 1°10’ et 2°30’ de latitude Nord ; la moitié Sud représente la partie la plus intéressante et la mieux connue (Woodtli, 1957).
La région aurifère de Moto se trouve dans le territoire de Watsa au Sud de la province de Haut-Uélé en République Démocratique du Congo. Cette province se situe au Nord de la province d’Ituri (figure 2).
Figure 2 : Carte administrative de la province de Haut-Uélé (http://www.caid.cd).
La région de Moto s’étend en longitude du méridien 29°20’ Est au méridien 29°50’ Est et en latitude du parallèle Nord 2°50’ au parallèle Nord 3°. (Tervuren, 2005)
La majeure partie de cette zone est constituée d’une pénéplaine doucement ondulée qui s’étend entre 700 et 900 m d’altitude mais s’élève à l’Est jusqu’à 1.000 m. Le relief généralement doux est ponctué de massifs bas, couvrant jusqu’à 20 Km2 ou plus et s’élevant de 50 à 300 m au-dessus de la pénéplaine le long d’anciennes lignes de fracture du bouclier gondwanien. Ces massifs se joignent en chaîne spectaculaire d’inselbergs granitiques exposant de larges pans de roches dénudées. Celle-ci s’étend sur plus de 100 Km d’Est à l’Ouest le long de la rivière Ituri et de la Nepoko dans le Nord de la zone d’étude. (Ituri_SOF2006_fr)
Un réseau hydrographique riche en ruisseaux et rivières traverse les concessions de Kilo et de Moto. Elles sont couvertes d’un réseau dense de cours d’eau permanents qui alimentent le haut Ituri et ses affluents : les rivières Epulu, Nepoko, Nduye, Lenda, Ebiena et Ngayu.
La température journalière moyenne varie sur l’année entre 23 et 25,5°C. Les précipitations annuelles sont en moyenne de 1.000 mm. Les saisons de pluies et sèches varient différemment au Nord et au Sud. La pluviométrie est bimodale avec des saisons des pluies centrées sur les équinoxes et des périodes sèches centrées sur les solstices.
Durant les saisons sèches, le ciel est absolument sans nuages, l’humidité est faible et l’évaporation très élevée. (Ituri_SOF2006_fr)
Les sols de la partie N-E congolaise, où se trouve la zone de Kilo-Moto, sont issus en majeure partie des granites et quartzites altérés du bouclier gondwanien. Les sols vont des oxysols rouges, fins et hautement altérés, à des argiles sableuses jaunes ou brunes. Des dépôts alluvionnaires occupent les rives des cours d’eaux et les bassins mal drainés des têtes des nombreuses rivières.
La majeure partie est couverte des forêts denses semi-sempervirentes de terre ferme à canopée fermée. Au Nord et à l’Est, ainsi que sur des pentes sèches, existe une forêt semi-caducifoliée dont la canopée comprend plus d’essences héliophiles et une proportion croissante. (Ituri_SOF2006_fr)
En générale, la géologie de la RDC est caractérisée par deux grands ensembles structuraux séparés par une discordance (une lacune importante) :
Le socle ou soubassement est subdivisé en unités tectostratigraphiques. Il s’agit dans un premier temps :
Ce substratum regroupe l’ensemble des formations magmatiques et métamorphiques mises en place durant la période comprise entre l’Archéen et le Néoprotérozoïque (3,3 et 0,57 Ga) :
On regroupe, dans cet ensemble, tous les dépôts reposants en discordance sur les terrains du soubassement. La couverture se compose essentiellement de terrains d’âge Paléozoïque au Tertiaire et même de Quaternaire. (www.pagewebcongo.com)
Le Paléozoïque affleure dans la Province Orientale antienne, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema et Katanga septentrional. Le Mésozoïque est représenté par : la série du Kwango (crétacé supérieur) ; la série de Lualaba (crétacé inférieur) ; l’étage de Kisangani (Jurassique).
Il s’affleurement en quatre zones :
Entre Moto et Kilo, le granite affleure, du Nord au Sud, sur une centaine de kilomètres
(figure 3).
Fig. 3 : Partie Nord-Est de la carte géologique de la RDC ECHELLE : 1/2.500.000. MUSÉE ROYAL DE L’AFRIQUE CENTRALE, (Tervuren, 2005). |
Dans ce paragraphe il sera question d’énumérer et de décrire successivement les principales roches qui se rencontrent sur la concession de Kilo et de Moto.
On a souvent décrit la région Kibalienne de Kilo comme un vaste synclinorium résidu épargné par l’érosion, d’un ensemble infiniment plus étendu autrefois. Il semble plus complexe. Trois formations principales participent à sa constitution géologique : - Un substratum de roches granitoïdes ; - Une couverture d’amphibolites en contact normal avec le précédent ; - Des roches affectées par un métamorphisme épizonal auxquelles surtout d’applique le terme local « système du Kibali » ou Kibalien.
Un faisceau d’intrusion doléritique recoupe, sous forme de dykes, les formations précédentes. En fin, des dépôts plus récents se rencontrent au S.E. d’Irumu et dans le fossé albertin (Legraye, 1940).
Les roches granitoïdes comportent plusieurs variétés suivantes au fur et à mesure qu’on s’éloigne du cœur du massif vers la périphérie ;
Les dolérites (ou diabases) intrusives dans les formations précédentes sous forme de dykes (la texture de ces roches est généralement ophitique, quelquefois porphyrique, plus rarement grenue) ;
Les roches granitiques prédominent largement (Woodtli, 1957).
Les régions aurifères de Kilo et de Moto sont constituées des terrains précambriens compris entre l’Achéen et le Protérozoïque. Il s’agit des roches métasédimentaires, métavolcaniques et les granites intrusifs.
La carte géologique du Congo Belge distingue, outre les formations récentes et celle du Karoo, des formations anciennes (groupe du Kibali et complexe cristallophyllien et des roches éruptives) granitiques et basiques (Lavreaux et Ledent, 1975).
Les roches Kibaliennes possèdent une caractéristique avec des granites (sensu latissimo, et que nous appellerons dès lors granitoïdes) constituant un immense batholite que nous baptiserons « Massif granitoïde du Haut-Zaïre » : toutes les plages kibaliennes se trouvent en effet soit incluses, soit disposées à la limite de ce Massif granitoïde, à l’exception toutefois de celles qui sont situées à proximité et de part et d’autre de la frontière zaïro-ugandaise (fig. 4) (Lavreaux et Ledent, 1975).
Fig. 4 : Esquisse géologique du Haut-Zaïre, d’après Lepersonne (1974).
L’entité Massif granitoïde plus Kibalien est limitée :
A Nord par le Complexe gneissique ouest-nilien et par une bande de Lindien plissé,
À l’Est par ce même Complexe et les Fossés tectoniques,
Au sud par des chaînes plus récentes et par le Lindien tabulaire,
À l’ouest par le Complexe amphibolitique et gneissique du Bomu (Lepersonne, 1974).
Les relations entre ces unités sont les suivantes :
Certains granites, tel le granite de Bondo, recoupent le Complexe du Bomu et ont été considérés comme des satellites du Massif granitoïde (Aderca, 1952 et Lepersonne, 1971) ; ces granites sont postérieurs, au moins en partie (car il pourrait exister plusieurs générations de granites au sein du Massif granitoïde), au Complexe du Bomu.
Le Ganguen, qui postdate certains éléments de ce complexe, est considéré par ces mêmes auteurs comme étant affecté par le Massif granitoïde (veines aplitiques et quartziques) ; le Ganguen serait donc postérieure au Massif.
Les relations entre le Massif granitoïde et le Kibalien d’une part, et les gneiss ouest-niliens de l’autre ne sont pas connues avec certitude au long de la longue bande de roches kibaliennes qui va de Dungu au 30e méridien (figure 4).
Le Kibalien semble plonger sous les gneiss (Antoine, 1937), mais cette structure pourrait être d’acquisition récente car la zone de contact se trouve dans le prolongement de la zone de Lindien plissé (Lepersonne, 1971).
Une étude bibliographique sur les formations géologiques de la partie N-E congolaise montre que la succession lithostratigraphique dans cette région, tel que résumé par Tshinyama et al. 2007, in Robinsion 2008 est composée de haut en bas de :
Phanérozoïque
Protérozoïque
Woodtli, 1957 distingue dans les phénomènes tectoniques deux époques nettement distinctes par leur âge et leur style :
A Kilo, l’or connu à l’état natif seulement s’associe surtout au quartz filonien. On le trouve aussi dans les veines d’albitite silicifiée, dans des itabirites, dans des mylonites et au sein de l’ensemble complexe qui cimente certaines «shearzones». Dans la région de Senzere-Maranga, il apparaît quelquefois en l’absence complète de quartz sous forme de films et de plaquettes parmi les schistes chlorileux-talqueux. Les sulfures accompagnent parfois l’or, mais leur présence n’est pas indispensable. Il s’agit principalement de pyrite, parfois de pyrrhotine ; le mispickel et la chalcopyrite sont rares; à Senzere on a rencontré une fois de la blende.
Legraye (1940) lie la formation des gisements aurifères à la Cristallisation fractionnée d’un batholithe granitique, intrusif dans le complexe de roches vertes d’origines et de compositions diverses qu’on appelle « Kibalien ». Au cours de sa consolidation, la zone du batholithe a donné naissance à des différenciations, les granites quartzeux, pegmatites, aplites de feldspath et de quartz, filons de quartz. La minéralisation aurifère a eu tendance à se concentrer dans ces différenciations. Les produits différenciés ont monté, soit dans le granite consolidé, soit dans le granite en voie de consolidation et ont formé des coupoles et dômes adventifs dans le grand dôme du batholithe, ainsi que des filons et filonnets de pegmatites, aplites et quartz qui, profitant des joints des diaclasés, des zones laminées et foliacées, se sont mis en place dans les roches intrusives déjà consolidées, aussi. Bien que dans les roches des formations du Kibali envahies par les roches granitiques. (Legraye, [1]940. p. 81).
Les minéralisations âgées de 1800 millions d’années, appartiennent au type Kibalien. Ce type comprend les gisements exploités par l’OKIMO à Kilo et à Moto (350T extraites et 500 T de réserves) ainsi que des gisements tels que ceux d’Adumbi-Kitenge et de Yindi, le long de la Ngayu, affluent de l’Aruwimi.
La minéralisation primaire est à pyrite-pyrrhotite-arsenopyrite, avec traces locales de chalcopyrite, galène et plus rarement sphalérite et covellite. Elle est disséminée dans les formations schisteuses et dans les roches vertes.
Les sédiments remaniés ont donné naissance à des bancs quartzeux à ankérite-pyrite et des filons quartz-calcite riches en or, atteignant localement 60g/t. Leur âge est de 1800 millions d’années.
La teneur moyenne extraite en 1959 à Adumbi-Kitenge comprenait 12-13g/t dans les stockwerks et les filons de quartz, 2g/t dans les Banded Iron Formations (itabirites) et 4g/t dans les roches vertes et les formations schisteuses : soit un total de 1.3Mt à 6,7g/t. Les réserves sont évaluées à 30 T Au à Adumbi et à 13 T Au à Yindi.
Les gîtes de la Province Orientale dans les lambeaux kibaliens de Kilo et de Moto, sont rapportés aux types filons et stockwerks quartzeux (filons entrecroisés) et amas disséminés (Legraye, 1940 ; Duhoux, 1950).
Les gîtes du type amas disséminés se situent dans la partie supérieure de la séquence volcanogène (Gorumbwa, Agbarobo) et la partie inférieure de la séquence détritique (Durba).
Le gisement de Gorumbwa consiste en un corps tabulaire, de 150 m de large et 15 m de puissance, interstratifié dans les albitites schistoïdes imprégnées de pyrite ; l’ensemble plonge vers le NNE avec une pente de 25 à 30 °. Les teneurs en or se maintenant entre 15 et 18 g/tonne, la production de sulfures oscille entre 2 et 10% mais est généralement inférieure à 4 %. L’or contient 20 à 25 % Ag et 3 % Cu.
Le gisement d’Agbarobo, distant de quelques kilomètres de Gorumbwa, est encaissé dans des schistes albitisés à talc, séricitisé, quartz et carbonates. La teneur moyenne est de 50 g/tonne.
Le gisement de Durba se situe dans un niveau comprenant jaspes bruns pyriteux et schistes graphiteux, intercalés dans des quartzites et des tufs. Seule la partie superficielle, dont la teneur varie entre 6 et 8 g/tonne, est connue.
Dans le lambeau kibalien de Kilo, les minéralisations aurifères du type filonien (contrôle structural) sont localisées en bordure de massifs granitiques intrusifs (Makabu, 2013).