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CHAP I : REVUE DE LA LITTERATURE

Ce chapitre traite des différents points sur la littérature relative à notre sujet, il fait intervenir un certain nombre de concepts que nous estimons nécessaires de clarifier en vue de permettre à nos lecteurs d'en saisir le contenu et de mieux comprendre les idées.

Sur ce, il va porter sur deux points à savoir l’analyse théorique d’une part et quelques travaux empiriques d’autre part.

1.1.           Approches théoriques

Il sera important ici d'épingler les notions autour des concepts clés qui font l’objet de notre travail. 

1.1.1.      Entrepreneur et l’entrepreneuriat

L’une des plus fondamentales critiques formulées à l’encontre de ce domaine de recherche en entrepreneuriat concerne la définition des concepts qui lui sont centraux, à savoir les notions d’« entrepreneur » et d’« entrepreneuriat » (Landström, 2005). En effet, dans un essai de définition du concept d’«entrepreneur », Gartner (1990) recense pas moins de 90 attributs associés à cette notion. Morris (1998), en analysant plus précisément les publications scientifiques consacrées au domaine de l’entrepreneuriat, a recensé 77 définitions différentes du concept d’entrepreneuriat. Par ailleurs, selon Per Davidson (2004), le point commun qui unit toutes ces définitions, et qui constitue de ce fait ‘le centre de gravité’ du domaine de recherche en entrepreneuriat, concerne le processus d’émergence. Ce point de vue est partagé par Brush et al. (2003) qui affirment que la notion de création est la caractéristique fondamentale de l’entrepreneuriat et des recherches qui lui sont consacrées.

Cependant, cette notion de création ou d’émergence n’a pas été explicitée de la même manière par les auteurs intéressés à l’entrepreneuriat. Selon l’école de pensée (courant ou paradigme) dans laquelle les auteurs s’inscrivent, la notion de création s’est articulée en terme de création de valeur, de création d’une nouvelle entreprise, d’une nouvelle organisation, d’un nouveau marché ou d’un nouveau produit ou service. Shane et Venkataraman affirment que ces formes de création concernent toutes le domaine de l’entrepreneuriat. Ils proposent de ce fait une vision plus « globale » de l’entrepreneuriat en inscrivant la création d’activités au cœur de ce domaine de recherche. Ainsi, la création d’une organisation, par exemple, ne serait qu’une forme de création d’activités, dont l’étude relèverait du domaine de l’entrepreneuriat, sans pour autant qu’elle puisse être considérée comme étant centrale à celui-ci.

En effet, Shane et Venkataraman affirment que le domaine de recherche en entrepreneuriat « ne requiert pas, mais peut inclure, la création de nouvelles organisations » (Shane etVenkataraman, 2000, P.219).

Par ailleurs, Shane et Venkataraman précisent que la création d’activités est le résultat d’un processus de découverte, d’exploration et d’exploitation d’une opportunité. Ils proposent de ce fait de se focaliser sur le processus plutôt que sur le résultat. Ils proposent également d’inscrire le concept d’opportunités au cœur de toute approche entrepreneuriale. Brush et al. (2003) adoptent également ces notions de processus, d’opportunité et de création d’activité comme étant des concepts centraux au champ de recherche en entrepreneuriat. Sur cette base, ils proposent une interprétation du domaine qui englobe les différentes déclinaisons de la notion de création

A.     Entrepreneur

Qui est entrepreneur ? Et qui ne l’est pas? Un entrepreneur est-il une personne différente du reste d'entre nous? Quels sont les traits de caractère qui le rendent lui ou son travail si dur sans une garantie de succès et sans la stabilité d'un emploi?

Apparemment beaucoup d'entre nous ont une idée de ce qu’est un entrepreneur. Interrogés sur quel type d'activité doit être considéré comme entrepreneurial, la plupart des étudiants sont intuitivement d'accord sur un ensemble de fonctionnalités qui caractérisent un projet entrepreneurial. Mais malheureusement, ces caractéristiques ne sont souvent pas convergentes. Un dénominateur commun est difficile à extraire. (Frank Boy, 2006).

Les différentes définitions qui ont été données au concept d’entrepreneur peuvent être, presque toujours, mises en perspective avec des mutations culturelles et/ou économiques qui ont traversé des pays et affecté le fonctionnement de leurs sociétés. Les changements politiques, écologiques, technologiques et démographiques ont poussé les entrepreneurs à prendre de nouvelles attitudes et aptitudes, plus conformes à la nature et à l’intensité des modifications et des évolutions apparues dans leur environnement. Au cours des derniers siècles, les mouvements de transformation successifs ont entraîné, selon Julien et Marchesnay (1996), l’apparition des différentes formes de capitalisme : "marchand", "libéral", "managérial" et "entrepreneurial".

A.1. De l'origine du concept

Il semblerait que le mot "entrepreneur", au même titre d'ailleurs que le mot "manager”, soit né en France, à la fin du XVIème siècle. Pendant le Moyen Âge français, le mot « entrepreneur » désignait une personne qui assume une tâche. Puis, il désignera un individu hardi, prompt à prendre des risques. Aux XVIe et XVIIe siècles, l’entrepreneur est un individu qui se livre à des activités spéculatives. Le terme ne désigne pas encore le manufacturier, ni le marchand ou le négociant, mais généralement une personne qui passe un contrat avec le Roi pour construire un bâtiment risques économiques, public ou assurer le ravitaillement des armées. (Alain FAYOLLE, 2003).

En bref, « l’entrepreneur était une personne qui entretenait une relation contractuelle avec le gouvernement pour un service ou la fourniture de marchandises »(. Furetière, 1960)

Savary, au XVIème siècle, assimile l’entrepreneur au "parfait négociant", en 1755, dans l’Encyclopédie, d’Alembert et Diderot définissent l’entrepreneur comme celui qui se charge d’un ouvrage et au XVIIIème siècle, Lepesant de Boisguilbert voit en lui un acteur essentiel du processus économique. À l’aube de la révolution industrielle, l’entrepreneur est un intermédiaire entre offre et demande, il est rarement un producteur. Il se singularise par son aptitude à prendre des risques. Puis, il devient, avec l’industrialisation, la pierre angulaire du développement économique. Il produit et innove, tout en continuant à accepter de prendre des risques.

Selon Verin (1982), quelle que soit l'époque considérée, l’activité de l'entrepreneur est assimilée à une action risquée. C’est en ce sens que dans la littérature économique ‘L’entrepreneur’ présente une multitude de facettes et combine des fonctions de capitaliste, innovateur, opportuniste ou encore de coordonnateur et organisateur de ressources (Laurent P., 1989). Dans une tentative de synthèse, nous reprenons la présentation que font de l’entrepreneur Julien et Marchesnay. Pour ces derniers, l’entrepreneur est doté de quatre caractéristiques principales (Julien et Marchesnay, 1988) L’entrepreneur, c’est celui qui sait imaginer du nouveau, qui a une grande confiance en soi, qui est enthousiaste et tenace, qui aime à résoudre les problèmes, qui aime diriger, qui combat la routine et refuse les contraintes. C’est celui qui crée une information intéressante ou non, d’un point de vue économique(en innovant au niveau du produit ou du territoire, du processus de production, du marketing…) ou qui anticipe cette information avant d’autres et différemment des autres personnes. C’est celui qui réunit et sait coordonner les ressources économiques pour donner à l’information qu’il détient sa traduction pratique et efficace sur un marché. Il le fait d’abord en fonction d’avantages personnels, tels que le prestige, l’ambition, l’indépendance, le jeu, le profit ou le pouvoir qu’il peut ainsi exercer sur lui-même et sur la situation économique.

A.2. L’entrepreneur chez les Mercantilistes

La pensée des mercantilistes qui s’exprime aux 16ème et 17ème siècles, alors que l’entreprise privée agricole, industrielle et commerciale connaît ses premiers développements. L’entreprise apparaît, aux yeux des mercantilistes, comme permettant un certain accroissement des richesses et, dès lors, prometteuse. Dans cette perspective, l’activité marchande est particulièrement valorisée, considérée comme activité supérieure, reconnue comme étant d’intérêt public, les intérêts des marchands se confondant avec ceux de la nation. Dans son traité d’économie politique publié en 1616, De Montchrétien a évoqué l’entrepreneur comme « un individu qui passe un contrat avec l’autorité publique pour assurer la réalisation de divers travaux ou d’une mission quelconque » (Boutillier, Uzunidis, 1999 : 23). L’entrepreneur-marchand, travaillant sous la protection du Prince, est l’une des figures saillantes de cette époque. Sur le plan des idées, le 16ème siècle est marqué par l’émergence de l’individualisme et de la notion de souveraineté de la personne par rapport à la collectivité. Le mercantilisme, en particulier, va jusqu’à considérer l’égoïsme comme institution régulatrice de la société. Idéologiquement, ce climat est plutôt favorable à l’actualisation de projets entrepreneuriaux individuels.

 Le mercantilisme contraste avec la condamnation du profit et de la cupidité, fréquente jusqu’alors, surtout au Moyen-âge. D’autres courants suivront cependant, qui attribueront à nouveau une valeur fortement négative à l’entrepreneur et à ses activités. Tel est le cas des physiocrates, qui fondent leur doctrine sur la connaissance et le respect des « lois naturelles » et donnent la prépondérance à l’agriculture. Pour les physiocrates, l’entrepreneur ne fait que superviser le travail d’autrui et appartient dès lors à la « classe stérile » ou « improductive » (QuesnayF., cité par Boutillier S. et Uzunidis D., 1995: 15).

A.3. L’entrepreneur chez les classiques

Les économistes classiques ne distinguent pas les entrepreneurs comme agents économiques spécifiques. Adam Smith séparait certes les fonctions de capitaliste de celles de manager les profits du capitalistes n'incluent pas les "salaires" que le manager perçoit au titre de son travail de direction et d'inspection. Pour autant, aucune distinction n'était faite entre le capitaliste apportant le capital de l'entreprise et l'entrepreneur : l'"undertaker" était supposé être le propriétaire de l'entreprise. De même, David Ricardo n'emploie pas le terme d'entrepreneur et n'entrevoit pas le rôle de l'homme d'affaires en tant qu'agent essentiel dans l'évolution du capitalisme.

Après les classiques, Karl Marx ne fait pas non plus d'analyse spécifique sur la fonction entrepreneuriale, alors qu'il met l'accent sur la pression constante qui pousse les capitalistes à innover (sans plus-value extra, ils périssent).

Un autre auteur à avoir proposé une analyse sérieuse du rôle de l'entrepreneur, contemporain de Marx, est Thünen (L'Etat isolé, 1850). Gains de l'entrepreneur = profits bruts – (intérêts+salaires management+prime d'assurance contre les risques de pertes calculables).

L'entrepreneur touche un revenu en contrepartie des risques qu'aucune compagnie d'assurance ne veut couvrir car ils sont imprévisibles. Pourquoi imprévisibles ? Car par définition la nouveauté crée une situation où il devient impossible de prédire les probabilités de pertes ou de gains. L'entrepreneur a donc légitimement droit à un revenu résiduel risqué et imprévisible.

A.4.  La vision néoclassique de « l’entrepreneur moyen » (Michelle, 2014)

La théorie néoclassique cherche l’explication des phénomènes économiques au niveau des comportements individuels guides par le principe de rationalité. C’est une démarche macroéconomique. Avec la contribution de Walras à la fin du 19e siècle, une conception globale de l'équilibre général a circonscrit la notion de l'entrepreneur néoclassique dans une approche de décideur de la fonction de production.

Dans un monde d'incertitude (entendu comme risque calculable), et comme les décisions de l'entrepreneur sont prises avec des informations de manière optimale mais imparfaite (Stigler, 1961), une théorie du profit a été ajoutée au modèle néoclassique de l'entreprise comme une fonction de production qui intègre un rôle entrepreneurial minimaliste.

Les entrepreneurs se distinguent des autres facteurs de production du fait de leur positionnement face au risque. Contrairement aux autres travailleurs qui ont une aversion pour le risque, les entrepreneurs assument les risques associés à la production (Blaug, 1996, p.444).

Dans les modèles évolués de la tradition néoclassique, comme le modèle d'équilibre général de la formation de l'entreprise de (Kihlstrom&Laffont, 1979, p. 720), les entrepreneurs contribuent via leurs compétences managériales et organisationnelles à une ''capacité entrepreneuriale''.

Quelles que soient les nuances apportées au modèle de la fin du 20ème siècle, on ne peut échapper à la formulation de Baumol W. J. (1968, p. 68) observation originale selon laquelle les entrepreneurs néoclassiques sont '' des automates maximiseurs'' ‘‘automatonmaximizers’’ et automates de la maximisation ils sont restés.

A.5. L’entrepreneur  selon Richard Cantillon

Dans sa publication "Essai sur la Nature du Commerce en général» le banquier Irlandais Richard Cantillon (1680 - 1734) fut le premier à donner un sens économique à la notion de l' «entrepreneur». Cette personne est considérée comme le père de l’entrepreneuriat moderne.

Cantillon voit l'entrepreneur comme " le moins porteur de risque des grandes aventures d’un business" et fait une distinction théorique entre les entrepreneurs prenant des risques qui font face à une rentabilité incertaine et ceux qui travaillent de l'autre côté pour un revenu déterminé. Il inclut les agriculteurs, les artisans indépendants, les commerçants et les industriels dans la profession des entrepreneurs porteurs de risques.

Ces entrepreneurs achètent des matériaux à un prix certain à l'heure actuelle et le vendent plus tard, à un prix incertain. (Cantillon 1755, p 51).A la poursuite du profit, l'entrepreneur doit prendre des risques comme il fait face à la l'incertitude du marché.

Soulignons que l’activité secondaire de Cantillon était comme un marchand de vin, ce qui sans aucun doute l’a aidé à comprendre l'entrepreneuriat, la prise de risque, les intérêts et les prix. (Cantillon 1755)

Le terme « entrepreneur » visait donc pour cet auteur, toute personne qui prend le risque de mener une affaire commerciale à son propre compte, les échanges étant effectués dans un but de profit. Cantillon établit un lien entre entrepreneur, risque et incertitude, sans toutefois distinguer ces deux dernières notions, comme le fera plus tard Knight F. (1921). La prise de risque par l’entrepreneur tient au fait qu’il s’engage vis -à-vis d’un tiers de façon ferme, alors qu’il n’a pas de garantie de ce qu’il peut en attendre.

En conséquence, l'entrepreneur peut être défini à tout moment par sa fonction : prévision des risques (Laurent, 1989) et affrontement de l'incertain (Le Van-Lemesle, 1988). Le profit serait alors la juste rémunération d'une activité aussi risquée. Cantillon met ainsi l'accent sur la fonction et non sur la personnalité de l'entrepreneur (Hébert, Link, 1989), adoptant ainsi une position comportementale.

A.6. L’entrepreneur selon Jean-Baptiste Say

La reconnaissance du rôle prépondérant de l’entrepreneur dans le processus économique est due à J.B. Say (1803), économiste français, selon qui «l’entrepreneur déplace les ressources économiques d’un niveau de productivité et de rendement donné vers un niveau supérieur » (cité par Drucker, 1985 : 45). L’entrepreneur combine et organise les facteurs de la production pour créer une utilité nouvelle. Il est bien l’agent principal de la production. Il met en œuvre les facteurs de la production, leur donne une impulsion utile pour en tirer de la valeur. Il organise, planifie la production, et en supporte tous les risques. J.B. Say prolonge les réflexions de Cantillon en associant la personne de l’entrepreneur à la prise de risque. Les risques pris par l’entrepreneur de Say sont toutefois liés à la nouveauté qu’il introduit, alors que ceux auxquels s’expose l’entrepreneur de Cantillon sont liés aux aléas du marché.

Dans cette optique, l'entrepreneur d'industrie peut se définir comme "celui qui entreprend de créer pour son compte, à son profit et à ses risques, un produit quelconque" (Say, cité par Le Van-Lemesle, 1988), "celui qui réunit et combine les moyens de production" (Bruyat, 1993).

Cette mission d'harmoniser les trois facteurs de production que sont la terre, le travail et le capital, repose sur l'hypothèse que "le regroupement derrière les entrepreneurs" permet de dépasser les éventuels obstacles à une combinaison optimale de ces facteurs (Laurent, 1989). Le but premier de l'entrepreneur serait dès lors d'accroître la production, laissant la recherche du profit comme objectif annexe (Le Van-Lemesle, 1988).

Cette mission primordiale de l'entrepreneur dans l'économie est composée de différentes tâches : l'entrepreneur, administrateur de la production, est chargé de prévoir non seulement la production mais également son financement et sa rentabilité, d'organiser, de commander, de coordonner et de contrôler. De nombreux talents managériaux sont nécessaires pour être un entrepreneur qui réussit (Long, 1983). De plus, Say y associe des qualités de caractère qu'il juge indispensables : goût du risque, fermeté de caractère et de jugement (Le Van-Lemesle, 1988).

En résumé, Say élargit la définition de l'entrepreneur en y associant le concept de combinaison des facteurs de production (Stevenson, Roberts, Grousbeck, 1993). Il développe une conception plus industrielle, liée au processus de production et au risque qui en est issu (Laurent, 1989).

A.7. L’entrepreneur selon Alfred Marshall

Alfred Marshall (1842 - 1924) a reconnu la nécessité de l'entrepreneuriat pour fournir des produits et offrir innovation et progrès pour l'économie. Dans le traité «Principes de l’économie», publié pour la première fois en 1890, Marshall affirme qu'il y a fondamentalement quatre facteurs de production: terrain, travail, capital et organisation. L'organisation est le facteur de coordination, qui réunit les autres facteurs ensemble. Marshall croit que l'entrepreneuriat est l'élément moteur derrière l'organisation. En organisant de manière créative, les entrepreneurs créent de nouveaux produits ou améliorent la production des produits existants. Marshall 1994, p. 248-250

Marshall a reconnu que les entrepreneurs doivent avoir une compréhension approfondie de leurs marchés, leurs concurrences, leurs consommateurs et leurs propres entreprises, et ils doivent être des leaders naturels.

Au sein de l’entreprise, l’entrepreneur prend toute la responsabilité et exerce tout le contrôle. Il dirige la production, prend les risques, s'engage, coordonne entre capital et travail, et il est à la fois le gestionnaire et l'employeur. L’entrepreneur éveillé cherche toujours des opportunités, qui sont, les innovations, afin de minimiser les coûts pour un résultat donné.

Les entrepreneurs de Marshall doivent avoir la capacité de prévoir les variations de l'offre et la demande, et doivent être prêts à agir sur de telles prévisions risquées en l'absence d’informations complètes.

Marshall suggère que les compétences associées à l'entrepreneuriat sont rares et limitées. Cependant, il ajoute que les gens peuvent apprendre à acquérir les capacités qui sont nécessaires pour être un entrepreneur.

A.8. Les explications de l’école autrichienne du comportement entrepreneurial

Avec l’école de pensée autrichienne la vision de l’économie évolue. Il n’est plus question de répondre à un modèle d’équilibre général dont les acteurs auraient des profils représentatifs.Depuis von Mises (1949) et les extensions ultérieures de Kirzner (1973, 1979, 1997), les explications modernes de l’école autrichienne se sont fortement différenciées de l'approche néoclassique.

Initialement, von Mises (1949, p. 253) a émis la proposition selon laquelle les entrepreneurs ne font pas partie d'une classe homogène et l'action entrepreneuriale est une potentialité omniprésente pour tous les participants du marché.

En ce sens, c'est l'acte entrepreneurial qui est distinctif. Aussi, le processus de marché est dit        « porté par des entrepreneurs» attentifs à l’identification d’opportunités de gains non exploitées. Leur vigilance « se réfère à une attitude de réceptivité » ou à une capacité à reconnaître des opportunités négligées, mais toutefois existantes. Cette vigilance de l’entrepreneur intègre implicitement une propension a coordonné les ressources utilisées dans le processus de marché (Kirzner, 1997, p.72).

Mathieu Mucherie (Mucherie, 2008, p. 178) souligne que l’école autrichienne place l’entrepreneur au cœur du processus de marche. L’entrepreneur est en chair et en os et non un homme idéal ou une notion statistique de l’homme moyen. Elle accorde une place à des réalités entrepreneuriales telles que l’erreur, l’apprentissage, la communication.

A.9. L’entrepreneur selon Joseph A Schumpeter

Schumpeter situe l'entrepreneur dans une problématique de dynamique économique où la règle est le changement (Laurent, 1989). L'entrepreneur de Schumpeter est "celui qui introduit et conduit l'innovation" (Bruyat, 1993), celui qui crée une combinaison des facteurs de production de manière à innover au sein du processus de développement économique.

Dans l'optique schumpetérienne, le processus d'innovation est l'essence même du développement économique (Hébert, Link, 1991). Cette innovation doit être comprise au sens large. Il peut s'agir de la fabrication d'un bien nouveau, de l'introduction d'une méthode de production nouvelle, de la conquête d'un nouveau débouché, de la conquête d'une source nouvelle de matières premières ou encore de la réalisation d'une nouvelle organisation de la production (Laurent, 1989; Stevenson, Roberts, Grousbeck, 1993).

L'innovation par l'entrepreneur, soutient Schumpeter, a conduit à des éclats de «destruction créative» comme les innovations ont fait que des inventaires anciens, des idées, des technologies, des compétences, et des équipements, deviennent obsolètes. Cette destruction créative, selon lui, a causé un progrès continu et a amélioré les conditions de vie pour chacun. La notion de destruction créative, que Schumpeter considère comme la force conductrice des activités entrepreneuriales, suit la règle «de la meilleure idée est l'ennemi de la bonne idée ». En introduisant un meilleur produit ou service, l'entrepreneur provoque la fin des solutions existantes, et très souvent largement acceptée.

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