L’objet de cette étude porte sur l’intervention des organisations informelles dans le maintien de l’ordre public à Bukavu, cas de Bukavu forces vives et SAJECEK FORCES VIVES.
Le choix d’un sujet de recherche est un acte hautement subjectif, dit DEPELTEAU[1].
Pour cet auteur, il est tout à fait normal que le choix du sujet se fasse en fonction de l’expérience et de la personnalité du chercheur. Il précise aussi que très souvent, le choix du sujet dépend énormément de l’environnement social dans lequel évolue le chercheur.
En effet, l’environnement socio−politique, dans lequel nous évoluons actuellement dans la ville de Bukavu est caractérisé par beaucoup de cas de maintien de l’ordre public par des organisations dites informelles, telles que :
Ainsi nous nous sommes sentis interpellés et nous avons tenté donc de donner une explication scientifique à ce phénomène qui, du reste, est considéré comme pathogène dans notre société.
Le présent travail revêt un intérêt particulier, non seulement pour nous qui l’entreprenons, mais aussi pour la science et pour la société congolaise, en général et la société Bukavienne, en particulier.
Ce travail présente un triple avantage à savoir :
Intérêt personnel :
Depuis un temps nous observons dans la ville de Bukavu et surtout dans des quartiers dits populaires des menaces mettant en péril le maintien de l’ordre public.
Ce travail nous intéresse à tel point qu’à son issue, nous allons découvrir le mécanisme que font ces organisations pour le maintien de l’ordre public, en suite leur mode d’intervention et en fin le niveau de collaboration avec le service compétent dans le maintien de l’ordre public.
Sur le plan scientifique
Il vise à contribuer à la production des nouvelles connaissances scientifiques. D’autres chercheurs pourront s’en inspirer pour l’une ou l’autre question sur le plan épistémologique ou méthodologique.
Ensuite pour la société nous devons retenir que le problème de maintien de l’ordre public est un fait socio politique spécifique. Il revêt non seulement une dimension sociale mais aussi une dimension individuelle.
Sur le plan social
A l’issue de ce travail, nous aurons à apporter à la société la vision que joue desdites organisations dans le maintien de l’ordre public.
Toujours avec ce travail, nous allons amener la société à bien comprendre que le maintien de l’ordre public est une tache de service de l’Etat dont la police Nationale congolaise, PNC) et les forces armées de la République Démocratique du Congo, FARDC).
C’est dans ce cadre que notre travail se porte sur la ville de Bukavu et spécifiquement les communes et les quartiers où se trouvent le siège social de ces organisations dont BUKAVU FORCES VIVES POUR LA PAIX et SAJECEK FORCES VIVES.
Temporellement, la délimitation permet aux chercheurs de préciser à quel moment commencent et terminent les séquences temporelles qui constituent le fait à étudier.
Ainsi, nous disons que le problème du maintien de l’ordre public dans la ville de Bukavu et ses environs ne date pas d’aujourd’hui mais dans le cas précis nous allons prendre l’année 2016 à 2017.
De ce fait ; la délimitation spatiale se justifie dans ce sens que c’est notre champ d’application et celle temporelle se justifie au fait que c’est la période au cours de laquelle nous avons effectué notre étude sur ces organisations.
Ainsi nous allons essayer de savoir quelle a été la cause principale de la division de l’ASBL FORCES VIVES en deux ailes d’où nous assistons à Bukavu forces vives pour la paix et SAJECEK FORCES VIVES.
Pour l’état de la question, le chercheur fait une revue critique de la littérature déjà consacrée au sujet choisi pour éviter d’enfoncer les portes déjà franchies et déterminer aussi l’originalité de son travail.
Ainsi tout travail de recherche scientifique s’inscrit dans une continuité et peut être situé dans son rapport à des courants de pensée qui le précèdent, l’influencent, précisent RAYMOND QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT[2].
Pour ces auteurs, il est normal et nécessaire que le chercheur prenne connaissance des travaux déjà effectués qui portent sur des objectifs comparables et qu’il soit explicité sur ce qui rapproche et sur ce qui distingue son propre travail de ceux des autres.
Dans son étude FISTON BALEKEZA[3], les causes de la justice populaire au Sud─ Kivu, note que la défaillance de l’appareil judicaire qui se manifeste pour le non célérité dans le prononcé de jugement.
Cet auteur observe le jugement taillé sur mesure, le manque de moyen suffisant pour la bonne administration de la justice.
Dans ces conditions, les divisions de la justice ne garantissent plus la tranquillité des citoyens, le bien être social et la paix durable.
M.MALONGA[4] dans son ouvrage , droit administratif et institutions administratives, montre que l’ordre public revient dans les missions règlementaires de l’Etat bien établi d’où l’expression de la police administrative désigne l’ensemble des pouvoirs accordés soit par la loi ou en vertu de la loi, soit le cas échéant par un décret ou en vertu d’un décret, aux autorités administratives et qui permettent celles−ci d’imposer en vue d’assurer l’ordre public , des limitations aux droits et libertés des individus.
Dans son étude, RAFIKI MIGABO JEAN BOSCO[5], fait une étude sur l’opinion publique face à la rafle des présumés bandits dans la ville de Bukavu. Il porte ses analyses sur les tentatives de résolution des problèmes des troubles.
Parmi ces résolutions, l’auteur énumère le recours de la population à la justice populaire qui est contraire à la loi congolaise.
Dans son mémoire Aimé KATWAZA IBETHI[6], l’ordre public face à la consommation du chanvre dans la ville de Bukavu, l’auteur vise à identifier et à expliquer les liens de causalité que la production, la commercialisation et la consommation exagérée de chanvre entretiennent avec les impératifs du maintien de l’ordre public.
Justin ZABIKA ZIRIRANE[7], dans son mémoire, il note que l’implication des acteurs non étatiques de gardiennage dans la ville de Bukavu, est une conséquence de la faiblesse de l’Etat dont la crise économique et politique a de retombée dans la ville de Bukavu et est à l’origine de l’insécurité.
C’est dans ce sens qu’après avoir fait un regard sur les travaux déjà réalisés par d’autres chercheurs en rapport avec les organisations dites informelles pour le maintien de l’ordre public précisément dans la ville de Bukavu.
Il nous revient de dire que ce travail sera le premier qui traite des activités ou missions principales que réalisent ces organisations.
Ainsi donc, cette étude montre son originalité en ce sens qu’elle s’effectue à ces organisations constituant des jeunes gens communément appelés volontaire, ayant les soucis de contribuer au maintien de l’ordre public dans la ville de Bukavu.
La problématique selon R.QUIVY et L. V.COMPENHOUDT[8] est une approche que le chercheur décide d’adopter en vue de traiter le problème causé par la question de départ.
Le maintien de l’ordre public dans la ville de Bukavu cause problème, surtout dans les quartiers dits populaires. La population ne sait plus réaliser le rendement de son activité pour ces troubles sociaux qui est devenu une monnaie courante.
L’ordre public est l’une des missions régaliennes d’un Etat bien institué.
De ce fait nous pouvons énumérer ces acteurs des troubles sociaux, actuellement les hommes armés, les enfants de la rue, les coupeurs de chemin etc.
Ces derniers dans la plupart de cas, ils tuent, extorquent les biens de paisibles, perturbent l’ordre public et la sécurité publique.
Apres avoir perturbé l’ordre et sécurité publics, ces acteurs parviennent maintenant à extorquer les biens de la population tels que les téléphones portables, l’argent, sac en mains, les bagages contenant les biens de toute valeur.
En plus ils arrivent même à ôter la vie aux personnes qui tombent entre leur mains souvent aux environs de 18h jusqu’aux heures tardives.
Parmi ces victimes , nous pouvons citer en passant une maman cambiste répondant au nom de FURAHA BIRIBINDI, assassinée le 27 Février 2017 à 20h dans la ville de Bukavu , commune d’Ibanda , quartier Ndendere et dans l’avenue Saio, de son retour du boulot ; la seconde c’est aussi une maman cambiste répondant au nom de de NANKAFU SHANGALUME JOSEPHINE assassiné aussi par les hommes armés du retour de son boulot devant sa porte, mercredi 08 février 2017 , a 19H 30 dans la ville de Bukavu, commune d’Ibanda, quartier Nyalukemba, avenue Ngumba à la place dite feu rouge.
Ces hommes malfaiteurs se servent de nombreux outils dont les armes blanches telles que couteaux, petites machettes armes à feu, les tenus pour se déguiser et tenues de la police et de militaire quelque fois.
La non implication directe des dirigeants provinciaux dans le but de maintenir l’ordre public dans la ville de Bukavu fait que les jeunes s’organisent a travers les ASBL « BUKAVU FORCE VIVES pou la paix » et « SAJECEK FORCE VIVE » dans le but de mettre hors l’état ces inciviques qui ne cessent de semer la mort et la perturbation des activités de la population de la ville de Bukavu.
A l’égard de cette situation, un questionnement nous vient en esprit selon lequel :
Une hypothèse du travail est une réponse provisoire donnée à la question de départ qui est issue de la théorie dans une démarche hypothético déductive. Cette réponse provisoire sera falsifiée dans l’évolution de la démarche scientifique.
De ce fait, pour maintenir l’ordre public, ces organisations procèderaient à mettre en marche quelques techniques ou mécanismes dont celle de création des différents noyaux dans chaque commune, surtout dans les quartiers populaires. En suite ces organisations disponibiliseraient ses membres à la recherche de ceux qui sont pointés les doigts dans le trouble de l’ordre public,
En plus ses membres passeraient à l’identification des malfrats après la dénonciation de la population elle-même de cas d’extorsion, de vol, viol, de barbarie et de consommation abusive de boisson fortement alcoolisée dans des maisons de tolérance.
Ses membres une fois à la recherche de ceux qui sont identifiés, ils le traqueraient et les défèreraient à la justice. Une technique qui nous paraitrait inefficace pour mettre fin aux troubles sociaux, dont le maintien de l’ordre public dans la ville de Bukavu.
Pour ces inciviques, la prison est devenue un lieu de recréation où ils peuvent passer quelque jours puis reviennent à la cité pour continuer les mêmes activités consistant à troubler l’ordre public.
Concernant la deuxième question, il existerait une certaine collaboration entre Les services publics compétents de maintien de l’ordre public et les organisations informelles précitées dans la mesure où, une fois attrapé les troubleurs de l’ordre public, ces dernières les livreraient aux services compétents de l’Etat dont la police administrative.
Alain BIROU[9] conçoit celle-ci comme une discipline qui réfléchit au processus rationnel d’une pensée méthodologique.
Elle élabore les concepts de base et des instruments rationnels qu’une méthode doit employer pour arriver à son but. Le bon usage de ses instruments conduit à organiser, interpréter et expliquer les données en un tout cohérent pour la raison.
Le sociologue congolais M. NDAY WA MANDE[10] définit une méthode de travail comme étant un chemin intellectuel qui nous permet de relier l’objet d’étude aux objectifs tout e n démontrant le fonctionnement de cette liaison. Elle une démarche à la fois théorique et appliquée au moyen duquel l’esprit se déploie pour le biais des outils et de sélection pour atteindre de manière approchée un ou des objectifs qu’on s’assigne au départ de la recherche.
Dans notre travail, nous avons utilisé la méthode fonctionnelle.
En effet, cette méthode tire ses origines dans l’école anthropologique congolaise plus précisément des recherches de Radcliffe-Brown qui donne la définition suivante : la fonction sociale d’un usage particulier c’est la contribution qu’elle apporte à la vie sociale considérée comme l’ensemble au fonctionnement d’un système social. Cette définition suppose qu’un système a une certaine unité que nous pouvons appeler unité fonctionnelle.
Ainsi conçu, l’analyse fonctionnelle consiste à effectuer deux opérations dont :
Le fonctionnalisme absolu repose sur trois postulats à savoir :
Dans un pays qui revendique la démocratie comme la RD Congo, le maintien de l’ordre publique est un élément indispensable qui garanti les libertés publiques, socio culturelles et économiques d’un pays. L’Etat ne doit pas confisquer toutes les activités sociales, d’où ces organisations citoyennes sont des éléments très important dans la recherche de la sécurité durable et le maintien de l’ordre public dans la ville de Bukavu.
Comme fondement la méthode fonctionnelle est une voie de causalité. Elle réfère aux causes et aux effets de phénomènes sociaux. Ceci suppose que l’existence de de ces organisations dépendent de la présent, ce des phénomènes malfaiteurs dans la ville de Bukavu.
Pour ALAIN BIROU[11], les techniques sont un ensemble des procédés d’une science, d’un art ou d’un métier pour obtenir un résultat déterminé avec le meilleur rendement possible.
La liste de ces techniques est longue, mais pour récolter les données nous avons fait recours aux techniques suivantes :
Elle est celle qui permet d’obtenir les données à travers les sources autre que le chercheur lui-même, données dites de seconde main.
Selon madeleine GRAWITZ[12] , elle est un choix de l’utilisation de la technique documentaire qui se justifie par le fait qu’elle permet au chercheur d’analyser les réalités se trouvant dans le document écrits ayant pour but de compléter ce que l’on a approuvé sur le terrain. C’est ainsi que nous nous sommes rendu dans différentes bibliothèques de la place pour la lecture des ouvrages
D’après R .QUIVY et L .V. CAMPENHOUDT[13], un entretien est une communication orale ayant pour but de transmettre des informations de l’enquêté à l’enquêteur. Cette technique nous a permis d’engager un échange verbal avec nos interlocuteurs sur la situation de maintien de l’ordre public dans la ville de Bukavu.
Elles sont définies comme étant des techniques de recherche pour la description objective, systémique et quantitative du contenu manifeste de communication, ayant pour but de les interpréter.
Ce sont des techniques permettant de faire des inférences en indiquant objectivement et systématiquement les caractéristiques du message.
C’est dans ce sens que nous avons utilisé cette technique pour faire une analyse de contenu que F.DEPELTEAU[14] considère comme étant une méthode de classification ou de modification de diverses catégories des éléments du document analysé pour en faire sortir les différente caractéristiques en vue de mieux comprendre le sens exact et précis.
C’est alors que suite à la nécessité que présente ce moyen, nous avons tiré des conclusions objectives avec les données recueillies sur le terrain.
Hormis l’introduction et la conclusion, ce travail s’articulera autour de deux chapitres principaux, subdivisés à leur tour dans différentes sections.
Le tout premier chapitre fondera le pole théorique de notre travail.
En fin le second chapitre portera sur SAJECEK FORCES VIVES et BUKAVU FORCES VIVES pour la PAIX, dans le maintien de l’ordre public à Bukavu.
[1] F. DEPELTEAU, démarche d’une recherche en sciences humaines, canada, P.V Laval, 2002, p.100.
[2] RAYMOND QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT[2], manuel de recherche en sciences sociales, paris Bordas, 1988, P.38.
[3]FISTON BALEKEZA, justice populaire face à la présomption d’innocence, cas du sud Kivu, TFC ; inédit, UOB 2007─2008.
[4] Prof M.MALONGA, droit Administratif et institution Administrative, P.U.G., Nord−Kivu, Butembo, 2010, P.152.
[5] RAFIKI MIGABO, l’opinion publique face à la rafle de présumé bandits de la ville de Bukavu, TFC, Inédit, UOB 2008− 2009
[6] Aimé KATWAZA IBETHI, l’ordre public face à la consommation du chanvre dans la ville de Bukavu, de 1998− 2008, Mémoire, UOB 2006 ─2008.
[7] Justin ZABIKA ZIRIRANE, insécurité et apparition des acteurs non Etatiques de gardiennage à Bukavu, Mémoire, UOB, 2006─ 2007.
[8] Op.cit.
[9] Alain BIROU, vocabulaire pratique des sciences sociales, paris, Ed. Ouvrières, 1962, p.307.
[10] M. NDAY WA MANDE, Mémento de méthode de recherche en Sciences sociales et Humaines, Likasi, Ed .Zoe créativité 31, 2006, p.32.
[11]ALAIN BIROU Op.cit.
[12] MADELEINE GRAWITZ, Méthodes des Sciences sociales, Dalloz, 2001, P.351
[13] R .QUIVY et L .V. CAMPENHOUDT, op.cit.P185.
[14] F.DEPELTEAU, op.cit. P.295.