La Réserve Naturelle d’Itombwe (RNI) se situe à l’est de la RDC dans la province du SudKivu à l’ouest du Lac Tanganyika. La réserve tire son nom des Monts Itombwe faisant partie de la chaîne des monts Mitumba à l’est de la RDC dans le fossé du Rift Albertin. Cette chaîne borde le fossé tectonique de la branche occidentale du grand rift africain, dont le fond est occupé par plusieurs grands lacs (WWF, 2015a).
La RNI est localisée dans la Province du Sud Kivu et elle s’étend sur deux territoires administratifs : Mwenga et Uvira. Ces territoires sont subdivisés en plusieurs secteurs et chefferies dont sept sont directement concernés par la RNI. Le territoire de Mwenga compte à lui seul, plus de 90% de la réserve répartie sur 5 secteurs/chefferies contre moins de 8% (sur deux secteurs/chefferies) pour le territoire d’Uvira (tableau 1).
Tableau 1. Répartition de la RNI sur l’ensemble des secteurs/chefferies
Territoir es |
Secteurs/Cheffer ies |
Superficie de chaque chefferie/sect eur (km2) |
Superficie de chaque chefferie/sect eur inclus dans la RNI (km2) |
Proportion de chaque chefferie/sect eur dans la RNI (%) |
Proportion de la RNI par chefferie/sect eur (%) |
Mwenga |
Wamuzimu |
4 766 |
1 828 |
38% |
32% |
Itombwe |
3 325 |
2 170 |
65% |
38% |
|
Basile |
1 639 |
565 |
34% |
10% |
|
Lwindi |
908 |
610 |
67% |
11% |
|
Burhinyi |
253 |
115 |
45% |
2% |
|
Uvira |
Bafuliiru |
1 487 |
425 |
29% |
7% |
Bavira |
1 139 |
20 |
2% |
1% |
|
TOTAL |
5 732 |
100% |
Source : (PAG RNI, 2017)
Six principaux groupes tribaux habitent autour et dans la réserve naturelle d’Itombwe : les
Babembe au Sud, les Barega à l’Ouest, les Bafulero et les Bavira à l’Est, les Banyindu et les Bashi au Nord et les Banyamulenges au Centre et à l’Est du massif, principalement dans les savanes des hauts plateaux. Selon la tradition orale reprise dans beaucoup de documents écrits, on reconnaît un ancêtre commun (Ikama) pour les Barega et le Babembe qui se seraient installés dans la région de Macinga (le Burega actuel) d’où il a eu deux fils : Muluti (père des Barega) et M’mbondo (père des Babembe). Par ailleurs les Banyamulenges, d’origine Tutsi du Rwanda, habitent principalement les hauts plateaux du massif, où ils vivent essentiellement de l’élevage du gros bétail. A cause de cette activité, on les retrouve pratiquement dans toute la zone des hauts plateaux du massif d’Itombwe et dans toutes les collectivités (Bisidi et al.,2006).
Au plan écologique, la RNI est située à l’extrémité sud de l’écorégion terrestre des « forêts montagnardes du rift Albertin » considéré, par le WWF, comme un site prioritaire pour la conservation (WWF, 2008). Elle est également localisée à proximité des forêts congolaises du nord-est et de la mosaïque « forêt-savane sud-congolaise ». En plus la RNI appartient au paysage « Maiko – Tayna – Kahuzi-Biega » du Programme Régional pour l’Environnement en Afrique Centrale (CARPE) (WWF, 2015b).
Les Monts Itombwe font partie intégrante de la chaîne montagneuse s’étalant sur toute la frontière Est de la RDC. Cette chaîne de montagnes borde le fossé tectonique de la branche occidentale du grand rift africain, dont le fond est occupéÌ par plusieurs grands lacs (Doumenge et Schilter, 1997).
Les mouvements tectoniques ayant présidé à la formation de ces structures datent de la fin du tertiaire au début du quaternaire (Prigogine, 1978). Le site est encadré, au nord-est par la plaine de la Ruzizi, à l’est, par celle du lac Tanganyika, au sud et au sud-est, par la vallée de la Luama ; l’ouest se fond dans les rebords de la cuvette centrale congolaise (WWF, 2016).
D’après Doumenge et Schilter (1997), la région des Monts Itombwe comprend un réseau hydrographique dense appartenant tout entier au bassin versant du fleuve Congo. La plus grande partie des monts, à l’ouest des plus hauts sommets, est drainée, du nord au sud, par les rivières Ulindi puis Elila, et leurs affluents, et par les affluents de la Luama.
Sur la frange Est, le réseau hydrographique périphérique fait partie du bassin versant du lac Tanganyika. Les crêtes forment la ligne de partage des eaux entre ces deux grands ensembles.
Au niveau de la RNI, il existe une variation du climat selon un axe Est-Ouest (Doumenge et Schilter, 1997). Globalement, la répartition des régions climatiques dans les Monts Itombwe est la suivante :
La RNI a la particularité de présenter une succession complète de formations végétales depuis les forêts de plaines jusqu’aux forêts de montagnes (Doumenge et Schilter, 1997). Généralement, en Afrique, la végétation de ces zones de transition est dégradée, voire détruites sous la pression humaine soit par le feu soit par les zones de cultures agricoles. Mais dans le cas de la RNI, le couvert forestier se poursuit sans discontinuité notable des forêts de plaine jusqu’aux forêts de montagne (Bisidi et al.,2006).
D’après Prigogine (1978) d’Ouest en Est, des basses terres aux hauts plateaux puis au lac Tanganyika, les formations végétales se succèdent de la manière suivante :
Itombwe, dans la région de Kamituga - Kitutu. Elles pénètrent en altitude jusque vers 1 100 – 1 200 m. Une vaste aire de forêts secondaires mêlées de zones déforestées est visible le long de l’axe Kamituga, Kitutu, Itula ;
2.1.6.1 Flore
La RNI se retrouve dans le Massif d’Itombwe couvrant une vaste étendue des forêts de montagne. Elle se retrouve dans la chaîne montagneuse s’étalant sur toute la frontière est de la RDC, du Katanga au Nord-Kivu (Doumenge & Schilter 1997 ; Mubalama, 2008). Le Massif d’Itombwe possède la plus vaste zone forestière de haute altitude en Afrique. Sur les 15 000 km2 du massif, la forêt occupe plus de 7 500 km2 dont plus de 6 700 km2 de forêts d’altitude, y compris les forêts de transition et les formations de bambous. La végétation de l’Itombwe est très variée, des basses altitudes aux plus hauts sommets (Doumenge & Schilter 1997 ; Mubalama.2008).
La RNI est l’un des sites importants pour la biodiversité en Afrique en général et dans la région du Rift Albertin en particulier (Doumenge & Schilter 1997 ; Hart, 1999 ; Plumptre,2007 ; Greenbaum et al., 2012). Elle fait partie des forêts exceptionnelles de montagnes de haute altitude allant de 1500 m à plus de 3000 m d’altitude (Mubalama, 2008).
D’après Doumenge et Schilter (1997), la flore des Monts Itombwe se trouve à la croisée de plusieurs grands ensembles phytogéographiques.
A l’Ouest du massif, la flore appartient au « Centre d’endémisme guinéo-congolais » constitué des forêts ombrophiles Guinéo-Congolaises de type relativement humide et relativement sec, de forêts ombrophiles de transition et de mosaïques de forêts ombrophiles Guinéo-Congolaises et de formations herbeuses secondaires.
Les formations végétales du sud sont rattachées au « Centre régional d’endémisme zambézien » constitué de forêts claires du type Miombo relativement humide, de mosaïques de forêts sempervirentes sèches zambéziennes et de forêts claires du type Miombo relativement humide et de mosaïques de forêts claires zambéziennes de type relativement humide et de formation herbeuse secondaire.
Les formations végétales d’altitude sont caractéristiques du « Centre régional d’endémisme morcelé afro-montagnard ». Cet ensemble phytogéographique est constitué de forêts ombrophiles de transition et de forêts afro montagnardes.
2.1.6.2 Faune
La renommée mondiale du Massif Itombwe est en grande partie basée sur la connaissance de l’avifaune qui est riche et renferme plusieurs espèces qui sont endémiques dans le pays.
(Prigogine,1985).
La RNI est un site les plus importants du Graben albertin pour ses espèces endémiques. Sur les 43 espèces endémiques dans le Graben albertin, 35 d’entre-elles vivent à Itombwe. Cependant, les espèces cibles de la conservation qui vivent dans la zone sont le chimpanzé (Pantroglodyte schweinfurthi ou marungensis), le gorille de plaine de l’est (Gorilla beringeri graueri) et la chouette nommée phodile de prigogine (Phodilus prigoginei, qui est endémique dans la forêt d’Itombwe.
La diversité d’habitats et de conditions climatiques de la RNI est favorable au développement d’une riche diversité d’espèces animales dont certaines sont endémiques et/ou menacées d’extinction et inscrites sur la liste rouge de l’UICN. Les inventaires biologiques menés dans les années 1990 ont confirmé la valeur biologique exceptionnelle du massif, qui abrite 584 espèces d’oiseaux dont 30 sont endémiques à l’Albertine Rift, 72 espèces de mammifères (dont 4 endémiques), 35 espèces de reptiles (dont 5 espèces endémiques), et 23 d’amphibiens (16 endémiques) (WWF, 2015).
La méthode hypothético-déductive, qui consiste à définir une hypothèse et en déduire les conséquences visibles dans les futures et passées afin d’en déterminer la validité. Ainsi, l’approche quantitative basée sur des enquêtes formelles faisant usage du questionnaire a été utilisée en vue de l’aboutissement aux résultats de la recherche.
La collecte d’informations relatives à la population statistique peut être effectuée soit sur une base exhaustive, soit sur une fraction seulement de la population (Malassis et Ghersi, 1992 ; Grais, 2003 in Awono, 2008) ... En vue de recueillir toutes les informations relatives aux menaces qui pèsent sur la RNI, des enquêtes seront organisées auprès de ménages riverains de la RNI.
Cette enquête a concerné la population vivant autour de la RNI, en tant que sa population cible. Considérant que la RNI s’étend sur quatre chefferies du territoire de Mwenga dont Luindi, Basile, Burhinyi et Wamuzimu. Les chefferies de Basile et Wamuzimu, du secteur Ouest à la RNI, considérées comme habitats des peuples dont les activités et la culture sont très liées à la forêt, ont été choisies pour cette investigation sur base des enquêtes de sondage par « choix raisonné ». De ces 2 chefferies, 7 groupements (un à Basile et 6 à Wamuzimu) ont concernés la présente enquête. Ce choix se justifie par la différence des grandeurs de deux chefferies ainsi que la densité démographique. Les enquêtés ont été répartis dans 8 villages dont six (un par groupement) pour la chefferie de Wamuzimu et 2 pour le seul groupement de la chefferie de Basile. Un pas de sondage de deux ménages a été utilisé en vue de sélectionné les enquêtés (ménages). La taille de l’échantillon a été obtenue en s’appuyant sur les hypothèses de COCHRAN (Mugisho,2013) qui partent des réflexions selon lesquelles : la distribution de la population suit une loi normale, le degré de précision est de 95%, le seuil de signification (d) est de 5%, la marge d’erreur (E) est de 5%, la proportion des répondants (p) est de 50% et la proportion de non répondants (q) est de 50%.
Ainsi, COCHRAN calcule la taille de l’échantillon de la manière suivante :
Avec no = la taille calculée à partir de ses hypothèses est le coefficient de fiabilité qui est égale à 1,96 pour un intervalle de confiance de 95%.
N= la population totale résidente dans les deux chefferies.
Ainsi
La taille de l’échantillonnage sera alors n= soit prêt de 120 ménages à enquêter. Considérant que 8 villages ont été retenu pour cette étude, les enquêtés seront choisis au nombre de 15 par village soit 30 pour la chefferie de Basile (25%) et 90 pour la chefferie de Wamuzimu (75%).
La collecte des données a été facilitée grâce au questionnaire d’enquête subdivisé en différents modules (annexe a). L’enquête s’est déroulée du Lundi 26 juin au lundi 03 juillet 2017 auprès des ménages riverains de la RNI dans le territoire de Mwenga. Pour raison de méthodologie, les enquêtes avaient commencé par la chefferie de Wamuzimu qui est éloignée par rapport à celle de Basile. De là aussi les groupements de Bingili bazala, Bashimwenda
Mulolo étaient choisis en premier lieu du fait qu’ils sont éloignés du centre de Kitutu, pour finir au groupement de Basika magulu, Balinzi, Bagezi et Bakute qui sont proches du centre de Kitutu. Ainsi, les villages Kitumba, Isogo, Byonga, Kalinzya, Tchona et Katimbo ont été respectivement retenus pour chacun des groupements sus-indiqués.
En ce qui concerne la chefferie de Basile le groupement de Batumba était choisi dans lequel le village de Kitamba a été choisi en premier lieu pour finir par celui de Kinga.
Les données collectées ont été encodées dans une maquette Excel établie en premier lieu puis transférée dans le logiciel SPSS version 16.0 qui a aidé à condenser les données en fréquencepourcentage ainsi qu’à générer les différentes figures présentées dans ce travail.