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CHAP I : REVUE DE LA LITTERATURE

Dans ce chapitre, nous allons parler  de la revue de la littérature mais également du financement du crédit individuel et nous essayerons de définir quelques concepts  de base d’où nous citerons quelques types des risques du crédit, le rationnement du crédit individuel et l’asymétrie d’information.

I.1. Financement du crédit individuel (FDCI)

L'intérêt du développement du secteur de la micro finance pendant les vingt dernières années est de répondre à un besoin de financement chez les personnes qui ne peuvent pas accéder aux services financiers des banques [Honlonkou et al (2006), Arch (2005), Morduch (1998)]. Cependant, malgré tous les efforts déployés par les instances nationales et internationales pour assurer ce développement, la majorité des micro-demandeurs demeurent encore exclus des services des institutions de micro finance [Claessens (2006), Christan et al (2004), Khandker (1998)]. L'objectif de ce travail est d'identifier les facteurs socio-économiques qui sont derrière cette exclusion. Ces facteurs semblent intervenir dans l'étude de la relation entre le demandeur, d'une part, et son accès aux services des institutions de micro finance, d'autre part. Dans ce qui suit, nous étudierons l'effet de chacun de ces facteurs sur l'accès. Ces facteurs sont la pauvreté, le genre, la relation de long terme et la nature de l’activité.

La relation entre la pauvreté et accès au financement a éveillé une grande polémique dans la littérature. L’importance du microcrédit dans la réduction de la pauvreté est mise en exergue par beaucoup d’études [Morduch, 1998 ; Ray, 1998 ; Sharma, 2000]. Honohan (2004) a utilisé les données du Sommet de microcrédit de 2003 pour identifier les pays, où le taux d'accès des pauvres est le plus important. Les résultats d'une analyse multi variée ont montré que les pauvres ont plus de chance d'accéder au financement dans les pays pauvres, que dans les pays riches. Toutefois, malgré ces hypothèses et statistiques, beaucoup de travaux ont montré que les pauvres sont loin de représenter la clientèle privilégiée des IMF. Bien au contraire, leur accès aux services financiers de ces institutions, demeure encore très faible et sujet à plusieurs contraintes. Leur participation au portefeuille clients de ces institutions demeure encore très faible et sujette à plusieurs contraintes (Najavas et al. 2000 ; Mosley, 2001 ; Evans et al. 1999 ; Datta, 2004). Les résultats de la plupart des travaux montrent que les pauvres souffrent d'un problème d'exclusion en micro finance. A la lumière des résultats des différents travaux, il est possible dans le cadre de ce travail, de prévoir l'existence d'une relation entre la pauvreté d'un micro-entrepreneur et son accès aux services des institutions de micro finance en Tunisie. Cette relation serait influencée par trois facteurs principaux, à savoir : la taille de l'institution de micro finance, l'âge et le niveau d'instruction du micro- entrepreneur[1]. L’accès des femmes aux services financiers est nécessaire, en ce sens qu’il permet aux femmes de mener une activité génératrice de revenus et d’acquérir ainsi leur autonomie financière. Beaucoup de travaux empiriques se sont intéressés à l’accès des femmes aux services financiers des IMF. Selon le rapport de la Campagne du sommet de microcrédit (2006), au niveau mondial, 84,2 % des clients les plus pauvres de la micro finance sont des femmes. Le nombre de ces clients est passé de 10, 3 millions à la fin de 1999, à 79 millions à la fin de 2006. Dans son étude sur les performances de quatre institutions de micro finance en Bolivie, Mosley (2001) a relevé que les femmes constituent la clientèle principale de ces institutions. Brandsma et Burjorjee (2004) ont étudié le taux de pénétration du secteur de la microfinance dans huit pays arabes de la région MENA (Middle East and North Africa). Les résultats ont montré que les femmes constituent 60% du portefeuille clients de ces institutions. Morduch (1999) a utilisé les données de la Grameen Bank, pour étudier l'accès des femmes micro- entrepreneurs aux services financiers de cette institution. Les résultats ont relevé une concentration sur le financement des femmes (96%). Cependant, d’autres travaux remettent en cause cette idée. Berger (1989) a expliqué le faible accès des femmes aux services des institutions de microfinance par leur manque de formation technique. Evans et al. (1999) ont montré que les femmes accèdent moins au financement que les hommes.

En Tunisie, les microcrédits accordés aux femmes ne représentent qu'un peu plus du tiers de la valeur du portefeuille crédit des associations de développement local (BTS ,2006). Ce taux pourrait être expliqué par une demande de financement moins importante de la part des femmes, qui enregistrent une participation relativement faible dans l'activité économique. La présentation de la participation de la femme tunisienne dans la vie socio-économique, et la politique du gouvernement tunisien en matière de promotion de la femme, renforcent l'idée de l'existence d'une relation entre le genre et l'accès aux services financiers des associations de microcrédits en Tunisie. Toutefois, ni les résultats des travaux antérieurs, ni l’analyse du contexte tunisien ne permettent d’anticiper le sens de cette relation. Ce qui nous permet de formuler la deuxième hypothèse de ce travail est donc que le genre n’a pas un effet sur l'accès aux services financiers des associations de microcrédit[2].L’accès au financement est aussi en relation avec la relation de long terme. Berger et Udell (2002) définissent plus précisément la relation de long terme, comme une technologie d'octroi de crédit qui dépend de la production d'information. L’effet positif de la durée de la relation sur l’amélioration des conditions de financement a été identifié dans les modèles de Petersen et Rajan (1994) et Boot et Thakor (1994). Ceux-ci ont montré qu’au fur et à mesure que la durée de la relation entre l’emprunteur et la banque augmente, l’emprunteur peut bénéficier de taux d’intérêt plus faibles. En microfinance, la relation entre le micro-entrepreneur et l’institution de microfinance, joue aussi un rôle dans l’amélioration de l’accès au financement pour le micro- entrepreneur. Honlonkou et al. (2006) ont étudié l'effet d'une relation durable entre le micro-entrepreneur et l'institution de microfinance, sur les performances du remboursement du crédit. La durée de relation de long terme ne peut avoir d'effet sur les conditions de crédits offerts par les associations de microcrédits. Ces associations n'ont pas le droit de lier le financement à des garanties matérielles, et ne sont pas autorisées à facturer des taux d’intérêt positifs. La décision est de limiter les taux d’intérêt à 5 %. Ainsi, nous nous intéressons seulement à la relation entre la durée de la relation de long terme ou de clientèle, et l'accès aux services financiers des associations de microcrédit. Dans ce cadre, nous prévoyons un effet positif de la durée de la relation de long terme sur l'accès aux services financiers des associations de microcrédits.

Certains travaux de recherche ont mis en évidence l'existence d'une relation significative entre le secteur d’activité et l'accès aux services financiers. Beck et al. (2004) ont mené une étude sur les facteurs constituant des obstacles au financement pour les entreprises tant qu’individuelles que commerciales. Les résultats ont montré que le secteur d'activité a un effet sur l'accès de l'entreprise au financement.

I.2. Définition de quelques concepts de base

I.2.1. LA MICRO-FINANCE (MF)

I.2.2. Définition

Aujourd'hui encore, pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la microfinance se confond avec le microcrédit. Elle désigne les dispositifs permettant d'offrir des crédits de faible montant (microcrédits) à des familles pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises.

Avec le temps et le développement de ce secteur particulier de la finance partout dans le monde, y compris dans les pays développés, la microfinance s'est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus large (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent etc.) et une clientèle plus étendue également.

Dans ce sens, la micro finance ne se limite plus aujourd'hui à l'octroi de microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tous ceux qui Sont exclus du système financier classique ou formel.

Avec le temps et le développement de ce secteur particulier de finance partout dans le monde, y compris dans les pays développés, la micro finance s'est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus large (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent etc.) et une clientèle plus étendue également. Dans ce sens, la micro finance ne se limite plus aujourd'hui à l'octroi de microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel.

Ce qui intéresse les bénéficiaires est avant tout l'accès au crédit et de manière secondaire le taux d'intérêt. Généralement ils n'emprunteront que pour financer des activités qui supportent les taux proposés.

Au cours de ces dernières années, il apparaît de plus en plus que les banques classiques ne sont pas véritablement intéressées à ce public de petites exploitations ou entrepreneurs ruraux et urbains et que leurs techniques ne se sont pas adaptées pour servir ce segment de clientèle.

Par ailleurs, le secteur autonome/informel est toujours aussi vivant et adapté mais ses moyens sont limités et ses services sont souvent coûteux.

Ce secteur est en croissance et est objet de nombreuses interventions, réflexions ou manifestations. Il faudra cependant faire attention aux  facteurs déterminants les taux  d’intérêt pouvant entraîner des lendemains qui déchantent.

Vu que les banques classiques (BC) ne sont pas intéressées par les pauvres, ces dernières années le microcrédit se révèle plus utile pour ceux qui saisissent les opportunités d'entreprendre économique et qui sont en situation de faire fructifier cette opportunité s'ils ont la possibilité de se procurer une petite somme d'argent au moment où ils en ont besoin.

Ainsi, les personnes pauvres qui ont démontré leur capacité à conduire les activités génératrices des revenus et leur engagement à rembourser leurs dettes, sont les meilleurs candidats pour le microcrédit.

En outre, comme les banques n'ont pas de guichets ou d'agences que dans les capitales où les villes secondaires importantes, cela donc exclu directement une bonne partie de la population de services de ces banques. La mission sociale des institutions de micro finances est de :

  • fournir des services financiers appropriés à plusieurs personnes à faibles revenus et
  • afin d'améliorer leurs conditions de vie.

En microfinance, les agents de crédit doivent rendre visite au client à son domicile ou sur son lieu de travail, évaluer sa solvabilité sur la base d'entretiens avec la famille, le voisinage, et une fois le prêt accordé, effectuer un suivi fréquent par des visites pour renforcer la culture de remboursement, Les coûts de gestion d'une multitude de petits prêts sont donc très importants, ce qui pousse les institutions à appliquer un taux d'intérêt généralement plus élevé que celui des banques classiques.

I.3.3. Définition des institutions de microfinance

On appelle institutions de microfinance, des entreprises  qui produisent  et  vendent  des services financiers , il s’agit notamment des banques , des établissements  de crédits non bancaires , des entreprises d’investissements  et des entreprises d’assurance . On peut distinguer  les institutions :

1.3.4. Les institutions financières non bancaires ou spécialisées (IFNB)

Les institutions financières non bancaires sont généralement des institutions parapubliques qui interviennent soit directement pour leur propre compte, soit comme intermédiaire dans le refinancement d'un crédit à taux bonifié (crédit national).

 Leurs ressources proviennent  généralement d'emprunt obligataires émis dans le public ou de dépôts effectués auprès d'autres institutions (caisse d'épargne pour la caisse des dépôts).

Les institutions financières non monétaires sont des organes spécialisées dans le financement des activités économiques bien déterminées. Elles collectent l'épargne auprès du public et la prête mais elles n'émettent ni la monnaie judiciaire ni scripturale. Ce sont donc les organismes qui font essentiellement le commerce de crédit.

On peut classer les institutions financières selon les catégories suivantes :

  • Les institutions financières acceptant des dépôts de types non Bancaires

Il s'agit des associations d'épargne et de prêt, des banques d’épargne, Mutuelle et des unions de crédit comme les COOPEC.

  • Les institutions d'épargne contractuelle

Elles comprennent les fonds de communs en placement et les fonds  fiduciaires. Le fonds de commun émettent de placement détiennent des titres et émettent des actions dont la valeur dépend des titres qui détiennent le fonds de placement.

D'autres fonds de commun de placement se sont créés pour détenir des titres à court terme monétaire. Au Congo, on disposait de deux banques de développement jusqu'à 2003 à savoir la société financière de développement (SOFIDE) et la banque de crédit agricole (BCA).

  • Les coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC)

Il s'agit du mouvement le plus structuré et le plus développé de l'intermédiation financière participative. Une coopérative d'épargne et de crédit est une institution financière démocratique et à but non lucratif. Elle est organisée et contrôle par ses membres, qui s'associent pour regrouper leur épargne et se faire mutuellement des prêts à des taux d’intérêt raisonnables.

L'objectif des COOPEC est d'abord de développer le sens de l'épargne au niveau des membres, notamment par un effort permanent d'éducation et des taux d'intérêt attractifs. Il est ensuite de sécuriser cette épargne par une bonne organisation et une gestion prudente des placements et de crédits. Il est aussi de favoriser l'accès, à un coût raisonnable, à certaines formes de crédit et autres services financiers adaptés.

Les COOPEC d’Epargne et de Crédit constituent un bon exemple du secteur intermédiaire dans le domaine financier.

 Ces institutions disposent d'une existence Officielle, avec en général une reconnaissance juridique, ce qui les distingue du secteur autonome. L'Etat leur accorde souvent des exemptions fiscales.

Les COOPEC privilégient la fonction épargne et ne font en principe du crédit qu'à partir de l'épargne collectée. Elles montrent donc qu'il est possible de mobiliser de l'épargne en milieu populaire, en général pour des raisons de sécurité et de liquidité beaucoup plus que de rémunération, et que dans ces conditions la motivation des paysans dans le remboursement du crédit provenant de leur propre épargne est beaucoup plus forte que si les fonds viennent de l'extérieur.

I.3.5. Le microfinance

Selon Larousse, micro signifie  petit et finance argent comptant , gestion  de la fortune , des ressources pécuniaires d’une personne  ou d’une entreprise  ou encore budget de l’Etat, ses ressources et ses dépenses et également  ensemble  de ceux qui font  des opérations  de banque  , de grandes affaires  d’argent.

I.3.6. Le microcrédit

Selon Larousse, micro signifie petit confiance. Le microcrédit est considéré comme le faible montant accordé aux personnes qui ne peuvent  accéder au crédit bancaire classique, faute de pouvoir apporter des garanties matérielles exigées.

Selon Bienvenue MANGARA BIRINDWA, «  l’octroi des microcrédits a été organisé en vue de permettre aux populations défavorisées de réaliser des microprojets comme le petit commerce, achat des matériels  scolaires des enfants, frais de soin de santé[3],….. »

I.3.7. LE  RISQUE

Le risque peut se définir comme un danger éventuel plus ou moins prévisible. La Caractéristique propre du risque est donc l’incertitude temporelle d’un évènement ayant une certaine probabilité de survenir et de mettre en difficulté la banque. Le risque inhérent au secteur bancaire se distingue par sa multiplicité et par son caractère multidimensionnel.

Toute Institution de Microfinance est vulnérable aux risques. Quand bien même les IMF ne peuvent pas éliminer tous les risques auxquels elles sont exposées, avec un processus efficace de gestion des risques, elles peuvent et doivent réduire de façon significative leur vulnérabilité. (CHURCHILL et COSTER, 2001 : 2)

                   D’une manière générale, le risque est une exposition à une forte probabilité de perte. Le risque n’est pas une mauvaise chose en soi. Parfois, c’est important de prendre des risques pour atteindre des objectifs louables qui valent vraiment la peine. Le risque est indispensable pour la bonne marche des activités de microcrédit mais il est très important de prendre plutôt des risques calculés. En Microfinance nous trouvons généralement quatre risques dont voici :

I.3.7.1.Les risques Institutionnels

Le succès d’une Institution de microfinance est défini comme la capacité de cette dernière à fournir, de façon indépendante, des services financiers à un nombre important de personnes à faibles revenus, et ce de façon durable. L’évaluation des risques par rapport à cette définition expose l’organisation à trois niveaux de risques Institutionnels : risques liés à la mission sociale, risques liés à la mission commerciale et risque de dépendance.

Leur mission sociale est de fournir des services financiers abordables à un nombre important de personnes à faibles revenus afin de les aider à améliorer leurs conditions de vie tandis que leur mission commerciale est de fournir des services financiers de manière à permettre à l’organisation de se pérenniser et de devenir autosuffisante, ainsi les IMF seront exposées au risque commercial si leurs taux d’intérêt ne sont pas assez élevés pour couvrir leurs charges et si elles ne sont pas gérées efficacement comme une entreprise commerciale. Le risque de dépendance quant à lui, est semblable à celui du risque commercial. On le retrouve souvent chez les IMF qui ont des soutiens des organisations Internationales.

I.3.7.2.Les risques de gestion financière

La vulnérabilité financière d’une IMF se résume aux risques réels subis par ses emplois (actifs ou patrimoine) ou ses ressources (passifs ou dettes)[4].

Elle est composée des risques liés aux taux d’intérêt, des risques de liquidité, et risques de change avec les devises étrangères. Le risque de taux d’intérêt s’élève quand les termes et les taux d’intérêt  de l’actif et passif de l’IMF sont mal négociés.

 Le risque de liquidité quant à lui est la possibilité d’emprunter des ressources financières exigibles à cout terme pour faire face à des besoins des financement immédiats  tels les décaissements des prêts, les paiements de factures ou remboursement de dettes. Les IMF sont plus vulnérables au risque de change si elles doivent rembourses de l’argent emprunté en devises étrangères pendant que le refinancement du prêt a été fait en monnaie locale ; les revenus d’intérêts générés localement étant généralement maigres pour couvrir les charges financières y compris la perte de change.

I.3.7.3.Les risques externes

Bien que les directeurs et les gérants aient moins de contrôle sur les risques externes, ils doivent néanmoins évaluer les risques externes auxquels ces dernières sont exposées.les risques externes échappent le plus souvent au contrôle interne  de l’IMF concerné, cependant il est nécessaire que ces risques soient perçu comme des défis auxquels l’IMF doit faire face au risque d’être exposée à des faibles performances. Il s’agit notamment de la réglementation (ici nous voyons les décideurs politiques, les directeurs de banques et d’autres structures de réglementation), de la concurrence, de la démographie (le taux de morbidité et de mortalité), de l’environnement physique (inondations, cyclones ou sécheresse) et de la macroéconomie (comme la dévaluation et l’inflation).

I.3.7.4.Les risques opérationnels

Le risque opérationnel est la vulnérabilité à laquelle est confrontée l’IMF dans sa gestion quotidienne ainsi que la qualité de son portefeuille. C’est ici où nous trouvons le risque de crédit, le risque de fraude et le vol ou risque de sécurité[5].

I.3.8. LE RATIONNEMENT

Le rationnement du crédit est une des formes les plus courantes d’inefficience du marché.

Des entreprises proposant des projets d’investissements rentables se voient refuser des prêts bancaires même à un taux d’intérêt élevé. En situation de crise financière et économique, la restriction de l’accès au crédit bancaire s’en trouve renforcée.

  1. Rationnement du crédit individuel et imperfection du marché

Selon la théorie  keynésienne, les ajustements se font par les quantités, le rationnement va obéir plus à la loi de Keynes qu’à celle de Walras, qui est un  ajustement par les prix. En effet, selon D.R. Hodgman (1961), même dans les conditions  de parfaite concurrence, les prêteurs peuvent refuser de financer certains clients. Par exemple, plus on demande à une  banque de faire crédit, plus le taux d’intérêt sera élevé, mais ce n’est pas par ce que  le taux d’intérêt est élevé que les revenus de la banque augmentent forcement.

Au contraire, selon Hodgman, plus la banque  prête, à un taux  d’intérêt  élevé, moins les entreprises individuelles sont capables de remboursâmes. Selon lui, le taux d’intérêt augmente  la probabilité de faillite et la fonction d’offre n’est pas une fonction linéaire du taux d’intérêt, mais elle a une forme curviligne.

Dès lors, le rejet d’une partie de demande de financement est analysé comme une stratégie  élaborée par les banques dans le but de maximiser leur profit. Le  rationnement du crédit individuel demeure donc compatible avec la réalisation d’un optimum pour les offreurs. Ce type de rationnement traduit en réalité  l’échec  des forces du marché à réaliser un équilibre  entre l’offre et la demande globale.

Selon Jaffé et Modigliani, tout en s’appuyant sur la fonction de crédit non linéaire, distinguent deux types de rationnement : le rationnement dynamique et le rationnement statique.

Selon l’idée du rationnement dynamique, la banque augmente le taux, l’offre de crédit va baisser car les Banques  ou les IMF de second rang vont éviter d’élever immédiatement le taux d’intérêt. Elles vont  par contre ajuster les quantités  de  monnaie en observant une période plus ou moins longue avant de réagir.

Quant au rationnement statique, Jaffé et Modigliani estiment qu’en permanence, il y a des agents qui ont se trouver rationnés. Mais  il n y a pas autant de taux d’intérêt que de débiteurs. Il y a quatre ou cinq classes de taux  en fonction de la qualité et la dimension  de l’entreprise tant individuelle que commerciale. A l’intérieur d’une même classe, les entreprises individuelles les plus performantes auront tous les crédits qu’elles demandent et les  moins bonnes seront rationnées jusqu’à un certains niveau. Dans une même  classe, il  y aura des emprunteurs qui auront tous le crédit qu’ils désirent pendant que d’autres moins bonnes seront rationnées[6].

I.8. L’asymétrie d’information

Les problèmes d’asymétrie d’information tels que l’aléa moral et la sélection adverse influencent le fonctionnement des marchés financiers libéralisés ou décentralisés. La sélection adverse ou l’anti-sélection se réfère à l’accroissement du risque de sélection de mauvais clients par une institution financière en situation d’information incomplète. Elle est donc relative aux situations où  les débiteurs de risque élevé  et de faible performance sont ceux qui sont susceptibles de choisir un programme de crédit à taux d’intérêt élevé contrairement aux emprunteurs a` faible risque qui se retirent du marche´ (LaDue, 1990). L’aléa  moral ou hasard moral est un effet d’incitation adverse (Agenor, 2000). Il est de´fini comme l’ensemble des actions des agents économiques qui maximisent leur utilité au détriment de celle des autres dans les situations où les agents ne supportent pas toutes les conséquences (coûts) de leurs actions à cause de l’incertitude ou de l’incapacité des contrats utilisés à imputer l’ensemble des dommages à l’agent responsable. L’idée de hasard moral sur le marché financier vient de ce que les préteurs ne peuvent pas contrôler ou contrôlent mal les actions des emprunteurs et par conséquent le rendement des prêts (LaDue, 1990). Dans une situation d’information imparfaite et asymétrique entre les banques et les emprunteurs,  les seconds sont privilégiés car ils ont une meilleure information sur leur propre risque de défaillance.

Stiglitz et Weiss (1981) ont montré qu’en cas d’asymétrie d’information,  le rationnement du crédit peut apparaître de façon endogène.

Pour  Akerlof(1970), Diamond et Dybvig(1983), les asymétries d’informations conduisent à des comportements opportunistes de la part des emprunteurs. C’est dans ce contexte que Jaffé et Russel(1976) distinguent dans leur modèle les emprunteurs honnêtes et les emprunteurs malhonnêtes. Ils assimilent les emprunteurs honnêtes  à des entreprises tant individuelles que commerciales qui estimant le coût de la faillite très élevé de leur projet, ont intérêt ou décident de rembourser.

Quant aux emprunteurs malhonnêtes, ils préfèrent faire faillite en proposant des taux d’intérêt plus élevé ; selon eux, les emprunteurs qui demandent du crédit avec un taux d’intérêt supérieur au taux à partir  duquel  la banque rationne, ils sont en faite des emprunteurs malhonnêtes. La différence  de ce modèle  d’avec  celui de rationnement au sens  de Jaffé et Modigliani ou de celui Stiglitz et Weiss(1981) est qu’ici, ce sont les demandeurs  de crédit qui souhaitent que la banque fasse un rationnement par solution alors qu’au niveau  des autres modèles ci-dessus cités, ce sont les banques qui décident de façon endogènes de rationner[7].

[1] Rapport de la Campagne du sommet de microcrédit édition 2006, niveau  mondial

[2] Rapport de la Campagne du sommet de microcrédit, Tunisie édition 2006

[3] Bedaune J, les garanties de crédit, PUF, Paris 1981,P.148, Bienvenu BIRINDWA M, étude du monde d’octroi de microcrédit et du tenu de la comptabilité dans une organisation de microfinance, TFC, isp/Bukavu 2003-2004

[4] Churchill et Coster, 2001 : 2

[5] Churchill et Coster, 2001 : 2

[6] Mémoire, essai d’analyse de la problématique de financement des projets par les imf, Burkina-Faso, 2006.

[7] [7] Mémoire, essai d’analyse de la problématique de financement des projets par les imf, Burkina-Faso, 2006.

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