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CHAPITRE I. INTRODUCTION GENERALE

  • PROBLEMATIQUE

            Le premier  jour, la  première   semaine et le  premier  mois  de  la vie  sont  les périodes les  plus  ultimes  pour  la  survie  des  enfants.  Parmi les 6  millions  d’enfants  qui meurent  avant  leur  cinquième anniversaire,  environ 1 million  décèdent  dès  la  naissance, 2  millions  la  première  semaine  et  près  de 2,8 millions  au  cours  des  28  premiers  jours  de  leur  vie [1].

            Le 4èmeobjectif du millénaire pour le développement  (OMD) avait  pour  but  de  réduire  de deux  tiers  la mortalité  des enfants de moins de cinq ans entre 1990 et 2015, soit de 91‰ (taux en 1990) à 30‰ (cible pour 2015). Si des progrès énormes ont été observés dans le cadre de la réduction de la mortalité post néonatale et juvénile, cela n’a pas été le cas pour ce qui concerne la réduction de la mortalité néonatale. Globalement, le taux de mortalité néonatale est passé de 36 décès pour 1000 naissances vivantes en 1990 à 19 en 2015, et le nombre de décès néonatals est passé de 5,1 millions à 2,7 millions. Toutefois, la baisse de la mortalité néonatale de 1990 à 2015 a été plus lente que celle de la mortalité post-néonatale et juvénile: 47 pour cent contre 58 pour cent à l’échelle mondiale [1-3]. La réduction de la mortalité des moins des 5 ans a été plus lente en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud [1].

            La République Démocratique du Congo, à l’instar d’autres pays africains subsahariens, a connu aussi de faibles progrès dans la réduction de la mortalité néonatale : 48‰ en 2007 [4], 28‰ en 2014 [5] et 30‰ en 2015 [3].

Les OMD ont été remplacés par les objectifs du développement durable (ODD). Ces derniers, également nommés Objectifs mondiaux, sont un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité. Les 17 ODD s’appuient sur les succès des OMD, tout en y intégrant des nouvelles préoccupations telles que les changements climatiques, la paix et la justice, entre autres priorités. Le 3ème ODD dans sa deuxième cible relative à la santé vise à éliminer, d’ici 2030, les décès évitables de nouveau-nés et d’enfants de moins de 5 ans, tous les pays devant chercher à ramener la mortalité néonatale à 12 pour 1 000 naissances vivantes au plus et la mortalité des enfants de moins de 5 ans à 25 pour 1 000 naissances vivantes au plus [6].

            Une accélération du rythme des progrès est une nécessité urgente pour atteindre l’ODD sur la survie des enfants, en particulier dans les pays à mortalité élevée en Afrique sub-saharienne. Pour atteindre la cible d’ODD relative à la réduction de la mortalité infanto-juvénile de 25 décès ou moins pour 1000 naissances vivantes en 2030, un total de 47 pays ont besoin d’augmenter leur rythme de progression. Parmi ceux-ci, 30 pays doivent au moins doubler leur taux actuel de réduction, et 11 de ces 30 pays doivent au moins tripler leur taux actuel de réduction [3].

De nombreux décès néonatals peuvent être évités  par des interventions simples et peu couteuses et à fort impact relatives aux besoins de femme et de nouveau-nés grâce à un suivi médical continu, en insistant sur les soins au moment de la naissance [1].

            Faisant suite aux travaux antérieurs visant à étudier l’évolution et les facteurs de risque de mortalité néonatale dans l’unité de Néonatologie de l’HGRP de 2009 à 2013, nous nous sommes intéressés à la morbidité néonatale, aux facteurs de risque et à l’évolution de cette mortalité néonatale durant les deux dernières années.

  • HYPOTHESES
  • Les infections néonatales, l’asphyxie périnatale, la détresse respiratoire et la prématurité constituent les principales causes des morbidités néonatales ;
  • Les infections néonatales, l’asphyxie néonatale, la détresse respiratoire et la prématurité constituent les principales causes de mortalité néonatales.
  • OBJECTIFS
  • Objectif général : contribuer à l’amélioration de la prise en charge des nouveau-nés admis au service de néonatologie.
  • Objectifs spécifiques :
  • Déterminer les pathologies les plus fréquentes en néonatologie ;
  • Identifier les principales causes de la mortalité en néonatologie ;
  • Déterminer le facteur de risque de mortalité néonatale.
  • SUBDIVISION DU TRAVAIL

Ce travail est subdivisé en cinq parties :

  • Introduction
  • Méthodologie
  • Résultats
  • Discussion et
  • Conclusion et recommandations
    • GENERALITES
  • Définitions des concepts
  • Morbidité: c’est l’exposition d’une population à des affections qui ne sont pas nécessairement mortelles. [7]
  • Mortalité: c’est l’action de la mort sur une population exposée en un lieu et dans un temps à déterminer. [7]
  • Mortinatalité: décès survenus en cours de grossesse après 28 semaines révolus d’aménorrhée. [7]
  • Taux de morbidité néonatale: rapport pour une période donnée du nombre de nouveaux nés atteints d’une affection néonatale grave pour 1000 naissances vivantes. [7]
  • Facteur de risque: ce sont les facteurs qui augmentent le risque d’apparition d’une maladie. [7]
  • Le taux de mortinatalité: c’est le rapport du nombre de mort-nés sur le nombre de naissances totales. [7]
  • Le taux de mortalité périnatale: c’est la somme du taux de la mortinatalité et de la mortalité néonatale précoce. [7]
  • Le taux de mortalité néonatale : c’est le nombre de décès néonatals survenant pendant une période donnée pour mille naissances vivantes. [7]
  • La mortalité néonatale: c’est le nombre de décès néonatals sur le nombre de naissances vivantes. [7]
  • La mortalité néonatale précoce: c’est le nombre de décès néonatals survenus de 0 à 6 jours révolus. [7]
  • La mortalité néonatale tardive : c’est le nombre de décès néonatals survenus entre 7 et 28 jours de vie. [7]
  • La mortalité post-néonatale : c’est le nombre de décès survenus entre 28 jours et 365 jours de vie. [7]
  • La mortalité infantile : nombre de décès d’enfants de moins de un an [7].
  • Quand meurent les nouveau-nés ? [8]

            C’est le jour de la naissance qui est le jour du plus grand risque de décès sur toute une vie humaine ; chaque année environ 300.000 bébés africains meurent le jour de leur naissance, suites essentiellement au manque de soins maternels et néonatals adéquats. La naissance et le premier jour de la vie sont entourés du plus grand risque aussi bien pour la mère que pour le bébé : Mères (environ 50 % des décès le lendemain de l’accouchement), mortinatalité (environ 30 % en Afrique surviennent pendant le travail) et nouveau-nés (entre 30 % et 50 % des décès le premier jour de la vie).

1.5.3          Où meurent les nouveau-nés ? [8]

            L’Afrique compte 11 % de la population mondiale et pourtant plus de 25 % des décès néonatals du monde. Quinze des 20 pays (75 %)  du monde avec le risque le plus élevé de décès néonatals se situent en Afrique. Dans certains pays comme l’Ethiopie, seuls 5 % meurent à l’hôpital. Dans le Nord du Ghana, 13 % seulement des décès néonatals surviennent à l’hôpital.

            Les nouveau-nés dans les familles qui vivent dans des zones rurales sont exposés à un risque plus élevé de mourir que ceux qui sont nés dans des familles urbaines. En effet, dans les EDS de 22 pays publiées entre 2000 et 2005, le taux de mortalité néonatale était en moyenne supérieur de 42 % parmi les familles rurales.

            En outre, la corrélation est étroite entre la mauvaise santé et les décès des nouveau-nés. En effet, les mères et les nouveau-nés des familles pauvres sont plus vulnérables aux maladies et ont bien plus de mal à avoir accès à temps à des soins de bonne qualité que les familles aisées. L’écart est bien trop prononcé sur le plan de la santé néonatale entre les pays riches et pauvres: le taux de mortalité néonatale est de 9‰ aux Seychelles (PNB de 8 090 $US) à 66‰ au Liberia (PNB de 110 $US).

  • De quoi meurent les nouveau-nés ? [8]
  • Causes directes

            Les trois grandes causes des décès des nouveaux nés : les infections, l’asphyxie à la naissance et les complications imputables à la naissance prématurée. Prises ensemble, ces causes représentent 87 % des décès des nouveau-nés en Afrique.

  • Les infections : elles sont les principales causes de la mortalité néonatale, notamment la pneumonie (28%), le tétanos néonatal (6%) et les diarrhées (4%).
  • L’asphyxie périnatale: elle est responsable de 280.000 décès par an en Afrique subsaharienne. Les bébés qui naissent en Afrique subsaharienne courent un risque très élevé de mourir d’asphyxie lors de l’accouchement ou risquent de naître mort-nés.
  • La prématurité: 000 décès par an en Afrique subsaharienne. Les bébés prématurés représentent au moins la moitié des décès de nouveau-nés en Afrique. Outre 24 % de décès néonatals en Afrique directement imputables à des complications de la prématurité (problèmes respiratoires, hémorragie intracrânienne, ictère), un grand nombre de décès dû à d’autres causes surviennent également chez les nouveau-nés prématurés. Les nouveau-nés prématurés ont un risque de mourir 13 fois plus élevé que les nouveau-nés à terme.

1.5.3.2 Causes indirectes

  • Le faible poids de naissance: la plupart des nouveau-nés souffrant d’une insuffisance pondérale à la naissance en Afrique sont des nouveau-nés prématurés. La situation est nettement différente en Asie du Sud où le taux de l’insuffisance pondérale à la naissance est pratiquement le double de celui de l’Afrique mais où la majorité des nouveau-nés avec insuffisance pondérale sont des nouveau-nés à terme qui sont petits pour l’âge gestationnel. La plupart des nouveau-nés qui meurent sont des nouveau-nés de poids insuffisants, entre 60 % et 90 %, des décès néonatals dans le monde.
  • Le sexe: les fillettes ont un taux de mortalité un peu élevé que les garçons. Dans les sociétés où les enfants des deux sexes bénéficient de la même qualité des soins, le ratio de la mortalité néonatale entre garçons et filles est généralement au moins de 1,2 ou plus élevé. L’analyse des données de l’EDS pour les pays africains montre que les fillettes ne semblent pas perdre cet avantage naturel de survie. Par contre, d’après un certain nombre d’études en Asie du Sud, on amènerait moins les filles consulter les services de santé, des cas d’infanticide étant même notés. Une étude récente faite au Ghana signale un grand nombre d’infanticide, représentant 4,9 % des 1.118 décès néonatals entre 1995 et 2002.
  • La pauvreté : la pauvreté est une cause sous-jacente de nombreux décès néonatals, soit par l’augmentation de la prévalence des facteurs de risque telles que l’infection de la mère, ou en réduisant l’accès à des soins efficaces.

1.5.4 Stratégies de réduction de la mortalité  néonatale [8]

            Une grande partie des décès de nouveau-nés (entre 41 et 72 %) pourraient être évités grâce à un ensemble de mesures simples dont le coût est chiffré à 4,1 milliards de dollars par an, en plus des 2 milliards déjà dépensés actuellement.

            Les actions, regroupées en 16 recommandations, doivent être menées avant la conception, pendant la grossesse, pendant l’accouchement et après la naissance:

  • Avant la conception :
  1. Supplémentations en acide folique ;
  • Pendant la grossesse :
  1. Vacciner contre le tétanos ;
  2. Surveiller et traiter la syphilis ;
  3. Prévenir, par une supplémentation en calcium, les crises d’épilepsie (éclampsie puerpérale) ;
  4. Traiter le paludisme ;
  5. Dépister et traiter l’infection urinaire asymptomatique ;
  • Pendant l’accouchement :
  1. Améliorer l’accès aux antibiotiques ;
  2. Améliorer l’accès aux corticoïdes ;
  3. Détecter les accouchements par le siège et former le personnel à la pratique des césariennes ;
  4. Surveiller les complications possibles lors du travail et de l’accouchement ;
  5. Améliorer les conditions d’hygiène en salle d’opération ;
  • Après la naissance :
  1. Former le personnel à la réanimation des nouveau-nés ;
  2. Promouvoir l’allaitement au sein ;
  3. Prévenir et gérer l’hypothermie ;
  4. Favoriser la méthode de la “mère kangourou“ pour les petits poids de naissance (maintien du nouveau-né contre le corps de sa mère) ;
  5. Détecter et traiter les pneumonies.

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