Le manioc et une espèce tropicale originaire d’Amérique. Il a son centre principal de diversification au Brésil (Anonyme, 1993). La plupart des espèces appartiennent à deux centres de diversité : un premier situé au Nord-Est du Brésil s’étend jusqu’au Paraguay, un deuxième comprend les parties méridionales et occidentales du Mexique. Quelques espèces se retrouvent à la Guyane, au Pérou et au Guatemala, (Janssens, 2001). D’autres espèces telles que Manihot glaziovii ont participé à la constitution génétique de l’espèce cultivée (IFDC, 2012).
Le manioc fut amené en Afrique à la fin du 16ème siècle par les navigateurs portugais. Il s’est rapidement répandu principalement dans l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale et les pays riverains au Golfe de Guinée et pénétra plus à l’intérieur par le bassin du fleuve Congo. En Afrique orientale, la progression du manioc se situa plus tardivement, à la fin du 17ème siècle, via les îles de la Réunion, de Madagascar et de Zanzibar (Janssens, 2001).
Le manioc appartient à la famille des Euphorbiaceae, certains auteurs attribuent à ce dernier une origine tétraploïde (4n=36) (Anonyme, 2001).
Le manioc est une plante arbustive, semi-ligneuse, de 2 à 3 m de hauteur, pluriannuelle, mais cultivée comme plante annuelle ou bisannuelle. Il contient du latex dans ses diverses parties ; ses racines avec tendance à tubériser, sont riches en fécule et mesurent 30 à 80 cm voire 1 m de longueur et 5 à 10 cm de diamètre ; leur poids varie entre 1 et 4 kg. Les racines contiennent un glycoside cyanogénétique, la linamarine appelée manihotoxine ; son exposition au soleil ou à la cuisson accélère sa décomposition (Anonyme, cité par Kahasha, 2014).
La tige, dont le diamètre ne dépasse pas 4 cm, est remplie de moelle ; les feuilles sont disposées en spirale, une même plante peut présenter deux ou trois formes de feuilles différentes avec une couleur pourpre dans le jeune âge, vert clair à vert foncé.
Le manioc est une plante monoïque, l’inflorescence est un racème terminal comportant des fleurs unisexuées. Les fleurs femelles sont situées à la base des racèmes et sont dépourvues de corolle. Les fleurs mâles sont situées au sommet de l’inflorescence. Les fleurs de manioc sont protogynes, d’où la pollinisation croisée et entomophile.
Les fruits du manioc sont des capsules déhiscentes à trois loges éclatant à maturité et libérant chacune une graine qui est ellipsoïdale et longue de 10 à 12 mm. On distingue des variétés douces et des variétés amères, la quantité d’acide cyanhydrique varie de 10 à 370 mg/kg de racines fraîches, (Janssens, 2001).
Le manioc est cultivé pour ses racines qui tubérisent au cours d’un cycle de six à plus de trente-six mois selon les variétés et le milieu. La totalité de la plante est parfois utilisée : le bois comme combustible, les feuilles et les épluchures des racines pour l’alimentation animale. En plus, à partir des cossettes de manioc, on peut obtenir les principaux sous-produits : gari, attiéké, chikwangue, myondo, mangbele, foufou, tapioca, kokonge (Anonyme, 1991).
Les déchets ou sous-produits du manioc peuvent être utilisés pour l’alimentation des animaux, notamment du porc et de la volaille. Avant toute opération de transformation, sélectionner des racines de manioc saines, mûres, fermes, fraîchement récoltées, afin d’obtenir un produit de qualité (Fabgemissi et ali., 2000).
La transformation du manioc part de 2 produits semi-finis, à savoir la pâte de manioc (fermentée ou non) et les cossettes. A partir de ces deux produits, on peut obtenir d’autres sous-produits comme : beignets, manioc bouilli, bière de manioc, le vain (magnan), amidon, farine de manioc, bâton de manioc, pâtisserie, semoule sèche et pâte alimentaire (Fabgemissi et ali., 2000).
Le manioc est la plus importante plante de l’Afrique, il est utilisé pour la production agricole et l’alimentation en Afrique. C’est une culture qui produit de l’énergie sous forme de glucides de façon permanente et ses sous-produits sont aussi des facteurs économiques d’une grande importance (Babunga, 2009).
Le manioc connait plusieurs problèmes dont les plus importants sont surtout les maladies et les ravageurs. La mosaïque africaine constitue la maladie la plus répandue. Pour les ravageurs, le manioc est surtout endommagé par l’acarien vert et la cochenille farineuse (Nyabyenda, cité par Zirhahwakuhingwa, 2008).
La faible intensification des cultures, le déclin des politiques de soutien à l’agriculture, la difficulté d’approvisionnement en matériel de plantation et la mauvaise organisation de la commercialisation constituent également des contraintes à la culture du manioc (Sékou et al., 2009).
Le manioc est sujet aux principales maladies suivantes : la mosaïque africaine, de loin la plus répandue, la bactériose vasculaire, l’anthracnose et à un degré moindre, la cercosporiose et bien d’autres (Alaux et Fauquet, 1987). Il possède naturellement le plus grand nombre de déprédateurs sur ce continent (Lavabre, 1992).
1.5.1.1. Maladies virales
Mosaïque du manioc
Ayant comme vecteur Bemisia tabaci, cette maladie est presque partout en Afrique avec une intensité variant suivant les régions et le matériel végétal cultivé, les régions les plus humides seraient les plus affectées (Alaux et Fauquet, 1987). Cette maladie se manifeste par une panachure vert clair ou jaune des limbes foliaires et provoque leur recroquevillement. Elle affecte le développement de la plante ainsi que la production ; les pertes de rendement peuvent atteindre 20 à 80 %. Comme moyen de lutte on utilise les boutures saines, les variétés tolérantes ou résistantes et l’arrachage des plantes malades (Janssens, 2001).
Maladie des stries brunes du manioc (CBSD)
La maladie a le même vecteur que la mosaïque et s’observe sur les feuilles, les tiges et les racines. Sur les feuilles, la maladie se manifeste sous forme de taches chlorotiques jaune-verts. Le jaunissement est plus prononcé sur les feuilles basales ; les feuilles endommagées ne se déforment pas comme pour la mosaïque ; elles présentent une déformation des limbes (Bisimwa, 2015 communication personnelle).
Sur les tiges, les symptômes se présentent sous la forme de stries brun foncées et des lésions nécrotiques sur les cicatrices foliaires. Ces stries sont plus proéminentes et plus visibles sur la partie verte de la tige. Les lésions peuvent fusionner et provoquer ainsi la mort des bourgeons axillaires. Une nécrose apicale peut aussi être observée. La maladie des stries brunes déforme les racines de manioc qui peuvent également souffrir de craquelures et se décolorer en taches brunâtres (Hillocks et Thresh, 2000).
La lutte contre la striure brune du manioc est assurée par l’utilisation de variétés résistantes et de matériels de plantation sains. Mais cette méthode n’est efficace que dans le cas où l’on dispose des variétés résistantes ; les parcs à bois doivent être isolés des anciens champs. Les plantes infectées doivent être éliminées. La phytosanitation commence dès la reprise des boutures et se poursuit hebdomadairement jusqu’à la récolte de boutures (Hillocks et Thresh, 2000).
1.5.1.2. Maladies bactériennes
Bactériose vasculaire (CBB)
Transmisse par Xanthomonas campestris pv. manihotis (Xanthomonas axonopodis pv. manihotis), cette maladie se rencontre dans un grand nombre de régions de l’Afrique tropicale de basse altitude, mais apparaît aussi dans les régions forestières et dans les régions tropicales à savanes où la maladie prédomine (Msikita et al., 2000).
Elle pénètre normalement dans des plantes sensibles de manioc à travers des blessures ou des stomates. Une fois à l’intérieur, la bactérie fait invasion des tissus vasculaires facilitant le mouvement du pathogène dans la plante. Les symptômes comme des taches sur les feuilles, la rouille de feuilles, la chute de feuilles résultent de la formation des chancres et du die back sur la tige. La maladie a été de temps en temps typiquement sporadique, mais peut occasionnellement causer des dégâts très importants (Iraz et Izabu, 1987). La bactériose fut l’une des maladies importantes qui causèrent des pertes énormes de production du manioc depuis les années 1970 en R.D.C (Ntawuruhunga et al., 2002).
1.5.1.3. Maladies fongiques
Anthracnose
La maladie est causée par Glomerella cingulata (Colletotrichum gloeosporioides) et est observable sur les tiges, les rameaux et les pétioles ; il y a également apparition des nécroses. La maladie se manifeste surtout au début des pluies, se développe pendant la période humide, après des dégâts de grêle ou suite à des piqûres d’insectes (Monde 2013, communication personnelle). Elle est rare sur les feuilles où elle développe des taches brunâtres si elle est présente, taches qui évoluent en lésions chancreuses faisant des plaies sur les parties attaquées. Elle se développe aussi sur les tiges, les rameaux et les pétioles, elle fait apparaître des nécroses. Comme moyen de lutte, on préconise l’utilisation de boutures saines et de variétés résistantes (Bisimwa, 2015, communication personnelle).
Maladie des taches brunes
La maladie débute par des taches vert-grisâtres, arrondies, de moins de 1 cm de diamètre, visibles sur les deux faces du limbe foliaire. Ces taches se nécrosent et deviennent brun grisâtres à la face inférieure, brun clairs bordées d’une fine ligne brun rougeâtre à la face supérieure. Elles sont souvent limitées par une nervure secondaire ou la nervure principale, ce qui leur donne un aspect partiellement anguleux. Cette maladie est causée par Cercosporidium henningsii, (Dupriez, 1995).
Certaines lésions sont entourées d’un halo chlorotique diffus ou évoluent en plages nécrotiques irrégulières de plusieurs centimètres de large. Les symptômes sont plus confinés aux feuilles âgées, dès les 5ème et 6ème mois. Les feuilles les plus âgées jaunissent, se dessèchent et tombent prématurément. Les fructifications du champignon sont visibles sur les deux faces des plantes âgées, sous la forme de petits points noirs. La lutte est essentiellement culturale : choix de cultivars moins sensibles dans les zones à endémie, écartement favorisant un ressuyage rapide de la culture après une pluie (Dupriez, 1995).
Maladie des taches blanches
Les taches blanches sont causées par Cercospora caribaea qui provoque des lésions sur les deux faces et ces lésions sont plus petites, circulaires et déprimées. Les premiers symptômes apparaissent comme des plages chlorotiques circulaires.
Peu après, on observe de minuscules lésions blanches à brun-jaunes sur la face supérieure de la feuille. Les lésions de la face inférieure sont plus irrégulières. Chez certaines variétés, les taches blanches sont bordées de violet et entourées d’un halo jaunâtre (Janssens, 2001).
Pourritures des tubercules
L’insecte qui fait rage sur le manioc c’est la cochenille farineuse (Phenacoccus manihotis) ; cet insecte cause le flétrissement des jeunes pousses et des jeunes feuilles déployées, ce qui prive les cultivateurs de la possibilité de prélever ces pousses comme légumes et de les consommer ou de les livrer au commerce (Kumar, 1991). A cause de la perturbation de la croissance et de la diminution de la surface foliaire, il y a perturbation du développement racinaire (Braima, 2000).
Mononychellus tanajoa est l’acarien répandu dans la région du Kivu, il a atteint toutes les régions du Congo-Kinshasa et ses dégâts sont perceptibles sur les jeunes pousses en saison sèche. Son incidence économique est assez faible sur les variétés à fort développement végétatif (Fabgemissi et al., 2000).
Les nématodes Meloidogyne spp. et Rotylenchulus occasionnent des dégâts sur les racines de manioc et il n’y a pas de variétés résistantes jusqu’à présent. Comme moyen de lutte, il faut envisager la plantation de la légumineuse Crotolaria sp. pendant les jachères, ce qui réduit la nuisance. L’épandage de débris de cabosses de cacao permettrait également de réduire l’incidence des nématodes (Janssens, 2001).