III.1. INTRODUCTION
Ce chapitre constitue le cœur du présent travail. Après avoir déterminé les paramètres de fonctionnement du cycle de base de notre machine frigorifique dans le chapitre précédent, nous nous proposons dans celui-ci d’aborder la conception et l’optimisation de ses différents composants.
Dans notre réfrigérateur solaire à adsorption, l’énergie solaire est directement absorbée par le réacteur situé à l’intérieur d’un capteur solaire. Le rôle du convertisseur de l’énergie solaire est de transformer le rayonnement électromagnétique en chaleur qui est transférée à l’adsorbant durant la journée, et de dissiper durant la nuit l’énergie thermique libérée par le système. Le convertisseur se présente en fait sous l’aspect d’un capteur solaire, plan légèrement modifié. En effet, l’adsorbeur doit présenter un volume suffisant pour contenir l’adsorbant. De plus, il n’y a pas de circulation d’un fluide caloporteur dans le capteur. Le fonctionnement discontinu du cycle autorise une seule connexion, jouant alternativement la fonction d’entrée et de sortie du fluide frigorigène. Le schéma le plus simple possible permettant de réaliser de façons pratique un fonctionnement intermittent est représenté par la figure III.1.
Figure III.1 : Schéma de fonctionnement du réfrigérateur solaire à adsorption
III.2. CAPTEUR ADSORBEUR
III.2.1. Etudes préliminaires
III.2.1.1. Paramètres et caractéristiques de fonctionnement des capteurs solaires : [6]
III.2.1.2. Quelques études réalisées sur les capteurs solaires : [6]
La maximisation des performances du système solaire peut être accomplie par une conception, une construction, une installation et une orientation propre. L'orientation d'un capteur solaire est décrite par l'azimut et l'angle d'inclinaison. Généralement, à l'hémisphère nord le capteur est orienté vers le sud, et incliné avec un certain angle. Beaucoup de recherches ont été faites pour avoir le meilleur angle, comme par exemple : Ф +20°, Ф +10°, Ф -10°, cependant certaines recherches suggèrent des valeurs respectivement pour les périodes été et hiver, Ф ± 20°, Ф ± 8°, et Ф ± 5°, avec Ф ; la latitude,"+" pour l'hiver, et "-"pour l'été. Dans les années précédentes, des programmes d'ordinateur ont été utilisés et ont montré que l'angle optimal d'inclinaison est la latitude.
Beaucoup de recherches réalisées dans ce sens ont conduit à :
Dans notre cas, nous utiliserons un capteur à simple vitrage.
Plus on diminue l’espace entre l’absorbeur et la vitre plus le rendement augmente, par contre si l’espace diminue, le dimensionnement de l’espace devient difficile. 2 cm est l'écart minimum entre la vitre et l’absorbeur.
Des études faites dans ce sens ont montrés que :
III.2.2. Architecture et résistance mécanique
III.2.2.1.Architecture
Le capteur adsorbeur constitue l’élément principal de la machine, il est constitué de différentes parties : un absorbeur de chaleur(réacteur solaire) contenant le silicagel, un boitier dont les parois intérieures et le fond sont recouverts d’isolant, une vitre et deux volets d’aération qui favorisent la réaction exothermique d’adsorption pendant la nuit. Nous décrivons ci-dessous chacune des parties du capteur solaire :
Il permet de récolter la chaleur provenant du soleil afin de chauffer le silicagel qu’il contient et ainsi permettre la désorption de l’eau au cours de la journée. Il se présente sous la forme d’un boîtier renfermant une structure grillagée sous la forme d’une succession de triangles équilatéraux. Un triangle sur deux est alors rempli de silicagel, tandis que l’autre moitié est laissée libre afin de permettre la circulation de la vapeur d’eau qui a été désorbée de l’adsorbant (figure III.2). Etant donné que l’absorbeur de chaleur a pour but de capter l’énergie solaire, il doit présenter comme propriétés physiques :
Le matériau de l’absorbeur étant l’acier, afin d’optimiser cette dernière propriété, il pourra être peint en noir.
Figure III.2 : Schéma de principe de l’absorbeur de chaleur source b) Le boîtier
Celui-ci renferme l’absorbeur de chaleur et permet de conserver la chaleur au sein du capteur. Ses parois intérieures devront donc être isolées. Dès lors, ce boîtier doit présenter les propriétés suivantes :
Le matériau que nous avons retenu est donc le bois.
Celle-ci referme le boîtier au niveau de sa face supérieure et permet de créer un effet de serre à l’intérieur du capteur. En effet, cette vitre laisse passer tous les rayonnements mais ne laisse pas repartir les infrarouges (IR). Les propriétés requises pour la vitre sont les suivantes :
Nous avons donc retenu comme matériaux le verre.
Il recouvre les parois latérales internes ainsi que le fond du boîtier. Il sert à minimiser les pertes thermiques vers l’extérieur. La principale propriété d’un isolant est de présenter une mauvaise conductivité thermique. Plusieurs matériaux répondent à cette propriété, tels que la laine de verre et le polyuréthane. Notre choix est porté sur des plaques de polyuréthane, qui sont aisément trouvables en petite quantité et qui sont également faciles à travailler. e) Les volets d’aération
Ils permettent de faciliter le refroidissement du capteur en fin de journée et pendant toute la nuit. Ils se situent sur deux parois latérales du boîtier. Pour des facilités de construction, ces volets sont en bois. Les volets seront placés suivant la direction de vent dans la région où sera installé le capteur pour améliorer la convection.
Signalons que la surface externe du capteur devra être couverte d’une tôle mince (épaisseur 0,5 mm) en aluminium ou en acier galvanisé pour sa protection à l’eau, la corrosion et autres agressions.
Les figures III.3 à III.7 montrent respectivement l’architecture du cadre, de l’absorbeur (réacteur), volets d’aération et l’ensemble monté.
III.2.2.2. Résistance mécanique
L’ossature en bois de 40 x 40 cm facilite la fabrication du cadre du capteur et est largement robuste pour la stabilité mécanique du capteur dont la masse totale ne dépasse pas 50 kg. Toutefois, l’absorbeur doit résister aux faibles pressions d’évaporation (600 Pa). Il est dimensionné pour résister au vide.
Calcul de l’épaisseur de la tôle de l’adsorbeur
L’absorbeur de chaleur (réacteur solaire) est un parallélépipède rectangle de hauteur h qui dépend de la quantité du silicagel qu’il contiendra. La figure III.8 illustre en détail ses formes et dimensions de base. Nous devons optimiser l’épaisseur de sa tôle de manière à résister
La figure III.9 montre le mode de sollicitation de l’absorbeur.
Nous pouvons assimiler ce mode de sollicitation au schéma simplifié de la figure III.10.
Nous sommes en présence d’un système hyperstatique à n+3 degrés d’hyperstaticité (n égale au nombre de triangle de l’absorbeur). Pour simplifier le problème, nous supposerons le système isostatique, cette supposition permet de surdimensionné le système vu qu’elle donne lieu à des moments de flexion plus grands que les moments flexion d’un système hyperstatique [19-21]. Cela a comme avantage de dimensionner notre absorbeur avec plus de sécurité (cette astuce est aussi utilisée pour le dimensionnement des dalles en génie civil
[21]).
Figure III.11 : Schéma simplifié de la sollicitation de l’absorbeur
Fa = fa.ΔL = lc.Pa.ΔL ; (III.1) lc : largeur de l’absorbeur ;
Pa : pression atmosphérique ;
ΔL = distance entre deux diffuseurs consécutifs de l’absorbeur.
Dans nos calculs, nous utiliserons ΔL = 5 cm qui est la plus grande portée fixée pour la construction de l’absorbeur et Pa105 Nm2.
Les équations d’équilibre statique de notre modèle donnent :
= Fa/2 = l.Pa. ΔL/2 = 2500 N (III.2)
Mf (III.3)
Mfmax = Mf|x=25mm = 31 250 Nmm
La condition de résistance élastique à la flexion donne :
σa ≥ σmax σa : contrainte normale admissible à la flexion (chargement statique) σa = 150 MPa pour les aciers de construction métallique [20] ; σmax : contrainte normale maximale de flexion. |
(III.4) |
(III.5)
avec : ; (III.6)
(III.7)
Les relations III.1, III.2, III.3, III.4, III.5, III.6 et III.7 donnent :
mm
Des dimensions normalisées de tôles d’acier, nous prenons une tôle d’épaisseur e = 1 mm.
[25]
Pour la toile avec la quelle sera fabriqué les diffuseurs de l’absorbeur, nous adoptons aussi la même épaisseur quoi que les diffuseurs soient soumis à des contraintes relativement inférieures par rapport à celles de l’absorbeur (les diffuseurs sont soumis au flambement).
III.2.3. OPTIMISATION THERMIQUE
III.2.3.1. Bilan thermique global
Le bilan thermique de l’absorbeur (réacteur solaire) s’écrit *7+ :
Qsa = Qp + Qu + Qst (III.8)
avec : Qsa : flux solaire absorbé (W) ;
Qp : flux perdu par la paroi absorbante (W) ; Qu : flux utile transmis au réacteur (W) ; Qst : flux stocké dans le capteur (W).
Ils se calculent respectivement par les relations qui suivent :
Qst = Me(T).Ceauð‘‘𑇠(III.9)
ð‘‘ð‘¡
Me(T) : masse en eau du capteur définie par : ΣMi(T)Ci = Me(T)Ceau ; i : représentant les différents éléments constitutifs du capteur ; T : température moyenne du capteur (K) ; t : temps (sec).
La puissance absorbée par le capteur s’écrit
Qsa≈ τcαpG* (III.10)
G* : éclairement (densité de flux) solaire incident sur le capteur (W) ; αp : coefficient d’absorption de la paroi absorbante par rapport au rayonnement ;
τc : coefficient de transmission de la couverture transparente par rapport au rayonnement solaire ;
A : surface de la paroi absorbante (m).
Qu=Hdes∆ð‘š(ð‘‡) (III.11)
Hdes : chaleur isostérique de sorption ; Δm(T) : masse d’eau désorbée.
Les déperditions thermiques du capteur sont mises sous la forme
Qp= hp (Tp-Ta) A (III.12)
avec : hp : coefficient global des pertes du capteur ; Tp : température moyenne de la paroi ; Ta : température de l’air extérieur. III.2.3.2. Calcul du rayonnement solaire [11]
L’éclairement solaire direct S* sur un plan horizontal peut être déterminé de plusieurs manières en fonction des données disponibles :
S* (III.13)
où : a = 0,409 + 0,502 sin(ðœ”1– 60°) ; (III.14) b = 0,661 - 0,477 sin(ðœ”1– 60 (III.15)
D=0,99G D=(1,188-2,272KT+9,473KT2-21,865KT3+14,648KT4)G D=(-0,54KT+0,632)G D=0,2G |
KT ≤ 0,17 0,17 KT≤0,75 0,75≤ KT≤0,80 KT≥0;80 |
(III.16)
où : KT = G/G0 (III.17)
G0 étant l’irradiation journalière sur un plan horizontal placé au-dessus de l’atmosphère calculable par :
G (III.18)
où ðœ”1 est en degré et G0 en kJ.m-2
On calcule ensuite S = G – D et on est ramené au cas précédent.
D= {0,775 + 0,00606(ðœ”1-90°)-[0,505+0,00455(ðœ”1-90°)]cos(115KT-103)} (III.19) et on est ramené au cas ii.
G = G0[0,29cos(L)+0,52] (III.20)
et on est ramené au cas précédent.
I*= (III.21)
où TL est le facteur de trouble de Linke calculable par :
TL = 2,4+14,6+0,4(1+2)ln(Pv) (III.22)
est le coefficient de trouble atmosphérique que l’on peut prendre tel que :
= 0,05 en zone rurale,
= 01 en zone urbaine,
= 0,2 en zone industrielle ou polluée,
Pv est la pression partielle de vapeur d’eau exprimée en mmHg.
On en déduit S* = I* sin(h)
L’irradiation directe journalière S sur un plan horizontal peut être déterminée de plusieurs manières en fonction des données disponibles :
(III.21).
L’éclairement solaire diffus D* sur un plan horizontal peut être déterminé de plusieurs manières en fonction des données disponibles :
D* (III.23)
D*= (III.24)
où TL est le facteur de trouble de Linke calculable par la formule (III.22)
L’irradiation diffuse journalière D sur un plan horizontal peut être déterminée de plusieurs manières en fonction des données disponibles :
Soit une surface plane inclinée d’un angle i par rapport à l’horizontale et orientée vers une direction faisant un angle avec la direction Sud ( compté positivement vers l’Ouest). Le rayonnement global G*(i,) reçu par cette surface est la somme de 3 termes :
G*(ð‘–, ð›¾)=S*(ð‘–, ð›¾)+D*(ð‘–, ð›¾)+R*(ð‘–, ð›¾) (III.25)
chacun des 3 termes se calculant de la façon suivante :
S*( (III.26)
D*( (III.27)
R*( (III.28)
III.2.3.3. Coefficient global des pertes thermiques
La modélisation du capteur est basée sur l’analogie entre le système thermique et le circuit électrique. Cette analogie nous conduit à proposer un circuit électrique équivalent comme modèle de notre système thermique et nous pouvons alors appliquer les lois de Kirchhoff. La Figure III.13 montre les différents coefficients de transfert de chaleur du capteur solaire
Nous évoquons ci-dessous les hypothèses simplificatrices :
Les coefficients de transfert de chaleur du capteur sont calculés par les corrélations suivantes
:
Il se calcul par la corrélation qui donne le coefficient d’échange par convection dans l’espace fermé entre deux plaques inclinées d’un angle i :
hc,p- (III.29)
Les expressions suivies d’un astérisque * +* sont prises égales à zéro si leur résultat est négatif
𜆠: la conductivité thermique de l’air (w/m.°C), d : la distance entre la vitre et l’absorbeur (m).
Il se calcule en considérant la paroi absorbante et la couverture comme deux surfaces parallèles infinies (espacement faible devant leurs largeur et longueur), grises et opaques, ces hypothèses permettent d’écrire :
hr,p- (III.30)
pi : coefficient d’absorption de la plaque par rapport au rayonnement IR
(infrarouge), vi : coefficient d’absorption de la couverture par rapport au rayonnement IR.
Pour déterminer le coefficient d’échange entre la vitre et l’ambiance, nous utilisons la corrélation de Hottel et Woertz :
hc,v-a= 5.7+3.8×Vvent [w/m2.K] (III.31)
Vvent : vitesse moyenne du vent. [m/s]
On peut calculer le coefficient d’échange par la corrélation suivante :
(III.32)
avec : εa = 1-0,261exp [-7,77.10-4(Ta-273)2] (III.33)
hs (III.34)
hb (III.35)
hl (III.36)
h) Coefficient des pertes globales du capteur [11] Nous pouvons négliger hl devant hs et hb, ce qui nous permet d’écrire : |
||
hp = hs + hb |
(III.37) |
T R (III.38)
R (III.39)
R (III.40)
Qav R (III.41)
R (III.42)
7 (III.43)
(III.44)
ð‘…8 = ð‘…1 + ð‘…5 (III.45)
Les Risont en w-1m2.K
Qav: flux solaire absorbé par la couverture (W/m2),
Qav=αvG* (négligeable) (III.46)
Qap: flux solaire absorbé par l’absorbeur (W/m2)
Qap= ðœð‘£ð›¼ð‘G* (III.47)
Figure III.14 : Schéma électrique équivalente du capteur solaire plan
En négligeant Qav (αv≈ 0), l’application de la loi Kirchhoff conduit à un système de deux équations à deux inconnues dont la température de la vitre Tv et la température de l’absorbeur Tp.
Nœud 1 : la couverture (vitre)
(III.48)
Nœud 2 : l’absorbeur
Qap (III.49)
où:
(III.50)
(III.51)
En posant :
a (III.52) b= (III.53) c= (III.54) d = (III.55) e= (III.56)
Nous pouvons alors tirer, la température de la couverture Tv et celle de la plaque absorbante Tp
Tp (III.57)
Tv (III.58)
Pour la résolution du système d’équations on peut utiliser la méthode itérative suivante :
III.2.3.4. Modélisation mathématique du réacteur