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CHAPITRE III : PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS

3.1  PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS

3.1.1 Variation du comportement des différentes technologies en fonction de la saison

Les effets de différentes technologies de gestion d’eau  et de la fertilisation  sur la croissance du maïs, pour les 2 saisons culturales, sont présentés au tableau 4.

Tableau 4 : Effets moyens des technologies de gestion d’eau et de la fertilisation sur les différents paramètres de croissance du maïs en 2 saisons séparées

Facteurs principaux

Poids racinaire  au stade 12 feuilles (en g)

Biomasse au stade 12 feuilles (g)

Taux de chlorophylle au stade 12 feuilles

Taux de chlorophylle au stade laiteux

Saison A

Techniques

Local

98,8a

323,7a

42,3a

44,1a

 

Billon

91,0a

254,9a

39,3b

42,1a

 

Zai

68,5b

305,5a

41,8a

45,7a

 

LSD

14,9

114,9

2,5

3,8

Fertilisant

NPK

81,0a

290,6a

42,4a

45,0a

 

Sans

91,2a

298,8a

39,9a

43,0a

LSD

30,1

60,3

4,3

4,1

Saison B

Techniques

Local

68,4ab

587,1a

41,9ab

38,8a

 

Billon

108,9a

595,2a

42,2a

39,0a

 

Zai

52,3b

443,0b

38,1b

33,1a

 

LSD

46,6

88,7

3,9

6,9

Fertilisant

NPK

108,8a

682,1a

43,4a

40,0a

 

Sans

44,3b

401,5b

38,0b

33,9b

LSD

18,3

123,2

3,3

5,5

Les moyennes de même colonne suivies des lettres identiques ne sont pas statistiquement différentes au seuil de signification de 5% du test LSD

En saison A, aucun effet ni de la technologie, ni de la fertilisation n’est enregistré sur les paramètres de croissance du maïs. La disponibilité et la répartition de l’eau au cours du cycle cultural en cette saison est tout à fait conforme aux exigences de la culture du maïs.  Par contre en saison B, vu l’irrégularité des précipitations, les différentes technologies de gestion d’eau ont eu d’effet sur les différents paramètres de croissance tels le poids racinaires et le taux de chlorophylle au stade 12 feuilles. En cette saison, la fertilisation à base du NPK a eu d’effet significatif sur tous les paramètres de croissance du maïs.

Le rendement constitue l’expression matérielle de la nutrition hydrique et minérale du maïs comme toute autre céréale. C’est le paramètre le plus en vue pour exprimer la performance des techniques de production (Sangaré, 2002). Les effets de différentes technologies de gestion d’eau  et de la fertilisation  sur le rendement du maïs pendant les deux saisons culturales sont présentés au tableau 5.

Tableau 5 : Effets moyens des technologies de gestion d’eau et de la fertilisation à base du NPK sur les paramètres de rendement du maïs en 2 saisons séparées

Facteurs principaux

Poids de 100 graines (g)

Rendement en épis (kg ha-1)

Rendement en graines (kg ha-1)

Saison A

Techniques

Local

48,1a

9776,0a

5334,2a

 

Billon

48,7a

7708,3a

5068,2a

 

Zai

47,6a

8895,8a

5577,0a

 

LSD

2,2

2088,6

1045,8

Fertilisant

       
 

NPK

48,6a

8697,9a

5193,2a

 

Sans

47,7a

8888,9a

5459,7a

LSD

3,0

1957,5

1667,2

Saison B

Techniques

Local

40,3a

4671,9a

3142,6a

 

Billon

40,6a

3296,9b

2034,7c

 

Zai

41,7a

3875,0ab

2494,8b

 

LSD

5,0

816,5

265,48

Fertilisant

       
 

NPK

41,4a

4336,8a

2497,5a

 

Sans

40,4a

3559,0a

2617,3a

LSD

1,7

1382,7

845,49

Les moyennes de même facteurs et de même saison suivies des lettres identiques ne sont pas statistiquement différentes au seuil de signification de 5% du test LSD

Le résultat du tableau 5 montre que les technologies de gestion d’eau et la fertilisation minérale à base du NPK, n’ont pas eu des effets significatifs sur le rendement du maïs en saison A. Par contre en saison B, la technologie locale de labour à plat a donné le plus grand rendement (4671,9kg/ha pour les épis et 3142,6 kg/ha pour les grains) et les billons cloisonnés ont donné le rendement le plus faible (3296,9 kg/ha pour les épis et 2034,7 kg/ha pour les grains) significativement différents de celui donné par le Zaï (2494,8 kg/ha pour le rendement en grains). En cette saison, les effets moyens du NPK n’ont pas été significatifs sur tous les paramètres du rendement.

Les technologies semblent n’avoir pas joué de rôle en saison A car la disponibilité en eau pluviale était suffisante et bien repartie tout au long du cycle cultural du maïs. Nous analysons dans la section qui suit les effets de l’ajout de l’engrais uniquement en saison B car aucun effet ni de l’engrais ni des technologies n’a été observée en saison A.

3.1.2 Effets du Zai, des billons cloisonnés et du NPK sur les paramètres de rendement en saison B.

Comme dit précédemment, nous avons voulu tester s’il y aurait une interaction entre les technologies de gestion de l’eau et l’application de l’engrais NPK, les résultats sont présentés au tableau 6.

Tableau 6 : Effets de l’interaction entre les technologies de gestion d’eau et la fertilisation à base du NPK sur les paramètres de rendement du maïs en saison B

Fertilisant

Techniques

Paramètres de rendement en Saison B

Poids de 100 graines (g)

Rendement en épis (kg ha-1)

Rendement en graines (kg ha-1)

NPK

Local

39,45ab

4250,0abc

2363,3cd

 

Billon

39,94ab

3187,5cd

1522,4cd

 

Zai

44,67a

5572,9a

3606,7ab

Sans Fertilisant

Local

41,06ab

5093,7ab

3921,9a

 

Billon

41,22ab

3406,2bcd

2546,9bc

 

Zai

38,78b

2177,1d

1382,9d

LSD

 3,1

 2394,9

 1464,4

Les moyennes de même colonne suivies des lettres identiques ne sont pas statistiquement différentes au seuil de signification de 5% du test LSD

La technologie locale (labour traditionnel) est meilleure pour le rendement en grain en saison B sans ajout du fertilisant (3921,9 kg/ha). Elle est de loin meilleure que la technologie de Zaï sans engrais (1382,9 kg/ha) et celle des billons cloisonnés (1522,4 kg/ha). Mais lorsqu’on ajoute de l’engrais au Zaï, cette technologie devient comparable à la pratique locale (3606,7 kg/ha). Il en est de même des billons cloisonnés dont le rendement atteint 2546,9 kg/ha avec l’ajout du NPK. Lorsqu’on ajoute de l’engrais au labour traditionnel, le rendement diminue.

La régression du rendement  et les différents  paramètres  qui ont influencé le rendement en grains du maïs sont repris  au tableau 7.

Tableau 7 : Régression du rendement en grains et ses paramètres explicatifs en saison B

 

Valeur estimée

Erreur standard

t student

Pr (>|t|)

Décision

Constante

-7798.057

3646.543

-2.138

0.0612

.

Taux de levée

32.895

17.051

1.929

0.0858

.

Poids  de la biomasse

2.864

1.240

2.309

0.0463

*

Nombre des épis/ha

12.923

4.595

2.813

0.0203

*

Nombre ligne/épis

131.473

52.127

2.522

0.0327

*

*: Effet significatif,   . : Effet mais non significatif

En saison B, les traitements qui ont eu d’effets significatifs sur le rendement en graines ont essentiellement agi sur la biomasse aérienne (Pr =0,046), sur le nombre d’épis par hectare (Pr =0,020) et le nombre de lignes par épis (Pr = 0,032). Le taux de levée a également influé mais pas de façon significative. Nous pouvons donc conclure à l’issu de ce tableau que les technologies qui ont donné les meilleurs rendements en grains sont celles ayant donné une biomasse élevée, un grand nombre de lignes par épis et un nombre élevée d’épis par hectare.

  1. 2 DISCUSSION

Cette partie sur la discussion essayera de commenter largement les grands résultats en relation avec les objectifs de recherche du présent travail.

Effets des technologies de gestion d’eau  sur le rendement en maïs en fonction des saisons

En saison A, la différence en rendement grain  pour les différentes techniques  de gestion d’eau n’est pas significative mais une légère hausse de rendement est observé chez le Zaï  suivi de la technique locale et enfin le Billon cloisonné.Le fait de creuser les poquets pour la technique Zaï a conduit à une meilleure infiltration de l’eau dans le sol et à une meilleure alimentation hydrique permettant de valoriser les réserves minérales du sol et de donner une possibilité de récolte (Kaboré, 1995).  Dans notre étude, en plus du taux de levée élevé pour le Zai, il ya eu sous l’effet de fortes précipitations, lessivage des parois du trou de Zai vers la plantule, ce qui permet de maintenir de la terre autour   des plantules, renforçant ainsi son enracinement et sa nutrition. Par contre pour le billon cloisonné, la terre dans laquelle la plantule est censée renforcer son enracinement est balayée par des fortes pluies, laissant les racines à nu et par conséquent perturbant son régime hydrique et nutritionnel.

Ainsi, en plus de la chute des jeunes plantules par les intempéries, le maïs stressé déploie beaucoup d’énergie pour la mise en place de nouvelles racines au détriment de la structure aérienne. En saison B par contre, les pluies sont moins fréquentes et les effets sont similaires qu’en zone aride. Ainsi sans engrais, le billon cloisonné donnera un rendement plus élevé que le Zai.

L’examen des rendements pour les 2 saisons, prouve une baisse de rendement en saison B du fait d’une perturbation hydrique due aux aléas pluviométriques qui ont caractérisés la période critique de la culture. En cette saison, la technique locale a donné de rendement plus élevé que les 2 techniques sahéliennes introduites. Ceci rejoint la théorie selon laquelle  dans les zones déficitaire en eau, l’efficience de l’utilisation des nutriments des plantes dans le système de culture sahélienne est souvent très faible à cause des mauvaises conditions d’humidité (Buerkert  et al, 2002, Zougmoré  et al, 2004b). Cela implique qu’il n’y a pas une bonne efficience des nutriments sans une bonne gestion de l’eau et vice versa.

Effet du fertilisant à base du NPK  sur le rendement du maïs pour les différentes technologies

L’interaction entre les 2 principaux facteurs (technique et fertilisant) affiche des effets significatifs sur le rendement. L’interaction Zaï-NPK donne la moyenne la plus élevée suivi de la technique locale et enfin le Billon cloisonné. Par contre, l’interaction Zaï- sans fertilisant donne la moyenne la moins élevée pour le rendement. Ceci est justifié par le constat que le simple fait d’améliorer la disponibilité en eau en cassant la croûte superficielle du sol ne semble pas entrainer une augmentation de la production du maïs (céréale); ce qui signifie que la dégradation du site d’expérimentation n’est pas seulement physique et que la contrainte hydrique n’est pas la seule responsable de la faible production. En effet, la levée de la contrainte physique améliore les conditions hydriques, mais laisse apparaître d’autres contraintes majeures qui seraient liées à la pauvreté chimique et biologique du sol. Maximiser l’utilisation des eaux pluviales n’est que faiblement bénéfique si la déficience du sol en nutriments n’est pas corrigée (Roose, 1994).   Le même constat est fait par Ndjadi(2011) qui souligne que sans intrant, le faible  rendement du Zaï par rapport au local est justifié par le fait que la rhizosphère du maïs va correspondre après creusement du Zaï à des horizons non superficielles caractérisées généralement par une faible accumulation des réserves minérales dont la plante a besoin pour sa croissance. Et donc, la gestion de l’eau du sol sans combinaison à une compensation nutritionnelle marque un déséquilibre dans le système d’approvisionnement de la culture.

 Selon Ouedraogo, Reij (1996), le creusement de Zaï sur de sols très peu profonds tend à les amincir encore, dans ce cas le semi devrait se faire sur la terre excavée afin de maximiser la longueur de racines. Ceci justifie en partie  le rendement élevé de Billon cloisonné  par rapport au Zaï si aucun intrant n’est appliqué car contrairement au Zaï où le semi se fait dans le trou, le Billon cloisonné  utilise cette terre excavée qui maximise le développement racinaire (Zougmoré, 2011). Le bon rendement du Billon cloisonné par rapport au Zaï si aucun intrant n’est appliqué peut être expliqué par le fait qu’en plus qu’ilassure le bon développement racinaire  par l’amélioration de la stabilité nutritionnelle de la plante, il permet un bon drainage et c’est aussi une manière de rassembler la terre fertile autour des plantes cultivées. Le billonnage permet également de maîtriser plus facilement les mauvaises herbes en donnant aux plants cultivés un avantage de 10 à 20 cm de hauteur par rapport aux adventices (Roose, 2002).

Effets des techniques de gestion d’eau et de la fertilisation sur la croissance du maïs

Les traitements qui ont connu un développement végétatif important ont donné les meilleurs rendements en grains. Ce constat respecte approximativement la corrélation entre la croissance de l’appareil végétatif et le rendement du maïs (céréale) établie par Zangré (2000) et qui indique que les faibles rendements de grains sont dus à une faible croissance de l’appareil végétatif durant la période semis-floraison.Il faut aussi noter que, l'efficacité de l'extraction de l'eau du sol par les racines figure parmi les types d'adaptation qui pourraient permettre à la plante d'éviter ou, plus exactement, de retarder la déshydratation de ses tissus (Passioura, 1977 ; Turner et al,2001 ; Mouna et al, 2010).

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