Arrow Table de matières
2199245

INTRODUCTION suite

Par ailleurs, l‟identification des déterminants de faillite des institutions financières est la première condition de prévention des difficultés dans l‟industrie bancaire. C‟est pourquoi par cette identification, le régulateur dispose de modèles d‟alertes basées principalement sur deux types de variables. L‟histoire financière récente montre que la pertinence des déterminants des faillites des institutions financières peut varier d‟un pays à un autre, d‟une région à une autre ou d‟une époque à une autre. L‟ampleur de la faillite et l‟importance de leur impact réel ont conduit au développement d‟une abondante littérature empirique dont l‟objet est d‟en identifier les principaux facteurs. Les travaux pionniers de Demirguc-Kunt et Detragiache (1998 ; 2000, 2005), Hardy et Pazarbasioglu (1998) et Eichengreen et Arteta (2000) utilisant une approche de type logit, concluent à l‟importance des variables macroéconomiques réelles et financières dans le déclenchement des faillites à l‟échelle internationale.
Les travaux d‟Eichengreen et Arteta (2000) montrent que la probabilité de faillite est due à des variables macroéconomiques ou comptables. Ils montrent également que les ratios comptables et financiers sont importants dans le contrôle de probabilité de faillite. L‟influence des variables comptables dans l‟analyse de déterminants de faillite des institutions financières montre que les indicateurs de performance financière expliquent le phénomène de faillite (Kalumuna, 2013). Ces variables comptables sont utilisées dans l‟évaluation de la santé financière d‟une institution financière et dérivés des ratios comptables1. Parmi ces variables comptables, on note les ratios de rentabilité qui influencent négativement la probabilité de faillite des institutions bancaires dans la zone de l‟UEMOA (Bruno, 2000). En plus, les ratios de gestion bilantaire influent positivement la faillite des banques de cette même zone (Angora et Tarazi, 2008).
Ainsi pour toutes les institutions financières, les facteurs susceptibles d‟expliquer la faillite dérivent des facteurs organisationnels (Kalumuna, 2013), les facteurs liés à la gestion des crédits comme par exemple les faibles suivies des recouvrements, détournements de l‟objet du crédit, précipitations dans les analyses de dossiers de crédits, etc. (Gonzalez-Hermosillo, 1999), et les facteurs liés à la gestion financière spécifiant que des ratios prudentiels contribuent négativement et positivement à la surgie de faillite des institutions financières (Kalumuna, 2013).
La présente étude porte sur la faillite des Institutions de Microfinance. Le secteur de la Microfinance s‟est développé de façon accélérée, permettant aux populations pauvres des pays en
1 La littérature sur les méthodes d‟analyse financière dans les IMF est très abondante. En dehors de la méthodologie du SEEP NETWORK pour l‟évaluation des performances des IMF, les agences de rating qui sont les plus actives dans l‟analyse financière ont élaborées des méthodologies à elles propres. Parmi ces agences, on compte 5 les plus connues. Il s‟agit de CAMEL mis en oeuvre par ACCION, PEARL mis en oeuvre par WOCCU, GIRAFE de Planet Rating et les méthodologies proposées par MicroRate et M-CRIL (Reille, et al. 2002).
„ Déterminants de faillite des Institutions de Microfinance du Sud-Kivu ‟
Julien IMANI MUSHAGALUSA Page 3
développement d‟avoir un accès de plus en plus large à des services financiers de base (Gnanvo, 2010). En date du 31 décembre 2012, 505 institutions de Microfinance (IMF) qui desservaient plus de 2 millions de clients dans le monde, dont 315 d‟entre elles qui desservaient 1,2 millions faisaient partie des plus pauvres ont fait faillite (World Bank, 2013).
Les situations de crises et des faillites dans les principales Institutions de microfinance (IMF) notamment en Afrique se sont multipliées sur la période récente (Lecuyer, 2000). Le phénomène de faillite des IMF en Afrique se sont amplifiées ce dernier temps à cause de la mauvaise gestion financière plus particulièrement la politique des crédits non adaptée à la population (Rabiou, 2002). La raison en est que, lorsque les IMF ont beaucoup de créances en souffrance (Lambert et alii, 1997), une fois provisionnées, la rentabilité des IMF est réduite et leur capacité à financer les activités productives est affectée négativement. En cas de non provisionnement, les créances en souffrance détériorent la capitalisation des IMF puisqu‟elles sont déduites des fonds propres de base (Godlewiski, 2003).
Secteur émergent en RDC, la Microfinance présente des atouts susceptibles de constituer un véritable levier économique. En effet, le paysage de Microfinance en R.D.C. a compté, au 31 décembre 2012, 149 IMF (BCC, 2012). Il y a lieu, cependant, de relever que la répartition de ces institutions n‟est pas équitable sur l‟ensemble du territoire national. Alors que le secteur financier classique s‟effondre au Sud-Kivu, celui de la micro finance émerge, se structure progressivement et constitue une opportunité et un menace pour le secteur bancaire (Balemba., 2013).
Plusieurs fois, il a été déploré la faillite des IMF au Nord-Kivu et Sud-Kivu et la disparition de l'argent des populations déjà appauvries (Kalumuna, 2013). Des exemples malheureux à ce propos sont légion. Bien qu'offrant à la population à faible revenu des services financiers adaptés, permettant aux ménages de faire face à leurs besoins et à financer des projets d'investissements, certaines IMF doivent encore se professionnaliser davantage et s'approprier les bonnes pratiques de banquiers (Aglietta, 1998). Pour certains de ces établissements, il est reproché le non-respect des normes et ratios prudentiels de gestion (BCC, 2012). Comme d'autres institutions financières sont confrontées au manque de personnel qualifié et au déficit de management ou de vision des promoteurs. Ce sont ces faiblesses qui débouchent parfois sur : le non-respect des dispositions réglementaires, des normes prudentielles de gestion, la disparition des fonds des épargnants, ….
„ Déterminants de faillite des Institutions de Microfinance du Sud-Kivu ‟
Julien IMANI MUSHAGALUSA Page 4
Dans la province du Sud-Kivu à la fin du décembre 2012, le secteur de la Microfinance a enregistré trente-deux (32) IMF de proximité contre trente-huit (38) une année plus tôt. Cette régression est due, d‟une part, à la faillite de huit (8) IMF et, d‟autre part, à l‟agrément de deux (2) institutions de Microfinance (BCC, 2012). Face à ce phénomène dans le chef du secteur de micro finance au Sud-Kivu, le souci est de s‟interroger sur les facteurs explicatifs de faillite des IMF au courant de ces deux années (2011-2012).
Les faillites et crises des Institutions de microfinance (IMF) au Sud-Kivu trouvent en majorité leur origine dans les problèmes de gouvernance (Kalumuna, 2013). Les difficultés du Secteur de Microfinance au Sud-Kivu relayées par les acteurs régionaux à l‟occasion d‟un séminaire organisé par la Banque centrale du Congo (Bukavu) en Mars 2013 tenaient pour l‟essentiel aux dysfonctionnements en matière de gouvernance notamment au niveau des COOPECS (les coopératives d‟épargne et de crédit), marqués par les conflits d‟intérêts au sein des organes d‟administration ou de décision. La directrice de la microfinance en R.D.C qui présidait l‟ouverture officielle d‟un séminaire national sur la gouvernance des coopératives financières en R.D.C a cité d‟autres difficultés comme l‟absence ou l‟inefficacité d‟un système de contrôle interne (BCC, 2012). Il y a bien évidemment d‟autres fragilités liées à l‟absence ou à la non-performance des outils de gestion, à la faible maitrise des mécanismes de gestion, à la faible capacité des ressources humaines. Le mode de gouvernance constitue à la fois un facteur de risque et de défi permanent pour les systèmes financiers décentralisés (SFD) et le principal facteur de réussite ou d‟échec d‟une SFD. Les logiques de concurrence et les impératifs de viabilité financière mènent souvent à des dérives des missions qui sont les aspects les plus pernicieux des crises de gouvernance.
L‟objectif de ce travail est donc de déterminer de façon empirique les facteurs qui sont à l‟origine de la faillite des institutions de Microfinance du Sud-Kivu et d‟en tirer des enseignements en termes de politique de prévention de faillite. La population cible est constituée des Institutions de Microfinance et les ratios comptables sont considérés comme les déterminants de faillite des IMF enregistrées en 2012 au Sud-Kivu. Un échantillon de 38 IMF enregistrées à la BCC dont 6 déjà en faillite en 2012 (BCC, 2013). Les données utilisées sont des ratios financiers issus des états financiers de ces IMF considérées dans cette étude. La démarche méthodologique utilisée dans cette étude s‟inspire fondamentalement des études de Aglietta (1998) Kaminski (1998), d‟Altman (1968, 1977), de Demirguc-kunt et Detragiache (1998 ; 2000, 2005), Godlewiski (2003), de Rabiou (2002), Hardy et Pazarbasioglu (1998), Eichengreen et Arteta (2000), Angora et Tarazi
„ Déterminants de faillite des Institutions de Microfinance du Sud-Kivu ‟
Julien IMANI MUSHAGALUSA Page 5
(2008) et de Bruno (2000), relatives à la détermination des facteurs de faillites, et à la prévision de faillite des institutions financières. Le traitement des données est rendu possible grâce aux statistiques descriptives, au modèle économétrique (logit binaire avec Y=1 si faillite et 0 si pas faillite) et à l‟analyse discriminante linéaire par les logiciels Tanagra version 1.4.50 et SPSS version 20.
L‟originalité de cette étude est premièrement de compléter l‟étude de Kalumuna I (2013) qui n‟a considéré que les facteurs organisationnels (variables qualitatives) comme explicatifs au phénomène de faillite des IMF au Sud-Kivu. Ensuite, ce travail veut tester l‟apport de variables comptables à l‟explication de faillites dans le secteur de Microfinance du Sud-Kivu. Ceci n‟été jusque-là soulevé, sans doute, suite à la difficulté d‟accès aux données comptables. Après avoir bravé cet obstacle, nous avons retenu pour notre modèle, des ratios comptables qui sont en adéquation avec les données disponibles et le management des IMF dans la province du Sud-Kivu.
Notre travail est, de ce fait, structuré en trois parties. La première présente un survol de la littérature consacrée aux faillites bancaires. La deuxième partie analyse l‟approche méthodologique. Et enfin, dans la troisième partie traite et analyse les données.

Partager ce travail sur :