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INTRODUCTION

La dégradation de la situation économique et sociale place l’Afrique subsaharienne au cœur du problème de la pauvreté et les manifestations de la faim (famine et malnutrition)quien constituent les dimensions les plus graves. L’amélioration des conditions d’existence des individus par la satisfaction des besoins alimentaires et nutritionnels constitue la condition première du développement économique et social ou du développement humain (AZOULAY et DILLON, 1993).

Une étude menée par Louvain-développement en 2008 prouve que l’activité principale en République Démocratique du Congo demeure l’agriculture et 85% des ménages au Sud-Kivu et particulièrement dans le territoire de Kabare est essentiellementagricole(GAYE, 2008). Le système agricole de cette zone est caractérisé par une association culturale de type extensif et faiblement productif. Les causes de cette situation sont la faible étendue des champs désormais quasiment inextensible du fait d’un espace fini et difficilement accessible, les attaques des cultures par les maladies et les ravageurs, l’utilisation des semences dégénérées, les attaques des cultures par des animaux en divagation, les techniques de production et de conservation à plusieurs points de vue inappropriées, et surtout la faible fertilité des sols (CIRIMWAMI, 1995).

Au plan alimentaire, la conjonction de différentes contraintes rend vulnérable l’essentiel des ménages ruraux déjà structurellement pauvres et sauf exception, sans surplus conséquent de production. La malnutrition protéino-calorifique affectant en priorité les enfants et les femmes, est considérée comme omniprésente dansKabare. Les résultats des enquêtes menées par Louvain-développement  révèlent que plusieurs ménages ont des membres souffrant des maladies directement liées à l’alimentation (42%) conduisant au Kwashiorkor (8%), au marasme (9%) et plus encore aux troubles gastro-intestinaux (25%) (GAYE, 2008).

Une bonne partie de ces individus n’ont pas assez à manger pour pouvoir répondre à leurs besoins énergétiques quotidiens. Mais on en compte beaucoup plus, le triple qui souffre des répercussions insidieuses des carences en micronutriments parce qu’ils n’ont pas accès aux aliments nutritifs tels que les fruits, les légumes et les produits d’origines animales. Les conséquences d’une malnutrition en micronutriments également appelée  « famine insoupçonnée », peuvent s’avérer désastreuses : retard de croissance, détérioration des capacités cognitives, cécité, risque accru des maladies, et enfin mort prématurée. Les femmes et les jeunes enfants dans les pays en développement sont tout particulièrement vulnérables(HARVESTPLUS, 2009).

La vitamine A, le zinc et le fer sont quelques uns des micronutriments qui font le plus souvent défaut dans les régimes alimentaires des populations pauvres au sein des pays en développement. Fournir ces substances nutritives par le biais des compléments et fortifiants alimentaires a permis d’accomplir beaucoup de choses dans les régions où l’on trouve une solide infrastructure sanitaire et de marché. Mais dans de nombreux pays en développement cette infrastructure indispensable est insuffisante voire inexistante, ou ne dessert tout simplement pas les zones rurales où vit la majorité des populations pauvres souffrant de malnutrition. De nouvelles approches sont nécessaires pour compléter les stratégies existantes (IFPRI, 2011).

La « biofortification » est une nouvelle approche consistant à augmenter la teneur en micronutriments directement dans les cultures de base dont se nourrissent les populations pauvres ; cette stratégie s’appuie sur le fait que la consommation quotidienne des populations pauvres est constituée d’aliments de première nécessité. Ces aliments de base biofortifiés c’est-à-dire riches en micronutriments, sont à même de fournir suffisamment de micronutriments pour pouvoir améliorer sensiblement l’alimentation si ceux-ci sont consommés quotidiennement (HARVESTPLUS, 2009).

La consommation moyenne de haricot sec par tête est de 31,4 kilogrammes par an avec, dans la région des Grands Lacs (Rwanda, Burundi et Est de la R.D. Congo), des valeurs extrêmes de 50 kilogrammes par an ou 137 grammes par jour. Le haricot commun est donc une culture essentielle dans l’alimentation des populations de l’Afrique centrale et orientale. (BAUDOIN J-P et al, 2001). Il continue à jouer un rôle important dans l’alimentation et fournit dans cette région plus de 45% des protéines consommées. (ALLEN et al, 1996).

La promotion de la culture du  haricot (les variétés biofortifiées) peut atténuer ce problème sérieux de malnutrition. D’après les études menées par GAYE Daniel, le haricot se classe clairement comme première culture de consommation en importance au tant que la banane, il est d’abord cultivé pour la consommation (77,2%) et secondairement pour être commercialisé (22,8%) dans le territoire de Kabare (GAYE, 2008).

         La biofortification utilise toutes les dernières techniques traditionnelles et modernes en matière de sélection de plantes pour améliorer le contenu nutritif des cultures (IFPRI, 2011). Nous pensons qu’une plante bien nourrie est capable de tirer le maximum de nutriments qui lui sont indispensables et d’en constituer des réserves. Ainsi, l’application du fumier associé  à la fumure minérale et ou à l’amendement calcaire améliorerait le rendement du haricot  et surtout sa teneur en micronutriments (fer et zinc en l’occurrence).

Ainsi avons-nous comme objectif  d’évaluer l’adaptation de trois variétés de haricot face à ces différentes options de fertilisation qui ne sont que la porte d’entrée d’un système complexe d’agriculture durable, la gestion intégrée de la fertilité du sol (GIFS).

Pour matérialiser notre recherche nous avons procédé par une expérimentation (du 9 mars 2011 au 22 juin 2011) à l’Institut national pour l’étude et la recherche agronomique (INERA/Mulungu) dans le territoire de Kabare, à 30 minutes au nord de Bukavu. Trois variétés de haricot biofortifié (Cod MLB 001, More 88022, RWR 10,) ont été utilisées comme matériel biologique. Les options de fertilisation sont le NPK 17-17-17 (150 kilogrammes à l’hectare), la bouse de vache bien décomposée (10 tonnes à  l’hectare) et la chaux (2 tonnes à l’hectare). Le dispositif expérimental est ensplit plot, avec comme traitements principaux les variétés et comme traitements secondaires les options de la GIFS (GOMEZ & GOMEZ, 1984).

L’objectif de ce travail était de vérifier :

  1. L’effet de la fertilisation minérale et organique ainsi que de l’amendement calcique sur le rendement de trois variétés de haricot biofortifié à Mulungu ;
  2. L’influence de ces pratiques sur la teneur en fer et zinc de ces variétés.
  3. La relation entre la teneur en micronutriments et le rendement.

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