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Chapitre 5: DISCUSSIONS ET CONCLUSIONS

5.1. Introduction

Nous présentons ici les résultats de nos recherches et cela du point de vue cartographique, pétrographique, lithostratigraphique et tectonique. Par la suite, nous allons discuter de nos résultats en comparaison avec les hypothèses géochronologiques des auteurs antérieurs.

5.2. Cartographique et pétrographique

5.2.1. Sur le plan cartographique

Cartographiquement et cela pour la première fois, des ébauches des cartes géologiques ont été réalisées sur base des données récoltées sur terrain. La carte d’affleurement réalisée à main levé, nous a permis d’effectuer les différentes interpretations.

Cette carte géologique nous a permis non pas seulement d’apprehender la répartition des formations géologiques, mais aussi de comprendre les relations qui existent entre elles. Ainsi, nous pouvons dire que les granitoïdes de Kiliba recoupent à l’emporte-pièce les métasédiments. Ils sont asymétriques, et sont, comme il est indiqué sur la carte, associés au cisaillement ductile mis en évidence par l’étude des veines de quartz boudinées. Il s’agit donc des intrusions en forme de goutte d’eau asymétrique.

Bien que nous ne sommes pas arrivé à surconscrire les limites de ce grand granite localisé dans la partie Nord de notre terrain, sa terminaison Sud en biseau nous montre qu’il aurait une forme lenticulaire comme pour la plus part des formations granititiques cartographiées dans la Chaîne Ubendienne en Tanzanie.

A l’intérieur de ces granites, nous avons trouvé plusieurs inclusions des métasédiments pouvant atteindre quelques centaines de mètres de longueur et d’une dizaine de mètres d’épaisseur. Ces assimilations nous ont amené à dire que les granites de Kiliba sont donc contaminés. Ces contaminations sont dues par la «digestion» des roches métasédimentaires.

5.2.2. Sur le plan pétrographique

Sur le plan pétrographique, trois ensembles de formations géologiques ont été cartographiés, il s’agit des formations métasédimentaires (micaschistes, amphibolites, quartzites et paragneiss), des formations intrusives (granites et orthogneiss) et des formations superficielles récentes.

Comme l’a décrit Sklyarov et al. (submitted) dans la Chaîne Ubendienne de la Tanzanie, on trouve aussi à Kiliba les assemblages métamorphiques régionaux communs associées aux structures de cisaillement NW, qui appartiennent au faciès amphibolitiques.

Les different types de minéraux et leur paragénèses nous indiquent que le métamorphisme est du degrée moyen à élevé et se situant dans un domaine mésozonal à catazonal.

Les minéraux caractéristiques comme le grenat dans les micaschistes, en fonction de diagramme T/P nous permet de classer nos micaschistes dans le domaine des schistes bleus où les pressions sont très élevées. Ces mêmes micaschistes ont été cartographié dans la série d’Ikulu et d’Upangwa en Tanzanie. L’hornblende dans les Amphibolites, nous montre aussi que les roches de Kiliba sont caractéristiques du métamorphisme régional de degré élevé. L’extinction roulante des minéraux de quartz dans les quartzites de Kiliba, ont aussi montré que les formations de notre secteur d’étude ont subies vraiment des efforts tectoniques importants.

Quant à ce qui est des intrusions granitiques, deux grandes familles ont été mises en évidement, la première catégorie est faite des granites très peu métamorphisés comparable sur le plan microscopique à l’orthogneiss à sillimanite. Ces granitoïdes de Kiliba (orthogneiss), sont aussi schistosés comme celles d’Ubendien de la Tanzanie et concordant avec la schistosité régionale.

La deuxième catégorie, est celle des granites sains avec des cristaux à grains millimétriques à centimétriques d’où leur appellation de granite pegmatitique.

Toutes ces caractéristiques pétrographiques nous ont permis d’affirmer que le super groupe du Ruzizien affleurant à Kiliba serait en fait le prolongement de la Chaîne Ubendienne de la Tanzanie.

A part les grands ensembles pétrographiques individualisés, disons aussi que la plus part des filons et boudins étaient minéralisés en quartz ou alors contenaient des roches à composition granitique.

5.3. Structural

Sur le plan structural, plusieurs éléments et scenarios ont été bien mis en évidence non seulement pour comprendre le super groupe du Ruzizien  du Sud-Kivu mais aussi de la comparer à la Chaîne Ubendienne de la Tanzanie.

Malgré des probables perturbations des plans de schistosité par le magmatisme, l’allure préférentielle des formations ruziziennes de Kiliba est restée NW-SE avec des fortes déviations vers le NNW-SSE dans la partie Nord de la carte. Leurs pendages sont moyennement forts et pendent tous vers le NE.

5.3.1. Phases de déformation :

En comparaison avec le modèle de Lénoire (1995), les formations de Kiliba sont caractérisées par une tectonique polyphasée typique tout comme les terrains ubendiens de la Tanzanie. D’une manière générale, à l’échelle des observations de terrain, la structure la plus dominante est une structure planaire très bien définie et que l’on retrouve dans l’ensemble des affleurements des métasédiments et orthogneiss. Cette structure planaire correspond à la schistosité de flux caractéristiques des zones superficielles et à une foliation métamorphique caractéristique des zones profondes (5-10Km).

C’est ainsi qu’après traitement des données structurales récoltées sur terrain, et les interprétations de différentes structures, il ressort que les terrains ruziziens de Kiliba ont été affectés par au moins quatre phases tectoniques.

Notons que dans le detail, les phénomènes géologiques son beaucoup plus complexes. En effet, sur un même affleurement il est possible de différencier plusieurs générations de microplis de style et d’orientation différente ainsi que plusieurs schistosités.

  • La phase θ1, caractéristique de la schistosité de flux et de la mise en place de la première phase magmatique granitique. Cette déformation est synchrône de  l’altération hydrothermale qui se traduit par des veines et petites veines constituées de quartz et parfois de granite. Cette phase décrite par Lénoir J.C. et al. (1994) correspondrait à la première phase de compression précoce (2100-2025Ma) qui a affectée l’ensemble de la Chaîne Ubendienne.
  • La phase θ2, correspondant aussi à un mouvement compressif, est dans les terrains de Kiliba caractérisée par l’apparition des miscoplis isoclinaux auxquels s’associent une schistosité de fracture parallèle à S1 qu’on observe dans les micaschiste et orthogneiss. Cette compression serait aussi à la basse de cisaillement montrant un sens de transport NW. Alors qu’en Tanzanie, cette phase est seulement caractérisée par un cisaillement majeure dextre NW-SE.
  • Le phase θ3: il s’agit d’une tectonique de cisaillement montrant un sens général de transport NE. cette phase est accompagnée de recristallisations retromorphiques du faciès schiste vert (avec transformation de muscovite en chlorite). En Tanzanie, cette phase est caractéristique de décrochements sénestres cassants-ductiles aux assemblages de faible degrée métamorphique, intrudé par des plutons alcalins. Selon le modèle de Lénoir, cette phase serait localisée entre la prémière et la dernière phase de la reactivation par la tectonique pana-africain (soit 750Ma).
  • La dernière phase (θ4): Elle est rattachée la tectonique récente (tectonique du rifting). Sur le plan local, les marqueurs tectoniques utilisés sont les diaclases, le plan de faille et les orientations des contraintes sur des boudins de quartz, nous ont permis de bien définir cette phase dans les terrains paléoprotérozoïques (le super groupe Ruzizien).

Figure 5-1 : Modèle schématique de l'évolution du paleoprotérozoïque de la ceinture de l'Ubendien qui suit deux phases orogéniques. La première (2100-2025Ma) concerne la phase pendant laquelle le domaine orogénique entier qui est entré en collision avec un domaine cratonique du nord. Alors que la deuxième (1860Ma) est un événement du ciseau qui affecte seulement le domaine orogénique près de la frontière de l'ouest du craton Tanzanien, i.e. La chaîne Ubendienne ( J.L. Lenoir, 1995).

Figure 5-2 : Séquence d'événements qui ont affectés la ceinture ubendiènne (J.L. Lenoir, 1995)

Aucun marqueur tectonique, pouvant montrer que les formations de Kiliba ont été affecté par la phase kibarienne, n’a été identifié. Et cela aussi dans les terrains ubendiens de la Tanzanie (Fig. 5-2)

5.3.2. Magmatisme

 Les granitoïdes schistosés et boudinés de Kiliba ont été considérés comme ante-θ2 ou alors syn-θ1. Ils seraient donc d’âge paléoprotérozoique probablement de même âge que les granitoïdes de Mbarali (2026±8Ma) localisé au Sud de la chaîne Ubendienne.

Les granitoïdes s.s traversés uniquement par les filons de quartz, sont classés syn-θ3 à anté-θ4. Ces granites seraient de même âge que les granites de Kalunduru (724±6Ma).

5.4. Lithostratigraphie

Sur le plan lithostratigraphique, les coupes géologiques réalisées sur la carte et la colonne lithostratigraphique finale CF montrent que les terrains de Kiliba sont faites des plusieurs alternances de micaschiste, amphibolite et quartzite. Ces formations sont de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres.

Une discordance vue sur terrain, a été dessinée sur la coupe C’-C.

Ces travaux d’éclaircissement de la géologie de la région de Kiliba/Uvira vont se poursuivre par des datations de granites et des métasédiments (cinq échantillons sont en cours de datation dans le laboratoire de Mr. Villeneuve). C’est qui va permettre de faire des correlations appropriées avec les travaux éffectués en Tanzanie et ceux éffectuées par Villeneuve au Kivu.

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