II.1. Définitions
La fertilisation est un processus qui tend à maintenir ou à accroitre la productivité d’un sol par l’apport d’amendements ou d’engrais (Habault, 1983). La fertilisation des sols constitue l’ensemble des moyens mis en œuvre pour créer dans le sol les conditions propres à assurer la nutrition adéquate des cultures en vue d’en obtenir un rendement.
La fertilisation phosphatée est celle qui consiste à satisfaire ou à couvrir les besoins en phosphore de la plante selon les objectifs de rendement et de qualité, et donc de compléter l’offre du sol en maintenant son potentiel de production. (Anonyme 2005)
La stratégie actuelle se fonde en premier lieu sur le besoin de la plante cultivée et ensuite sur la biodisponibilité en phosphore de la parcelle. Les critères principaux à prendre en compte sont : l’exigence de la culture en P2O5, l’analyse de la terre, le passé récent de fertilisation et les exportations de la culture. (Anonyme 2005)
II.2. Importance
II.3. Le phosphore dans le sol
L'étude de la dynamique du phosphore dans les systèmes solplante met en lumière les points suivants :
Les travaux de Fardeau (2005) et de Castillon P et Massé J (2005) ont montré que le coefficient réel d’utilisation (CRU) d’un engrais phosphaté, type superphosphate, diminue significativement lorsque le temps de contact avec le sol augmente. Il est au maximum de 15 à 20 % pour une durée de contact de 1 à 2 mois, et descend à moins de 2 % après un an de contact dans un sol limoneux. D’après ces données, on peut estimer que le CRU du P d’un superphosphate apporté au mois d’août pour une culture de printemps (semis en avril) est inférieur à 5 % sur limon, et encore plus faible si le sol est calcaire. Lorsque leur apport est nécessaire afin de ne pas pénaliser la production des cultures, les engrais phosphatés doivent donc être apportés au plus près de la période de plus grande sensibilité des plantes qui correspond aux stades juvéniles de leur développement, et non pas à la période d’absorption intense. Ce fait est illustré par les résultats d’un essai d’Arvalis dans le Sud-Ouest, sur un sol très pauvre en phosphore (P2O5 Olsen = 10.6 mg /kg), dans lequel un apport de 30 kg de P2O5 /ha avant le semis a permis un gain de 10 % de rendement par rapport au même apport réalisé au stade épis 1 cm. Cet effet disparaît avec une dose de 60 kg de P2O5 / ha, mais ce doublement de la dose n’entraine pas d’augmentation du rendement.
II.4. CARENCE ET EXCE DU PHOSPHORE
La déficience minérale et l’excès ne se traduisent pas seulement par une baisse de croissance et de productivité. Certains symptômes de carence ou de toxicité sont souvent, souvent visibles à l’œil nu, et dont l’observation est souvent une indication précieuse pour l’agronome (Heller et al., 1989).
II.4.1. Carence
La carence est une situation d’absence ou d’insuffisance d’un élément caractérisée par l’apparition de symptômes. On distingue la carence vraie et la carence induite :
ï€ La carence vraie est le résultat d’un manque d’élément dans le sol. Les éléments majeurs, requis en plus grande quantité sont davantage affectés par ce type de carence que les éléments mineurs.
ï€ La carence induite survient lorsque l’élément est présent en quantité suffisante mais que la plante se trouve dans l’impossibilité d’en faire l’absorption. En général, les carences les plus fréquentes concernent l’azote et le phosphore (Godderis, cité par Muruta, 2002).
→ La carence en phosphore
Les besoins de phosphore des parties jeunes de la plante sont couverts par des mécanismes d’appel qui mobilisent le phosphore à partir des parties plus âgées de la plante. Les symptômes de carence en phosphore se manifestent donc en premier dans les organes les plus âgés.
Les symptômes d’une carence en phosphore sont les suivants :
II.4.2. Excès
Les composés prélevés par les végétaux dans le sol sont classés en éléments essentiels, indifférents ou toxiques (un élément toxique comme le Cd pouvant pénétrer plus rapidement qu’un élément essentiel comme le P).
L’excès d’éléments peut entraîner le blocage d’un autre élément ou la compétition entre deux éléments (Calcium et Fer). Un apport de l’élément ou une modification du sol résout le problème (Manfred et Nicole, 2002).
De plus, bien qu’on observe rarement des signes d'excès en phosphore dans la nature, cet excès se manifeste par une croissance limitée et un jaunissement chlorotique général. En présence de très hautes teneurs foliaires en phosphore (de l'ordre de 1 à 3% dans la matière sèche), on observe pour le blé un flétrissement progressant de la pointe vers la base des feuilles.
II.3. Engrais utilisés
- Le TSP
Un superphosphate est un engrais minéral phosphaté obtenu par attaque chimique acide d'une roche phosphatée par de l'acide sulfurique pour fabriquer le superphosphate simple SSP, ou de l'acide phosphorique pour fabriquer le superphosphate triple TSP, ou par l'attaque combinée par ces deux acides pour fabriquer le superphosphate enrichi ESP.
Les superphosphates renferment de l'acide phosphorique soluble dans l'eau, accompagné d'une partie soluble seulement dans le citrate, et même d'une certaine proportion insoluble.
Le superphosphate triple est produit par broyage et acidulation du phosphate brut (P2O5). Le broyage augmente la réactivité. L’acidulation avec l’acide phosphorique rend le phosphate soluble dans l’eau permettant ainsi à la plante d’absorber l’engrais. La très grande solubilité dans l’eau du P2O5 dans le superphosphate triple augment l’efficacité de l’engrais. Il est utilisé pour des applications directes et dans la production d’engrais granulés composés. Il est disponible aussi bien en granulé qu’en poudre.
Fiche technique du triple super phosphate (tableau 2)
Nom anglais Autre nom français |
Triple Superphosphate (TSP) Phosphate mono calcique (composant essentiel) |
||||||||||
Provenance |
Sico (Belgique) et Bush Int. (NZ). |
||||||||||
Formule chimique |
Ca(H2PO4)2, H2O |
||||||||||
Analyse |
|
||||||||||
Solubilité |
Assez soluble dans l'eau (18 g/L). |
||||||||||
Humidité |
6,20 % max |
||||||||||
Granulométrie |
< 2 mm : 1 % 2-4 mm : 85 % > 4 mm : 14 % |
||||||||||
Densité |
0,85-0,95 t/m3 |
||||||||||
Hydroscopie |
Très faible (au-delà de 95 % d'humidité relative à 30 °C). |
||||||||||
Stockage et précautions |
Garder le sac fermé avant utilisation. Stocker en dehors de l'action directe du soleil. Se laver les mains après utilisation. |
||||||||||
Compatibilité |
Mélange toujours possible : - ammonitrate, nitrate de potassium, sulfate de potassium, 0-32-16, 13-13-21, 16-4-8, fumier, engrais organiques. Mélange possible au moment de l'emploi : - urée, MKP, 17-17-17, gypse. Ne jamais mélanger avant emploi : - nitrate de calcium, hyperphosphate, chaux. |
||||||||||
Effet sur le Ph |
Peu d'effet sur le pH du sol. |
||||||||||
Utilisation |
Engrais de fond (favorise la croissance des racines). Important aussi lors floraison/fructification. Beaucoup plus soluble que l'hyperphosphate. |
Date de mise à jour : 4 octobre 2000