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Chapitre premier : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

Section I. DEFINITION DES CONCEPTS ET THEORISATION

Dans la présente section, nous allons définir les concepts clés qui constituent l’essentiel de notre sujet, et auxquels nous allons chaque fois revenir dans le développement de ce travail. Par la suite, nous présenterons la théorie qui circonscrit notre cadre d’étude.

§1. Définition des concepts

  1. Le Gaz

          Le gaz est un nom donné à tous les fluides aériformes. Il se dit des fluides ayant une forme essentiellement variable et tendant toujours à occuper le  plus grand volume possible : vapeur invisible, corps se présentant à l’état fluide d’une grande élasticité, très compressible, expansible et occupant la totalité de l’espace du récipient qui le contient[1].  Le gaz naturel est celui qui est employé pour l’éclairage et qui est formé en grande partie par le gaz hydrogène bicarboné provenant de la décomposition de la houille par la chaleur.

  1. Le gaz naturel

C’est un hydrocarbure gazeux localisé en gisement souterrain propre à l’exploitation industrielle ou domestique[2]. En fonction de la vapeur énergétique ou la quantité d’énergie contenue dans le gaz naturel, on distingue deux types de gaz :

  • Le gaz à haut pouvoir calorifique ;
  • Le gaz à bas pouvoir calorifique.
  1. Le gaz méthane

          Le gaz qui fait l’objet d’une exploitation et d’une gestion commune entre le Rwanda et la R.D.C. dans le lac Kivu est principalement le gaz méthane. Ce dernier est défini comme étant un gaz naturel mélangé d’hydrocarbures saturés. Composé essentiellement de méthane, ce gaz peut être utilisé comme les autres combustibles fossiles, charbon et pétrole, aussi bien comme combustible et carburant que comme matière première[3].   

  1. La gestion et exploitation du gaz

« Gérer » signifie administrer, coordonner, contrôler, commander. Le terme gestion peut être digéré comme l’utilisation rationnelle et intelligente des ressources (humaines, matérielles, financières, techniques, temporelles, etc.) mises à disposition d’une personne physique ou morale en vue d’atteindre des objectifs assignés. La gestion des ressources naturelles consiste à permettre à ces ressources de se renouveler et d’être conservées de manière pérenne, sans être menacées par la surexploitation (cause de stagnation voire de recul économique). Elle est un des éléments de développement soutenable. C’est un processus qui vise à équilibrer les différents usages qui touchent les ressources afin d’en assurer la pérennité.

          Quant à l’exploitation, elle a pour sens l’action d’exploiter, de mettre en valeur. Il s’agit de l’action d’abuser à son projet, ce qu’on exploite. Le cas précis du gaz demande une attention particulière et une vaste ouverture. Il faut nécessairement prendre en considération un certain nombre de facteurs pour mieux en assurer l’exploitation, à savoir : gestion de l’espace, du matériel, du respect des textes, … Ainsi, le gaz méthane du lac Kivu étant une ressource naturelle partagée entre le Rwanda et la R.D.C., sa gestion et son exploitation se doivent d’être communes et concertées dans le cadre d’une coopération internationale pour le développement.

  1. Enjeux

On appelle enjeu, une valeur matérielle ou morale que l’on risque dans l’exécution des activités économiques, politiques, militaires, etc. ou dans une quelconque compétition. En outre, c’est ce qu’on peut gagner ou perdre dans une action comme celles précitées[4]. C’est ainsi que nous analyserons les valeurs ou motivations à la base de la coopération entre la R.D.C. et le Rwanda pour la gestion et l’exploitation du gaz méthane dans le lac Kivu.

§2. Théorisation

          Pour circonscrire notre travail, nous nous sommes servie de la théorie inter gouvernementaliste de HOFFMANN.

A. Enoncé

          Développée par Stanley HOFFMANN, la théorie inter gouvernementaliste vise à comprendre les mécanismes par lesquels les Etats sont conduits à s’associer pour répondre plus efficacement à des besoins communs. A ce propos, Stanley parle de la mise en commun de la souveraineté (pooled sovereignty). Même si les Etats cherchent à faire prévaloir leurs intérêts nationaux, ceux-ci ne sont pas envisagés à travers le présumé réducteur d’un intérêt général incarné par un Etat neutre. Ce qui est le cas pour la RDC et le Rwanda qui veulent prévaloir leurs intérêts nationaux, reposant sur la coopération bilatérale entre ces deux pays[5].

Les préférences nationales énoncées par les Etats dans les instances de coopération résultent des demandes formulées par les acteurs sociaux qui cherchent à faire prévaloir leurs options devant les instances administratives et politiques.

L’inter-gouvernementalisme libéral se présente donc comme une méthode pour analyser les procédures par lesquelles les Etats s’associent en vue de répondre aux attentes de leurs populations. Ici, les organisations internationales sont perçues comme des instruments placés à la disposition des Etats pour faciliter l’adoption d’accords internationaux et assurer le respect des engagements pris. Concernant le contrôle des accords, le rôle des organisations internationales ne doit pas être envisagé sous l’angle de pouvoir de faire. Les organisations internationales se contentent en fait de favoriser la réciprocité, ce qui conduit les Etats, même les plus puissants à respecter leur parole pour s’assurer que les autres Etats se comportent de la même manière.

B. Application

Dans la poursuite des objectifs assignés à notre recherche, la théorie inter gouvernementaliste nous permet d’analyser les enjeux de l’engagement pour la R.D.C. et le Rwanda dans l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu. Etant donné que chacun de ces deux Etats est lancé dans la poursuite de ses intérêts nationaux, et que le gaz méthane du lac Kivu constitue une ressource naturelle qui leur est commune ; à l’aide de la théorie inter-gouvernementaliste, nous parviendrons à étudier les différents mécanismes de coopération bilatérale entre les Etats concernés. Par ailleurs, nous analyserons la capacité pour l’un et pour l’autre à imposer sa souveraineté au profit de ses intérêts nationaux et pour le développement de sa population.

Cette analyse passera par l’examen des différents instruments qui sous-tendent la coopération entre le Rwanda et la R.D.C., notamment les accords éventuels signés dans les objectifs divers. Il s’agira également de chercher à comprendre les politiques adoptées de commun accord entre les deux Etats en vue d’atteindre les objectifs assignés dans le cadre de la gestion et de l’exploitation communes du gaz méthane dans le lac Kivu. Sûrement que dans le processus de fixation des politiques communes, chaque Etat reste déterminé à préserver ses intérêts nationaux et sa souveraineté.

  • 3. Notions sur la coopération internationale
  1. Signification et but

L’émergence, la durée, son objet, les modalités et les limites de la coopération internationale constituent des enjeux majeurs des relations internationales, et le thème central de nombreux débats théoriques, méthodologiques et empiriques. Pour préserver la paix, permettre des échanges économiques ou diplomatiques ou assurer la pérennité d’un certain ordre international, la coopération internationale est indispensable. La coopération internationale peut être définie comme étant un ensemble d’interactions positives entre deux ou plusieurs acteurs internationaux visant à atteindre un objectif bien déterminé. Elle aboutit le plus souvent à la création d’O.I. En effet, la création d’O.I. traduit le désir des Etats de coopérer dans un but défini et de s’intégrer aux niveaux régional et mondial. Très souvent, les O.I. sont le résultat d’accords individuels conclus par les Etats souverains pour trouver des solutions communes aux diverses questions qui dépassent leurs moyens politiques ou financiers[6]. Le professeur LABANA LASAY’ABAR[7] souligne qu’une Organisation Internationale est une structure de coopération internationale, une association d’Etats souverains poursuivant des buts d’intérêt commun au moyen d’organes autonomes.

La coopération dans les relations internationales est un enjeu majeur et controversé pour une raison principale : l’absence d’autorité souveraine qui veille à l’application des accords fait que la coopération, pour les Etats comme pour les autres acteurs internationaux, est importante mais difficile. Les menaces de sanctions ou les promesses de bénéfices sont souvent insuffisantes et le rôle du droit ne peut être que limité et précaire. De plus, si les Etats privilégient leurs gains relatifs (gagner plus que l’autre) ils négligent les gains absolus qui pourraient les inciter à coopérer[8]. Même lorsque les bénéfices mutuels sont escomptés d’une coopération, les dirigeants politiques d’un Etat veillent à ce que leur partenaire / adversaire n’engrange pas davantage de bénéfices qu’eux-mêmes. Si tel était le cas, ils seront prêts à renoncer à ces bénéfices car leur partenaire, potentiellement adversaire de demain, pourrait s’en trouver renforcé.

  1. Eléments favorisant et défavorisant la coopération internationale

Il existe des éléments qui favorisent la coopération internationale, et d’autres qui la fragilisent. Généralement, l’anarchie et le dilemme de sécurité rendent souvent difficile la coopération dans les relations internationales. A partir de la théorie des jeux, on peut identifier trois éléments importants qui peuvent faciliter ou au contraire entraver la coopération. Ces facteurs et ces processus ont fait l’objet d’études empiriques appliquées à différentes périodes historiques et à des domaines d’action diversifiés, qu’ils s’agissent de la course aux armements ou de l’établissement des tarifs douaniers.

Le premier processus concerne les modalités de la convergence des intérêts communs aux acteurs et porte sur les bénéfices que tirent les Etats de leurs politiques coopératives au non. Il s’agit des bénéfices et des pénalités associées aux situations identifiées par le dilemme du prisonnier : coopération mutuelle, coopération d’un Etat et défection d’un autre ou défection mutuelle. En ce sens, le Rwanda et la RDC ont des intérêts convergents dans le cadre de l’exploitation du gaz dans le lac Kivu, ressource naturelle qu’ils ont en commun.

Dans les relations internationales la confiance, la loyauté et l’altruisme ne sont pas indispensables à la coopération[9]. Le deuxième processus concerne le nombre de joueurs et son influence sur la manière de jouer, en particulier l’hégémonie d’un acteur imposant ses règles. Enfin, le troisième processus concerne les mécanismes institutionnels, c’est-à-dire les caractéristiques de l’interaction stratégique, du « jeu international », à un moment donné, qui influence la progression des acteurs à coopérer. Les institutions peuvent, par exemple favoriser la transparence et permettre aux joueurs d’identifier ceux qui ont coopéré ou ceux qui ont fait défection dans le passé.

La réflexion de Robert Axelrod permet d’identifier les conditions minimales qui permettent la coopération entre égoïstes rationnels. Dans la perspective de l’institutionnalisme néo-libéral, les institutions stabilisent les enjeux, favorisent la transparence, rendent le futur plus prévisible et permettent ainsi aux Etats de coopérer. Les institutions et les régimes diminuent les incertitudes dans l’évolution des préférences et des choix politiques des partenaires potentiels. Ces institutions facilitent un échange d’informations durable qui clarifie les intentions grâce à des procédures de consultation. Dans un domaine aussi sensible que la sécurité, l’investissement politique initial est lourd et les acteurs voudront préserver le cadre qu’ils ont créé. D’où, la coopération demeure l’une des énigmes les plus importantes et les plus stimulantes de l’étude des relations internationales[10]. Notre travail est donc inscrit dans l’angle de la coopération entre la R.D.C. et le Rwanda non pas dans un domaine de la sécurité mais plutôt de la gestion et de l’exploitation du gaz dans le lac Kivu.

Section II. LE LAC KIVU : UN COURS D’EAU INTERNATIONAL

Le droit international des cours d’eau s’est construit progressivement autour de la notion de fleuve international d’abord, puis de cours d’eau international, du fait de l’élargissement des activités liées à l’utilisation de ces voies d’eau intérieures. Néanmoins, les profondes mutations qui vont affecter cette branche du droit international seront surtout liées à la conceptualisation des approches de gestion de l’eau qui s’opèrent dans d’autres matières de gestion des ressources naturelles.

§1. Brève présentation du lac Kivu

A. Aspects et origine[11]

Le lac Kivu est l’un des grands lacs d’Afrique. Il se situe entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda. Le lac Kivu se déverse dans la rivière Ruzizi, qui alimente au Sud le lac Tanganyika. Il a gagné une triste notoriété lors du génocide au Rwanda de 1994, de nombreuses victimes y ayant été jetées. Couvrant une superficie totale de 2.700 Km², le lac Kivu se situe à une altitude de 1.460 m au-dessus du niveau de la mer. C’est un des trois lacs méromictiques d’Afrique. Au fond, environ 500 m de sédiments recouvrent le socle cristallin précambrien. Sa longueur est de 89 Km, sa largeur de 48 Km, sa profondeur de 485 m et son volume de 500 Km3. Au Nord, des anomalies magnétiques sont dues à d’anciens épanchements volcaniques. La salinité approche 4‰ au fond du lac. Les villes congolaises de Goma et Bukavu sont voisines du lac Kivu. Au Rwanda, ce sont les villes de Gisenyi, Kibuye et Cyangugu qui sont voisines au lac. C’est dans ce lac que l’on trouve Idjwi, la plus grande île à l’intérieur du continent africain avec une longueur de 40 Km et une superficie de 285 Km².

L’origine du lac Kivu est différente de celle des autres lacs congolais qui sont pour la plupart tectoniques. C’est un lac de barrage : nombreuses baies et îles qui disparaissent vers le Nord. Au plan juridique, ces transformations vont avoir des conséquences notables et, en particulier, celle de remettre en cause le sacro-saint principe du droit international : la souveraineté des Etats sur le territoire international. Toutefois, le droit international reste une création Etatique qui subit de fait, les enjeux politiques et économiques des souverainetés concurrentes. Son architecture actuelle reflète ces enjeux ainsi que les compromis auxquels les Etats ont pu parvenir[12].

B. La dimension internationale du lac Kivu

D’une certaine manière, les cours d’eau internationaux, sont même à l’origine du droit international puisque, comme le rappelle Mc Caffrey[13], le plus vieux traité répertorié porte sur le partage des eaux de l’Euphrate entre deux cités-Etats, Umma et Lagash en 3.100 avant Jésus-Christ. Quoi qu’il en soit, au 19ème siècle, les Etats vont se contenter dans un premier temps d’établir les règles de base qui faciliteront le commerce international avant de développer des nouvelles règles, adaptées à la diversité de leurs intérêts. Le potentiel énergétique de la ressource avec le développement de l’hydroélectricité, les besoins de plus en plus importants en irrigation et en eau potable sont autant de nouveaux enjeux pour les Etats qui se partagent des cours d’eau. Le lac Kivu est caractérisé par une forte stratification thermique et chimique (méthane assez fortement) « piégés » dans les eaux profondes mais pourrait épisodiquement être brutalement libéré avec des risques graves pour la population et la faune. Il est l’un de Grands Lacs d’Afrique, situé aux coordonnées 2°03 à 44 longitude Sud et 29°07 à 24° à de latitude Est entre la R.D.C. et le Rwanda. C’est ce qui lui vaut d’ailleurs une dimension internationale.

§2. Brève présentation des villes de Goma et Gisenyi

A.   La ville de Goma

  1. Situation générale

La ville de Goma est située dans la partie Est de la R.D.C. Bâtie en bordure et au Nord du lac Kivu, sur les anciennes coulées de lave issues de la chaîne volcanique des Virunga et principalement sur celle du volcan Nyiragongo qui la domine de près de 2000 mètres à 20 Km plus au Nord, Goma est le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. En 2002, lors de la dernière éruption du volcan Nyiragongo, la lave a dévalé sur Goma et ravagé le quartier commerçant. La ville est composée de deux communes dont la première porte le même nom Goma, pendant que la deuxième est celle de Karisimbi.

Les coordonnées géographiques de la ville de Goma se présentent de la manière suivante : 1°41 à 36 longitude Sud, 29°13 latitude Est. Sa superficie est de 7.572 ha, ce qui équivaut à 75,72 Km² ; avec une densité de 14.527 hab / Km². En dehors des différents dialectes, la ville connait principalement deux langues dont une nationale (le Kiswahili), et une officielle (le Français). En ce qui concerne sa dénomination, la ville doit son nom au volcan éteint autour duquel elle s’est installée, le Mont Goma qui, lui-même doit son nom au mot swahili « NGOMA » qui signifie « Tambour ». Cette dénomination serait due à la forme de ce mont et peut-être, à la résonnance particulière du lieu. Le cratère du Mont Goma envahi par les eaux du lac Kivu avec lequel il communique, abrite le port de la ville fréquenté quasi exclusivement par la navette des passagers Goma - Bukavu. Située à la frontière avec le Rwanda, la ville de Goma côtoie celle de Gisenyi, petite ville rwandaise aux plages du Mica banc étonnement scintillants.

La ville de Goma est limitée au Nord par le territoire de Nyiragongo, au Sud par la province du Sud-Kivu, à l’Ouest par le territoire de Masisi et à l’Est par la République Rwandaise. Avec un climat généralement tempéré, adouci par les vents qui soufflent du lac Kivu et des volcans, la ville connaît en général deux saisons : une saison pluvieuse de fin Août à mi-mai, entrecoupée par une courte saison sèche qui va de mi-décembre à mi-février et ; une saison sèche allant de mi-mai à fin Août. L’hydrographie de la ville de Goma comprend seulement le lac Kivu, le lac Vert et le lac Noir[14]. Notons que la configuration géographique de la ville de Goma est un atout pour la construction grâce à la surface presque plane et à la facilité d’avoir des pierres, du sable et du gravier. Certains éléments constituent néanmoins des contraintes notamment le problème de l’eau et les conditions sismiques.

  1. Données administratives et démographiques

Jadis chef-lieu de la sous-région du Nord-Kivu, la ville de Goma est aujourd’hui le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Elle a été créée par l’ordonnance N°88-170 du 15 novembre 1988 après le découpage de l’ancienne région du Kivu[15]. Dirigée par un Maire de la ville (actuellement Monsieur Dieudonné MALERE MAMICHO), Goma est subdivisée en communes, celles-ci en quartiers et ces derniers en avenues et cellules. La commune de Goma qui couvre une superficie de 33,372 Km² et compte sept quartiers à savoir : Mikeno, Mapendo, Les Volcans, Katindo, Kyeshero, Himbi et Lac-Vert. La commune de Karisimbi quant à elle, s’étend sur une superficie de 33,452Km² et comprend 12 quartiers à savoir : Kahembe, Murara, Bukure, Majengo, Mabanga Nord, Mabanga Sud, Kasika, Katoyi, Ndosho, Mugunga et Virunga.

La dénomination et la délimitation des communes de la ville de Goma sont données par l’ordonnance-loi N°89-127 du 22 mai 1989. La ville est dirigée par un Maire secondé par un maire adjoint qui supervise les bourgmestres (dirigeant les communes). Ceux-ci, à leur tour, supervisent les chefs des quartiers.

  1. Population et langues

La population de toute la province du Nord-Kivu est principalement constituée des Bantous pastoraux inter-lacustres qui s’étendent autour de la rive occidentale du lac Kivu jusqu’au lac Edouard au nord. Elle est estimée à environ cinq millions d’habitants et est constituée des groupes ethniques suivants :

  • Territoire de Beni : Wanande, Bambuba, Balese, Watalenga et Batwa (Pygmées) ;
  • Territoire de Lubero : Wandande, Bapere et Batwa ;
  • Territoire de Masisi et Walikale : Hunde, Hutu, Batembo, Tutsi et Batwa dans Masisi
  • Territoire de Nyiragongo : peuplé par les Kakumu, les Hunde, les Hutu, les Tutsi et les Batwa.

En dehors des dialectes propres aux ethnies, les langues officielles au Nord-Kivu en général et à Goma en particulier sont, comme ailleurs à l’Est, le français et le Kiswahili. Même si l’anglais fait de plus en plus son apparition, étant donné la proximité avec l’Ouganda et le Rwanda, ce dernier s’anglicisant progressivement depuis une quinzaine d’années. A noter justement la présence parmi les « dialectes » du Kinyarwanda, la langue nationale du Rwanda étant donné la présence sur dans la ville des ressortissants rwandais. La ville de Goma connaît une croissance démographique trop accélérée suite aux différents mouvements qu’effectue sa population. La concentration de la population devient de plus en plus importante suite à l’exode rural à grande ampleur dont les causes principales sont les guerres interethniques et de libération[16]. Actuellement la population de la ville de Goma est composée en grande partie par les tribus autochtones de la province à savoir : les nande, les nyanga, Hunde, Hutu, Tembo, Shi, Kano, Tutsi.

  1. Economie

De par son climat, la richesse de son sol et sa végétation, le Nord-Kivu en général est une province essentiellement agro-pastorale, une large fraction de sa population s’adonne à la culture maraîchère (pomme de terre et légumes), une autre pratique l’agriculture vivrière (manioc, haricot, patate douce, igname, paddy, blé, etc.)[17]. Tous ces produits viennent ravitailler la ville de Goma et ses environs. Quant à la production industrielle (café, thé, quinquina, tabac,) sur laquelle reposait l’économie de la province autre fois, elle ne représente plus grand-chose aujourd’hui suite à l’abandon et à la destruction des unités de production, consécutifs aux mesures de Zaïrianisation (1973), aux troubles interethniques et aux guerres qui ont paralysé ce secteur depuis le début des années 90. L’élevage connaît également une certaine léthargie suite aux mêmes difficultés, alors qu’avant les guerres, le Nord-Kivu était relativement réputé dans ce secteur (bovins, ovins, volailles, etc.). La pêche reste fondamentalement l’une des plus importantes activités économiques de la province, particulièrement sur les lacs Edouard et Kivu : tilapia, clarias, barbus, … Le lac Kivu pour la ville de Goma est au départ peu poissonneux à cause du méthane qu’il contient, mais on y a introduit avec succès le tilapia qui y prospère maintenant de manière surprenante.

Le Nord-Kivu regorge également de nombreux gisements miniers : or, argent, diamant, cassitérite, colombo-tantalite (coltan), phosphate, wolframite, zirconium, qui ne profitent pas à l’économie de la ville de Goma car largement illicite. Quant au tourisme, le Nord-Kivu dispose d’un potentiel énorme de par la variété de sa faune et de sa flore, ainsi que de la beauté de ses paysages et la douceur de son climat. Malheureusement, ce secteur n’a pas été épargné par les conflits et les guerres à répétition : une grande partie des sites a été détruite, les structures d’accueil pillées[18]. Cependant, la ville de Goma fait partie des villes touristiques de la R.D.C.

  1. La ville de Gisenyi
  2. Situation générale

Gisenyi (anciennement écrit Kisenyi), commune de Kigali, est construite au pied du volcan Nyiragongo. Située à la pointe Nord du lac Kivu, elle fait partie des villes côtières avec l’avantage d’être à la frontalière avec la R.D.C. du côté de Goma / Nord-Kivu. Ses limites ont été désignées en 1979 par le décret-loi du 20 avril 1979 portant création et délimitation des circonscriptions urbaines[19]. Cette circonscription a été définie comme suit :

  • Point de départ : l’intersection de la rive du lac Kivu avec la frontière Rwanda-RDC, l’Ouest de la ville de Gisenyi.
  • Les secteurs Rubare, Rugerero, Nyundo et Nyanyemba sont à l’Est et Sud de la ville de Gisenyi et la partie Nord limitée par la RDC (ville de Goma).

La ville de Gisenyi couvre une superficie totale de 1.374 ha et compte une population de 106.335 hab[20]. La ville actuelle et les zones environnantes sont situées en majeure partie sur une coulée de lave, ce qui lui donne l’aspect de « cheire » bien connue dans les régions volcaniques. Le terrain a une pente faible et assez régulière à l’Ouest de l’axe Nord-Sud reliant Gacuba I et Gacuba II. L’Est occupé par les monts Rubare, Rwaza et Nengoa des pentes très fortes supérieures à 30%. Comme l’altitude du terrain diminue du Nord au Sud, donc vers le lac Kivu, il n’existe presque pas d’eau stagnante dans cette circonscription urbaine. Par contre les eaux de ruissèlement se dispersent dans la ville, une partie de ces eaux disparaît par infiltration et une autre non négligeable s’éparpille dans les quartiers détruisant surtout la voirie urbaine et défient certaines habitations groupées en quartiers spontanés sur le flanc Ouest du Mont Rubare[21].

  1. Données administratives et démographiques

La circonscription urbaine de Gisenyi porte sur 9 cellules administratives que l’on pourrait regrouper en 11 quartiers à savoir :

  1. Quartier résidentiel Gisenyi Corniche
  2. Quartier résidentiel Gisenyi-Centre
  3. Quartier commercial Gacuba I
  4. Quartier commercial Gacuba II
  5. Quartier Mont Rwaza
  6. Quartier Mont Nengo
  7. Quartier Nyakabungo I
  8. Quartier Nyakabungo II
  9. Quartier Nyakabungo III
  10. Quartier Mbugangari
  11. Quartier Muhato

Avant la réforme administrative de 2006, Gisenyi était aussi la capitale d’une province (préfecture jusqu’en 2002) à laquelle elle donnait son nom (aujourd’hui intégrée avec les anciennes provinces de KIBUYE et de CYANGUGU dans la province de l’Ouest cité balnéaire) à l’époque de Juvénal HABYARIMANA. Elle a dû céder sa réputation touristique à KIBUYE après le génocide de 1994 au Rwanda[22]. Ses coordonnées géographiques sont : 1° 42 au Sud, et 29° 15 à l’Est. Sa population est estimée à 106.335 hab.

[1] BOURGET, Essais psychologique, Paris, CNRS, 1885, p. 171.

[2] GERARD, Histoire économie, Dictionnaire de chimie, 1er vol, France, 1966, p. 512.

[3] Encyclopédie universelle, Tome 7, 2007, p. 510.

[4] B. MOHAMED, Puissance fouterie des firmes multinationales, Paris, UNESCO, 1979, p. 241.

[5] S. HOFFMANN, cité par Jean-Jacques ROCHE, Théories des relations internationales, 8ème édition, Mont chrétien, 2010, p. 99.

[6] H-A. SCHRAEPLER, Organisations Internationales et Européennes, Ed. Economica, Paris, 1995, p. VI.

[7] L. LASAY’ABAR, Les Relations Internationales : Présentation panoramique et approches théoriques, Imprimerie MEDIASPAUL, Kinshasa (R.D.C.), 2006, p. 34.

[8] M. GREECO JOSEPH, Cooperation among Nations, Europe, America, and Non-Tariff Barriers to Trade, Ithaca, New York, Cornel University Press, 1990, p. 75.

[9] R. AXEHOD, Théorie du comportement coopératif, Paris, O. Jacob, 1992, p. 77.

[10]Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 3ème éd., 2012, p. 83.

[11]Aspects et origine du lac Kivu, tiré sur https://fr.m.google.org/wiki/Lac-Kivu, consulté le 5 Juillet 2017.

[12] C. PILARSKI, La gestion partagée des ressources en eau dans le bassin du Congo, états des lieux et perspectives, Québec, 2009, p. 11.

[13] Mc CAFFREY, The law of international water courses, Oxford, 2007, p. 59.

[14]Hydrographie de la ville de Goma, tire sur www.congo-autrement.com/page/renseignements-rd-congo/presentation-de-la-ville-de-goma-province-nord-kivu.html, consulté le 5 juillet 2017.

[15] Idem

[16] K. JUAKALY, La Situation socio-économique des habitants de la ville de Goma (Economie et finance), 2012, p. 60.

[17] Journal le Potentiel, « Tourisme R.D. Congo », 2012, p. 28.

[18] Journal le Potentiel, Op. Cit.

[19] Journal officiel n°11 du 15 mai 1979, Kigali –Rwanda.

[20] Idem

[21] Ibidem

[22] J.C., KLOTCHKOFF, « Gisenyi », In Le Rwanda aujourd’hui, Paris, Editions du Jaguar, 2008, 2ème édition, pp. 111-115.

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