Etymologiquement, le mot impôt vient du mot latin « imposium » qui signifie « placé sur » ici, l’impôt est pris comme une contribution exigée pour assurer le fonctionnement de l’Etat et des collectivités locales.
Le sens donné à l’impôt a évolué dans le temps ; plusieurs définitions ont donc marqué ce concept.
Des analyse des diverses définitions proposées par des auteurs comme François DERUEL, Lucien MELH, Pierre BELTRANE, Pierre GAUDENET et MOLINIER, Maurice DUVERGER et Gaston JEZE, nous avons retenu la définition suivante :
L’impôt est une prestation pécuniaire recuise des personnes physiques ou morales de droit public ou privé, d’après leurs facultés contributives par voie de contrainte, à titre définitif et sens contrepartie directe en vue de la couverture des charges publiques ou de l’intervention de l’Etat[1].
Quant à ce qui nous concerne, l’impôt est un prélèvement obligatoire réalisé de l’administration publique qui ne donne pas droit à une contre partie directe mais à des services fournis gratuitement par la collectivité.
I.1.CARACTERISTIQUE DE L’IMPOT
Il ressort de cette définition les caractéristiques ci-après :
Ici, l’impôt est une contrainte et réside dans la souveraineté de l’Etat. Ce qui justifie du reste que les contribuables sont appelés des « assujettis ».
C’est ici que réside la différence fondamentale entre l’impôt et la taxe [2]:
I.2. CHAMPS D’APPLICATION ET CLASSIFICATION DE L’IMPOT
I.2.1. Champs d’application
Les champs d’application de l’impôt porte sur :
Il est encore appelé « CONTRIBUABLE ». Il peut arriver que la personne obligée à payer l’impôt ne soit pas nécessairement celle qu’en supporte la charge.
I.2.2. Classification de l’impôt[3]
Quant à la classification de l’impôt, il en existe plusieurs, et ce selon l’angle dans lequel on voudrait les présenter.
Classification selon les modalités de recouvrement
D’après cette modalité, on distingue les Droits au comptant et les Droits constatés auxquels correspondent les notions d’impôt d’une part et d’impôt non enrôlé d’autre part.
A ce niveau, l’impôt est d’abord établi, calculé et en suite mis en recouvrement.
Le recouvrement par voie de rôle comporte deux opérations :
Classification selon les techniques juridiques d’assiette ou selon la nature
Du point de vue des techniques juridiques d’assiette, on distingue les impôts directs et les impôts indirects. Ces deux sortes d’impôts se différent par le fait que l’impôt direct est à la charge du redevable réel ; alors que l’impôt indirect est à la charge du redevable légal pris comme un collecteur d’impôt, la charge fiscale étant supporté par une autre personne (principe de la répercussion de l’impôt).
Cette dernière catégorie d’impôt (impôt indirect) est payée par le contribuable sans qu’il en prenne conscience &tant donné qu’il est souvent fractionné en plusieurs occasions de dépenses. En bref, les impôts directs sont perçus sans rôle nominatif (c’est-à-dire payés spontanément).
A noter que les impôts directs peuvent aussi être enrôlés dans certaines conditions, notamment en cas de non-paiement dans le délai légal ou en cas de redressement après vérification de la comptabilité du contribuable par un vérificateur des impôts.
Est celui dont la charge est supportée par celui qui en est assujetti. En principe, le contribuable n’a pas la possibilité de la répercussion sur autrui.
Est celui dont la charge est répercutée sur autrui. Celui qui paie cet impôt à l’administration fiscale, n’est pas en fait celui qui en supporte le poids.
Ex : impôt sur le chiffre d’affaires, impôt professionnel sur la rémunération.
Classification selon la manière imposable
Il frappe le revenu du contribuable lors de son acquisition. En d’autres mots, lors de sa formation ou de sa constitution.
Est celui qui atteint les éléments du patrimoine du contribuable du fait de son acquisition à titre gratuit.
Est celui qui frappe les emplois du revenu ou du capital affecté à l’acquisition des biens et services.
Les dépenses retenues sont tant les dépenses d’investissement ou placement (acquisition d’immeuble, des terrains, des machines, d’actions,…) que des dépenses de consommation (acquisition des denrées et des services).
Classification selon l’étendu de la matière imposable
Classification basée sur des champs d’application de l’impôt
Il y a impôt réel et impôt personnel :
I.3. FONCTIONS ET PRINCIPES DE L’IMPOT
I.3.1. Fonction de l’impôt[4]
Il est question de décrire la politique économique d’un pays. En d’autres termes, on veut savoir les fonctions que joue l’impôt dans un pays.
Il est à noter que l’impôt constitue (par-dessus) l’extrême de tout un instrument par excellence de la politique économique de l’Etat.
I.3.2. Principes de l’impôt
Quant aux principes de base de l’impôt, trois principes de base sous entendent la mise en œuvre d’un impôt. C’est-à-dire que l’impôt répond à trois principes :
Ceci veut dire que le but premier de l’impôt est de pouvoir rapporter le maximum des ressources possibles à l’Etat. Le rendement se l’impôt est fonction des critères suivants :
C’est le principe de la justice fiscale ou de la justice de répartition de la charge fiscale. En d’autre terme, l’impôt doit être équitable, doit être personnalisé le plus possible.
Suivant la conception moderne, l’impôt a pour fonction, non seulement de pourvoir aux ressources dont l’Etat a besoin pour fonctionner, mais également il est de plus en plus utilisé comme instrument de politique économique et social de l’Etat.
Il existe plusieurs formes d’interventionnisme :
C’est donc un interventionnisme à but égalitariste qui vise à égaliser les niveaux de vie des individus et à redistribuer la richesse entre citoyens.
La discrimination de l’impôt consiste à créer des inégalités dans l’imposition en distinguant les matières imposables et en leur appliquant d’après leur origine ou leurs caractères, des tarifs plus ou moins élevés.
Par cette forme d’interventionnisme, il y a lieu de diminuer ou d’augmenter un impôt particulier afin d’encourager ou de décourager telle activité, tel produit ou tel opération économique.
I.4. ASPECTS ECONOMIQUE ET SOCIAL DE L’IMPOT
I.4.1. ASPECT ECONOMIQUE[6]
L’influence de l’impôt sur la vie économique est considérable :
Conséquences : le chef d’entreprise préfère dans ce cas, soit de réduire ses activités au lieu de travailler en grande partie pour l’Etat et oriente une partie de ses activités dans le secteur informel ; soit d’effectuer des dépenses inutiles pour gonfler ses frais généraux.
I.5. TECHNIQUE OU OPERATIONS DE L’ETABLISSEMENT DE L’IMPOT
La technique de l’impôt est l’ensemble des opérations par lesquelles l’impôt est perçu. L’établissement et la perception de l’impôt se font en trois étapes:
I.5.1. Fixation de l’assiette fiscale
Partant de la matière imposable, il est question ici de connaître le fait générateur, la base imposable et l’unité de mesure.
Dans le langage technique, on parle souvent de l’assiette de l’impôt. Déterminer l’assiette de l’impôt, c’est préciser sur quoi l’impôt est assis, est basé, se repose.
Pour un terrain ; l’unité de mesure est le m2, pour un véhicule, c’est le nombre des chevaux vapeurs.
I.5.2. L’évaluation de la matière imposable
C’est l’opération qui consiste à mesurer pour chaque contribuable en particulier, la quantité des matières imposables en sa possession.
C’est une opération difficile car le contribuable a toujours tendance à dissimuler la matière imposable.
Il existe quatre méthodes pour évaluer la matière imposable :
I.5.3. Liquidation de l’impôt
C’est l’opération qui a pour objet de déterminer le montant de la dette fiscale et la rendre exigible par le contribuable. Cette opération n’est possible qu’une fois la base imposable soit constatée et évaluée.
Ainsi, le calcul ou la liquidation de la dette d’impôt s’effectue par application à la base imposable d’un ensemble des règles qui constituent le tarif de l’impôt.
La liquidation de l’impôt est différente selon qu’il s’agit des impôts directs ou des impôts indirects.
Ils sont constatés et enrôlés par l’administration des impôts avant la procédure de recouvrement.
La liquidation de ce type d’impôts passe ainsi par la procédure d’enrôlement et suppose l’existence d’un compte courant fiscal du contribuable.
I.5.4.perception
C’est l’opération qui consiste à faire passer l’impôt des mains des contribuables dans celles de l’Etat.
Il existe plusieurs procédés de recouvrement :
L’impôt en tant que moyen d’action financière, économique et social soulève dans son application un certain nombre des d’obstacles notamment :
I.6.1. L’évasion fiscale non frauduleuse
L’évasion fiscale non frauduleuse ou encore fraude légale est un ensemble des comportements, individuels ou collectifs, qui tendent à réduire, voir à supprimer la charge fiscale assignée à une personne (physique ou morale)[7].
En d’autres termes, l’évasion fiscale non frauduleuse est une action visant à soustraire à l’impôt tout ou partie de la matière imposable sans contrevenir formellement à la loi.[8]
En rapport avec les problèmes de cette évasion, très souvent une forte pression fiscale conduit à la résistance au paiement d’impôts. C’est la forme la plus courante de la résistance à l’impôt.
Il y a lieu donc de comprendre qu’il y a évasion fiscale non frauduleuse, lorsque celui qui devrait payer l’impôt ne paye sans que la charge ne soit reportée sur autrui.
I.6.2. L’évasion fiscale frauduleuse
L’évasion fiscale frauduleuse est la forme de délinquance consistant à réduire de manière illégale les impôts dus. Elle comporte une violation expresse ou mieux flagrante de la loi et représenté par exemple par :
Il sied de signaler en passant qu’il y a une nette différence entre la fraude et l’évasion fiscale :
Les contribuables avisés exploitent les lacunes, les ambigüités, les déficiences de la loi en contournant les dispositions en vigueur pour se soustraire de l’impôt. Curieusement, très peu des contribuables l’utilisent.
C’est pourquoi l’adage « nul n’est censé ignorer la loi » devient inquiétant en matière fiscale, car aucun contribuable ne peut raisonnablement être censé connaître toute la fiscalité.
I.6.3. Répercussion, neutralité et double imposition de l’impôt.
Il y a répercussion, lorsque celui qui paie l’impôt n’en supporte pas la charge.
Ainsi, le commerçant qui verse l’impôt, l’incorpore immédiatement dans son prix de vente, le faisant supporter de cette manière par ses clients.
Le contribuable peut subir passivement l’impôt mais aussi il peut chercher des possibilités de centralités en se forçant de transférer la charge fiscale sur l’autre participant au processus de transaction ;
Quant à la neutralité de l’impôt, on parle de la neutralité fiscale, c’est lorsqu’en prélevant l’impôt sur les revenus ou sur la fortune, on laisse sans modifier la situation économique de l’assujetti.
L’impôt neutre est celui qui, prélevé sur les revenus et le cas échéant, sur la fortune, laisse sans modifier la situation économique et la situation comparative des individus membres de la collectivité. Ainsi, après le paiement de l’impôt, chacun aura moins, mais par rapport à son voisin, il aura conservé la même possibilité matérielle.
Par ailleurs, il y a ce qu’on appelle double imposition :
Il y a double imposition, lorsqu’une même matière imposable (revenus, bien, …) est assujettie deux ou plusieurs fois à des impôts identiques ou similaires au nom d’un même contribuable ou des contribuables différents[9].
Les conséquences de l’évasion fiscale sont :
[1]Prof MUHINDUKA, cité par VANLIERDE, Notion de législation sociale, des finances publiques, et de Droit fiscal, éd.CPR, Kinshasa, 1983, P71
[2]Idem
[3] Serge NDUSI MUBALAMA, Impact de l‘IF sur le développement du Sud-Kivu : cas de la ville de Bukavu, mémoire écopub UOB, inédit, 2007, p34
[4] MEHL. L, sciences et techniques fiscales, édit. Ouvrière, Paris, 1959, p65
[5]Sylie BAHATI K., problématique du recouvrement de l’IRL à la DPI/N-K, TFC-ISG, inédit, 2003-2004, p8
[6] Henri LANFENBURGRE, Histoire de l’impôt, édit. Vanders ,bruxelles,1965,P.59
[7] VAN LIERDE, Notion de la législation sociale, finance publique et droit du travail, RP, Kinshasa, 1984, p60
[8] Grand LAROUSSE universel, tome 6, 1981.
[9]DUVERGER, cité par GUY GEST et Gilbert TIXIER, manuel du droit fiscal, I.G. D.I, 1986, P65.