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INTRODUCTION

Le manioc est une culture servant de denrée alimentaire de base pour plus de 800 millions d’habitants dans le monde (Walangululu 2014, communication personnelle). En Afrique, on estime à 70 millions le nombre de personnes dont l’alimentation est tributaire du manioc, constituant leur denrée principale et contribuant à leur alimentation à raison de 500 kcal par jour et par personne (Anonyme, 2015). En R.D.C, le manioc est la culture la plus importante parce qu’il constitue l’aliment de base pour 70 % de la population (Anonyme, cité par Bahizire 2005). Au Sud-Kivu, le manioc occupe la 1ère place dans la catégorie des plantes à racines et tubercules consommées, suivi de la patate douce puis de la pomme de terre (Bisimwa, 1997). Il est cultivé pour ses racines qui tubérisent au cours d’un cycle de six à plus de trente-six mois selon les variétés et le milieu (Anonyme, 1991).

La totalité de la plante est parfois utilisée : le bois comme combustible, les feuilles et les racines tubérisées  comme aliment et les épluchures des racines pour l’alimentation animale (Anonyme, 1993). Les racines tubéreuses après transformation offrent une diversité de produits tels que l’attiéké, le foufou, la farine, l’amidon, les flocons, le tôh, le gari, etc. (Sékou et al, 2009). Le manioc a un effet améliorateur dû à ses profondes racines qui mobilisent les éléments minéraux supplémentaires se trouvant dans les strates inférieures du sol. Le travail du sol en profondeur lié à la récolte des racines permet l’enfouissement de la matière organique et l’enracinement profond de la culture suivante (Kotshi, 1990).

La R.D.C était l’un des premiers producteurs du manioc au monde. En 2011, elle occupait la 2ème place en Afrique et la cinquième au monde après le Nigeria, le Brésil, l’Indonésie et la Thaïlande, avec une production de 15,5 millions de tonnes par an (Mitima, 2014). Dans presque toutes les provinces de la R.D.C, la tendance de la production agricole est à la baisse, malgré l’accroissement continu de la population qui est de l’ordre de 3 % par an. Malgré que la superficie ait connu une forte augmentation à partir de l’année 2013, le manioc a connu une forte régression de production, comme quoi la productivité ne fait que baisser (Mitima, 2014).

Selon le rapport annuel du groupement de Mudaka de l’année 2015, intitulé situation des cultures vivrières (caractéristiques de la campagne), le rendement du manioc continue à baisser. Il était de 6,5 tonnes par hectare en 2009,  6,6 tonnes par hectare en 2010, 5,5 tonnes par hectare en 2013 et 5 tonnes à l’hectare pour les années 2014 et 2015. La cause de cette baisse de rendement est surtout la mosaïque africaine du manioc (Anonyme, 2015).

Les pertes importantes de production du manioc dans la partie Est de la R.D.C sont dues à des causes multiples (Bahindwa, 2006). Plusieurs facteurs influencent la baisse de production du manioc. En plus des attaques parasitaires, on peut citer également : l’humidité du sol et son évolution durant la vie de la plante malade, la sécheresse aux diverses périodes de la vie de la plante, l’inondation prolongée, le vent, les tornades, la grêle, la foudre,  l’ombre et la lumière à un moment précis du développement de la plante ou durant une longue période, l’empoisonnement des plantes par des produits toxiques (Dupriez, 1995). Au Sud-Kivu, il existe également un grand nombre de mouches blanches dans les champs de manioc favorisant ainsi l’infection secondaire pour la mosaïque (Alimasi, 2012).

Au Sud-Kivu, de toutes les nouvelles variétés améliorées de manioc introduites dans la zone d’étude à travers l’INERA et les ONG de développement, seules deux variétés sont présentes dans les champs des ménages enquêtés dont mayombe et sawasawa. Les autres ont un taux d’adoption très insignifiant qui varie entre 3,1 % et 14,8 %, et d’autres encore ne sont pas du tout connues ni présentes dans la zone d’étude. C’est seulement la variété sawasawa qui a été adoptée ou utilisée à 42,2 % dans la zone d’étude (Mambo, 2014).

Les études menées par Bikoba en 2005 à Kalehe et à Mudaka sur la distribution de la mosaïque africaine du manioc et de son vecteur ont permis d’émettre une hypothèse qu’il y aurait une ou de nouvelles souches de virus transmises par la mouche blanche et qui augmenteraient l’infection secondaire et une baisse de production (Bahindwa, 2006). Les résultats de cette recherche ont permis d’affirmer que les anciennes variétés attirent plus les mouches blanches comparativement aux nouvelles variétés (Bikoba, 2005).

Pour relever le défi, depuis l’année 2000, en R.D.C comme dans beaucoup de pays voisins, plusieurs projets sont intervenus pour la création de variétés résistantes ou tolérantes à la mosaïque. Ainsi des boutures saines étaient obtenues et mises à la disposition des agriculteurs dans le but de remplacer les anciennes variétés sensibles et promouvoir ainsi la production (FAO, cité par Vuambale, 2009).

Vu le problème ci haut signalé, la question suivante fait l’objet de cette étude : Quels sont les clones de manioc en sélection qui peuvent s’adapter à des conditions édapho-climatiques de Mudaka afin de permettre une production suffisante ?

L’obtention d’une diversité de variétés adaptées, aussi plastiques que possible présentant une adaptation suffisante pourrait permettre de corriger cette tendance à la chute de production comme quoi au-delà de la performance, l’adaptation de ces variétés est aussi un facteur très important.

La mise au point des clones adaptés aux conditions édapho-climatiques de Mudaka serait une des solutions pouvant relever la production du manioc. La meilleure adaptation permettrait une bonne croissance et un bon développement de la plante d’où une bonne production. L’utilisation de clones résistants aux maladies, surtout la mosaïque africaine permettrait de résoudre ce problème.

Le but de ce travail est de contribuer à l’accroissement de la diversité génétique du manioc. Il est donc question d’établir l’adaptation à travers la résistance aux contraintes biotiques du milieu, particulièrement la mosaïque africaine du manioc mais aussi aux conditions édapho-climatiques du milieu.

La présente étude a été financée par le projet SARD-SC de l’IITA en collaboration avec l’INERA/Mulungu et la faculté d’agronomie de l’Université Catholique de Bukavu. Elle a pour objectif de tester l’adaptation de quatre clones de manioc dans les conditions édapho-climatiques de Mudaka, surtout tester la stabilité du rendement et la résistance de ces clones aux maladies dont la principale est la mosaïque.

Hormis l’introduction, le présent travail comprend trois chapitres : le premier est une revue de la littérature, le second traite le milieu, le matériel et la méthode et le troisième est consacré aux résultats et discussion et une conclusion clôture ce dernier.

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